Contexte historique et politique
C'est l'empereur Yongle qui décida de la construction d'un palais impérial à Pékin, il prit cette décision suite au
déplacement de sa capitale dans sa ville, la capitale précédente étant Nanjing. Yongle était le 4 fils de l'empereur
Zhu Yuanzhang, le 2e de la lignée des Mings. Il n'était donc pas destiné à régner, mais les aléas de l'histoire ont provoqué la mort du premier
fils, le nouvel empereur devant être, selon les règles établies en Chine à cette époque, son premier petit-fils. Mais alors qu'il allait monter
sur le trône son oncle Yongle prit le pouvoir par la force et se fit sacrer empereur à sa place.
Or dans le monde chinois, la légitimité de l'empereur est une chose essentielle. Yongle passera d'ailleurs sa vie à légitimer son poste,
multipliant les constructions censées être bénéfiques à son peuple pour s'en attirer la bonne grace. L'une de ces premières actions sera de
déplacer sa capitale de Nanjing à Pékin, ancienne capitale de la dynastie mongole des Yuans ayant soumis les chinois pendant un siècle et donc
à priori peu encline à devenir capitale chinoise, mais c'est pourtant ce qu'il fit. Le but était de se rapprocher de l'ennemi, puisque les
mongoles, qui avaient toujours des véléités sur la Chine, étaient au Nord. De plus Nanjing était une ville mal protégée, et surtout pleine de
personnes soumises au petit-fils de l'empereur dont il y a ravi la place.
Arrivé à Pékin il fit ériger un rempart solide autour de la ville et lança la construction de son nouveau palais : La future cité interdite.
La construction
La construction de la cité interdite ne prit que 14 ans, ce qui fut relativement rapide pour autant de travail. Elle commenca en 1406 et
s'acheva en 1420.
Le premier travail fut d'araser le terrain et de creuser les fondations. La terre extraite de ces travaux fut entassée au Nord du complexe,
à peu de distance. Elle finit par former une colline conséquente que l'on appelle de nos jours "La colline au charbon", à cause de sa couleur
sombre.
La construction des épaisses murailles alla de paire avec celle des pavillons, qui avançèrent ensemble. Il y eu un grand travail pénible et
régulier pour monter les remparts, et un autre de précision et de méticulosité pour les pavillons. Le résultat laisse deviner la qualité
d'exécution des travaux à cette époque, époque qui ne disposait pas de matériels de construction puissants.
En 1420 l'un des principaux travaux fut l'édification de la lourde porte du Midi, la principale
porte d'accès à la cité interdite.
En savoir plus sur la construction de la cité interdite.
La dynastie Qing
Suite à la révolte dans tout le pays, une nouvelle dynastie s'installa en Chine, les Qing. Ils étaient d'origine
mandchous. Commence alors une nouvelle période pour la cité interdite.
En 1726 l'empereur déplace sa résidence au palais de la formation du coeur. En 1731, il fait construire le pavillon de l'abstinence. Juste
avant le début du XIXe siècle, en 1798, le palais de la pureté céleste est transformé, il prend la forme que nous lui connaissons de nos jours.
A la fin du XVIIIe siècle le roi d'Angleterre Georges III envoya une mission destinée à améliorer les relations entre son pays et la Chine.
On était alors sous l'empereur Qianlong, à cette époque. Le problème qui se présenta c'est que dans l'imaginaire chinois l'Empereur est au
centre de toutes choses, les autres peuples dépendent donc de l'Empereur. Bien sûr l'ambassadeur d'Angleterre, Lord Macartney, refusa de suivre
les rituels de soumission qui lui fut imposé et la mission échoua donc. Une seconde tentative fut faite en 1816 par l'ambassadeur Lord Amherst
mais elle se solda par le même résultat. Les texte ancien nous apprennent que l'empereur aurait alors écrit à Georges III pour lui dire :
Si vous acceptez loyalement notre souveraineté et vous montrez soumis, il n'est pas nécessaire d'envoyer une mission à
notre Cour chaque année pour prouver que vous êtes véritablement notre vassal.
En 1860 Pékin est occupé par les forces françaises et anglaises, leurs armées organisent le pillage de la cité interdite. Puis, en 1900, soit
un siècle plus tard, la révolte des boxers provoquent une guerre entre nationalistes chinois et forces d'occupation. La ville de Pékin est
alors incendiée.
Ce n'est qu'en 1949 que Pékin redevient, pour la dernière fois, la capitale de la Chine.
Les rénovations
Durant l'histoire de la cité interdite il y eut quelques rénovations, mais rien de vraiment important comme travaux. Les plus importants
furent plus des réparations car comme le complexe est en bois, il était assez soumis aux incendies qui éclataient de façon régulière.
La plus grande rénovation eut lieu en 1436, soit plus d'un siècle après sa construction. Cette année là un nouvel empereur monta sur le
trône, Zhengtong (1436-1449). Mais il n'avait que 8 ans, aussi c'est son conseiller qui dirigea l'empire, le temps qu'arrive sa maturité.
Il s'agissait de l'eunuque Wang Zhen, qui fit lancer des travaux de renforcement des défenses de la ville ainsi
que d'autres sur la Grande Muraille. Sur la cité interdite il fit ajouter des tours d'archers, des portes des tours et des vannes de
contrôle du débit des eaux dans les fossés et dans la rivière traversant la Cité Interdite. Ca n'a l'air de rien mais la capacité de
contrôle du niveau de l'eau à permis de toujours avoir sous la main un réservoir d'eau en cas d'incendie, ce qui était fréquent.
Wang Zhen fit aussi refaire les ponts qui traversent la rivière des eaux d'or, il les fit faire en pierre au lieu du bois, comme c'était
avant.
Les attaques contre la cité interdite furent également des sources de destruction. Ainsi en 1458 les officiers mongols de l'armée
chinoise provoquèrent un coup d'état et incendièrent les portes de la cité, mais sans parvenir à y entrer à cause de fortes pluies qui
s'abatirent à se moment sur la ville. Il fallut alors reconstruire l'entrée partiellement détruite.
Durant le long règne de Qianlong (1735-1799) l'empereur fit faire de grands travaux dans la cité impériale. Il créa un véritable palais
indépendant du reste de la cité, à l'angle Nord-Est, une série d'édifice de 400m de long sur 200 dans lequel il fit construire un palais,
des bâtiments annexes, et un jardin. Ce furent les plus gros travaux effectués sur le complexe, de tout temps.
L'époque récente
Au XXe siècle la dynastie s'éteint sous le règne du dernier empereur, Pu Yi. Ca s'est passé en 1912, une année durant laquelle une
armée de rebelles parvient à s'organiser pour prendre Pékin. Pu Yi quitta la Cité Interdite en 1924 qui sera ouvert au public dans la foulée,
sous le nom du Musée du Palais ("Gugong Bówùyuàn").
L'entretien
Oeuvre d'art classé à l'UNESCO depuis 1987, le palais impérial de Pékin est le plus grand ensemble architectural complet de Chine. C'est
aussi un ensemble en bois, forcément fragile. Beaucoup plus qu'il n'y parait.
L'entretien de la cité interdite est rigoureux et régulier. Il faut constamment contrôler la qualité du bâti qui s'abîme peu à peu,
surtout si les travaux courant d'entretien sont mal faits. La peinture est régulièrement refaite sur les parties les plus abîmées.
En ce qui concerne la transformation de la cité interdite en site de visite, il faut noter que les autorités en charge de sa préservation
ont limité la commercialisation à outrance d'objets touristiques. Bien sûr elle existe, comme dans tous les sites touristiques du monde, mais
ici elle a été limitée volontairement afin de ne pas gâcher l'ensemble architectural. L'exemple le plus notable est l'ouverture d'un café
"Starbuck" en 2000 qui fut obligé de fermer ses portes en 2007 afin de limiter l'impact visuel de la marchandisation locale.
Le palais vu par un Européen
En 1777 fut publié un ouvrage, les "Mémoires concernant les Chinois". Ecrit par un missionnaire anonyme il décrit la cité interdite en
ces termes :
Les palais de l'empereur sont de véritables palais et témoignent de la grandeur du seigneur qui les habite par l'immensité, la symétrie,
l'élévation, la régularité, la splendeur et la magnificence des innombrables édifices qui les composent. Le Louvre tiendrait largement dans
une des cours du palais de Pékin, et l'on en compte un bon nombre à partir de la première entrée jusqu'à l'appartement plus secret de l'empereur,
sans parler des édifices latéraux. Tous les missionnaires que nous avons vu arriver d'Europe ont été frappés par l'air de grandeur, de richesse
et de puissance du palais de Pékin. Tous ont confessé que si les diverses parties qui le composent n'enchantent pas la vue, comme les plus beaux
exemples de la grande architecture européenne, leur ensemble constitue un spectacle auquel rien de ce qu'ils avaient vu auparavant ne les avait
préparés. Ce palais mesure 236 toises et 2 pieds d'est en ouest, et 236 toises et 9 pieds du nord au sud. A quoi il faut ajouter les trois cours
antérieures, qui, bien qu'entourées d'édifices plus grands que les autres, ne sont pas comprises dans ces mesures. Ces milliers de toises [NOTE :
la toise chinoise équivaut à dix pieds], toutes occupées ou entourées par des tours, des galeries, des portiques, des salles et des édifices
importants, produisent d'autant plus d'effet que les formes sont très variées, les proportions plus simples, les plans plus assortis et que
l'ensemble tend vers le même but : tout, en effet, devient plus beau à mesure que l'on approche de la salle du
trône et des appartements de l'empereur.
Les cours latérales ne peuvent être comparées aux cours centrales, ni les premières de celles-ci à celles qui se trouvent plus en retrait.
Il en va de même pour tout le reste. Les dernières cours, qui ne sont ni en porcelaine ni dorées comme dans les contes, mais revêtues d'une majolique
assez grossière, émaillée en jaune d'or et chargée d'ornements en relief, surpassent toutes les autres par leurs corniches et leurs angles en arête
largement décorés. Nous ne dirons rien des couleurs d'or et des vernis qui confèrent une telle splendeur aux grands édifices, de peur de donner
l'impression d'une tabatière ou d'une bonbonnière... Il faudrait des volumes entiers pour décrire dans leur totalité les palais que l'empereur
possède à Pékin, dans ses environs, dans les provinces et au-delà de la Grande Muraille. Mais comme certaines imaginations s'enflamment facilement
et font un incendie d'une seule étincelle, nous leur dirons tout de suite que, bien que la politique les ait voulus pour soutenir la majesté et
donner une idée de la puissance d'un des plus grands princes de la terre, elle a pris soin de les faire tous plus petits, moins magnifiques, moins
ornés que celui de Pékin