La télégraphie optique, c'est tout simplement un système permettant d'envoyer des messages par signaux lumineux à longue distance. Cette technologie sera remplacé par la télégraphie radiophonique, à savoir que les signaux passeront, plus tard, par les ondes radios au lieu d'un signal optique. C'est la radiographie qui a sauvé la tour Eiffel, l'armée y voyant un intérêt certain, et pour qu'elle ai pu avoir lieu, il a fallu que la télégraphie optique soit essayé, par l'armée également, quelques années plus tôt.
Nous sommes donc à la fin du XIXe siècle, les technologies radios sont encore balbutiantes, inenvisageables d'un point de vue pratique. L'armée tente des expériences de télégraphies optiques.
Quand on connait la visibilité en haut de la tour Eiffel on se doute bien de l'importance qu'elle peut revêtir au point de vue de la défense nationale, comme observatoire de télégraphie optique, soit diurne, soit nocturne à l'aide des projecteurs Mangin. Aussi, le service compétent du Ministère de la Guerre a-t-il dû, en prévision de cet emploi, déterminer expérimentalement un certain nombre de points situés sur la périphérie extrême, avec lesquels il y avait possibilité d'échanger des signaux. Bien entendu, ces points parfaitement précisés sont connus de ce service seul. Si ces communications avec des points éloignés avaient existé pendant l'investissement de Paris en 1870, on se rend parfaitement compte quels incalculables services elles auraient rendu à la défense.
Sans entrer dans aucun détail à ce sujet, nous pouvons cependant donner quelques indications au point de vue de la défense du camp retranché de Paris, d'après une note que nous a remise le lieutenant-colonel d'artillerie en retraite, M. d'Esclaibes, auteur de la carte de visibilité reproduite sur la page visibilité en haut de la tour Eiffel.
« Au point de vue des relations avec la province en cas d'investissement, on peut communiquer soit directement, soit par un seul relai judicieusement choisi à l'avance, avec Beauvais, Soissons, Provins, Fontainebleau, Chartres et même Rouen.
Comme communication des nouveaux forts entre eux et avec Paris, en supposant coupées les lignes télégraphiques ou téléphoniques qui les réunissent, la Tour peut servir de relai commun, sauf à établir au centre de quelques-uns d'entre eux une légère tourelle de hauteur très restreinte.
La Tour peut donc rendre au point de vue de la télégraphie optique militaire d'inappréciables services et contribuer pour une grande part à assurer la défense du camp retranché de Paris. »
C'est en vue de cette éventualité qu'il a été stipulé, à la convention originelle avec l'État, qu'en cas de guerre, le Ministère de la Guerre prenait immédiatement possession de la Tour et de tous ses organes mécaniques, ainsi que de tous les appareils d'éclairage électrique qui en dépendent.
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