Le Colisée est le principal amphithéâtre du monde romain, c'est le plus grand, et le plus symbolique aussi. Construit à partir de 70 après JC (peut-être 72), il fut inauguré 10 ans plus tard seulement. Très rapidement de lourds travaux d'améliorations furent faits, mais une fois terminé il ne fut plus modifié en profondeur. Par contre, il subit tout au long de son histoire de nombreuses restaurations ou travaux de réparation car très régulièrement il a été endommagé par des incendies ou des tremblements de terre.
Finalement très peu de dégradations ont été faites par la main de l'homme, la plupart des dégâts venaient de catastrophes naturelles.
Le Colisée
C'est un vrai exploit que de trouver le Colisée dans son état de conservation actuel quand on voit son douloureux passé. Détruit complètement durant l'antiquité il fut reconstruit à l'identique au moins une fois, mais tout les 20 ans une catastrophe naturelle l'endommageait sérieusement, et ça jusqu'au XIVe siècle, l'époque des grands tremblements de terre qui secouèrent l'Europe.
Développement de Rome et situation du terrain du Colisée
Si l'on regarde une carte du relief de la région romaine, on contaste qu'il s'agit d'une région fluviale, le Tibre passe au milieu d'une vallée assez plate. Il est alimenté régulièrement par des cours d'eau qui descendent des collines alentours. Au niveau de l'une des anses, là où se trouve une petite île, l'une des rivières a formé un petit lac qui rend la zone marécageuse.
Au VIIe siècle avant JC les étrusques vinrent s'installer aux bords du Tibre, sur ces collines. Ils construisirent une ville qui devint rapidement florissante. Le premier roi de Rome, Romulus, la fit fortifier. Ses successeurs développent ces fortifications, agrandissent la ville qui s s'étend entre le Tibre et le lac qui fut nommé 'palus Caprae', c'est à dire le 'marais des chèvres'. Il s'agissait probablement d'une zone dans laquelle était lâchée des chèvres d'élevage. Mais l'accroissement de la population va obliger les habitants à assécher le marécage puiqu'il était devenu trop proche des dernières habitations. La ville, au Ier siècle avant JC, occupait un terrain qui allait des bords du Tibre aux sommet des collines.
Les raisons de la construction du Colisée
Arrive le règne de Néron (54 à 68 après JC). Cet empereur fut connu pour sa cruauté (il fit assassiner sa mère et s'acharna sur les premiers chrétiens), mais aussi pour sa mégalomanie. En juillet 64 eut lieu un immense incendie qui ravagea Rome. Ce fut le point de départ de la construction du Colisée.
En fait, Néron profita de l'incendie pour déclarer une vaste zone du centre de Rome comme étant sa propriété. Il y fit raser les bâtiments existants et fit construire une vaste demeure, la Domus Aura, une sorte de palais auquel on ne pouvait accéder que si on y était invité. Il était entouré de grands jardins, il avait un arc de triomphe qui servait d'entrée et le fond de la vallée dans laquelle il était construit disposait d'une pièce d'eau rectangulaire et d'un portique. Sur cette zone, on y trouvait aussi de nombreux bâtiments individuels servant de maisons pour ses invités par exemple. Les historiens mettent l'accent sur le luxe du palais et de ses abords, mais aussi sur la taille de la zone interdite : De 20 à 60 hectares, en fonction des personnes, ce qui fait, même pour l'estimation basse, un secteur immense pour être au centre de Rome.
Bien sûr, en faisant ça Néron se mit la population à dos. Il supprimait au peuple la jouissance du centre-ville qui était alors dévolu à l'empereur. Pas étonnant donc qu'à sa mort, son successeur Vespasien ordonna de redonner au peuple la domus et ses jardins.
Une des premières décisions en temps qu'empereur de Rome fut de détruire la Domus Aura, ses jardins et de construire sur l'emplacement du bassin rectangulaire le bâtiment public le plus populaire qui puisse exister dans l'Empire romain : un amphithéâtre. Mais pas n'importe lequel : Le plus grand, le plus beau amphithéâtre de tout l'Empire. Et c'est ce qui fut fait.
C'est ainsi que la construction du Colisée doit être vu comme un geste politique destiné à rendre à la population ce qui lui appartenait peu avant, de façon à assurer au nouvel empereur son soutien pour les décisions à venir. c'était d'autant plus important que Néron était le dernier empereur de la dynastie Julius, Vespasien le premier de la dynastie qui porte son nom. (Et qui ne comportera que 3 empereurs, lui et ses deux fils)
La construction
C'est en 71 après JC que commence les travaux. Ils durèrent 10 ans, le Colisée ayant été inauguré en 80 par le fils de Vespasien, Titus.
Les fondations
Si le choix du site fut essentiellement politique, il avait aussi un gros avantage : La vallée avait été asséchée il y a fort longtemps pour permettre l'extension de la ville, il y avait donc une canalisation importante qui la descendait, canalisation relativement profondément enfouie dans le sol, qui drainait de façon artificielle le secteur. Or, géologiquement, l'endroit où sera bâti le Colisée est une épaisse couche d'argile compact sur laquelle s'empile une couche de limon. Le bassin de Néron ne descendait pas jusqu'à la couche d'argile, donc l'un des premmiers travail à faire fut d'assécher ce bassin, puis à décaisser le limon jusqu'à atteindre la couche d'argile.
Une fois fait la couche d'argile a été creusé en forme d'anneau ovale avec deux encoches moins profondes, en bout de l'axe le plus long de l'ovale. Attention, les dimensions sont impressionnantes : L'anneau ovale des fondations fait 6m de profondeur sur 31m de largeur, le tout pour une distance de 530m de longueur ! Et encore, ça, c'est le trou des fondations. Tout autour de ce trou les romains firent monter un mur de briques de 3m de largeur sur 6m de hauteur, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'anneau. Puis, ils firent remplir l'anneau de couches de béton romain alterné avec des couches de pierres pour faire les fondations proprement dites : 31m de large sur 12m de haut (6 creusé, 6 au-dessus), sur une course de 530m, ça nous fait... 200 000m3 de fondation.
Le mur intérieur a été creusé de niches. Elles existent encore de nos jours, elles sont dans l'hypogée. Les fondations sont percées de 4 tunnels, dans les axes. Quand au niveau naturel du sol, il a été remonté suite à la construction du mur de 3m pour soutenir les fondations. Ce sont de grandes quantités de terre et de débris des bâtiments alentours qui ont servis de remblais.
Montage de la cavea
Sur les fondations, un sol en pierre de travertin a été posé. D'une épaisseur de 90cm ces pierres d'origine locale ont été disposées côte à côte jusqu'à recouvrir l'ensemble de l'ovale dessiné par les fondations. La pierre de travertin est commune dans la région de Rome, c'est une pierre dure sans excès, brune, qui se transporte sans trop de difficulté. Elle se taille relativement bien également. Il en existe de différentes sortes. L'une d'elle est plus résistante au feu, elle n'a pas été utilisée lors de la construction et mal en a pris ceux qui ont faits ce choix car le Colisée brûla quelques décennies plus tard, il fallut alors le reconstruire, et cette fois-ci c'est cette pierre résistante au feu qui a été utilisé. C'est elle que l'on voit encore, sur place.
une fois le sol fait, les constructeurs firent monter des piliers en pierre jusqu'au second étage, le plus haut au moment de la construction (le 3e étage sera construit ultérieurement). Les pierres des piliers étaient ajustées deux à deux et se terminaient par une voûte. En fait de piliers, il s'agissait plus de murs disposés en forme de rayon, donc selon un axe allant du centre de l'arène vers l'extérieur du bâtiment, perpendiculairement à la façade. Les murs étaient soudés au plancher. Oui, soudés. Pour faire ça, les constructeurs perçaient le sol d'un trou étroit et profond juste à l'emplacement du pilier, et ils perçaient de la même façon le bloc du bas, celui en contact avec le plancher. Une fois en place, il ne restait plus qu'à couler dans le trou du fer fondu. Une fois durci, les deux blocs étaient indissociables. Astucieux.
La hauteur des piliers dépendaient de leurs positions par rapport aux bancs qu'ils étaient sensés supporter. Ainsi ceux proche de l'arène étaient plus bas, ceux proches de la façade montaient jusqu'au second étage. Une fois le squelette terminé il a fallu créer une série de voûte rayonnante vers le centre de l'arène, en dégradé. Ce sont ces voûtes qui supportaient les pierres servant de sol à la cavea. Ou, pour avoir une autre vision, elles servaient de toit à la structure complète et c'est sur ce toit qu'ont été installés les bancs pour les spectateurs.
Matériaux et techniques
Les matériaux utilisés étaient variés, c'est justement cette variété qui a assuré sa solidité à l'ensemble, chaque type de pierre résistant à une charge différente, elles pouvaient se transmettre cette charge en en absorbant une partie. Si les piliers principaux sont en travertin, les murs rayonnant sont en briques ou en tuf, et les voûtes en béton romain. Certaines pièces sont en marbre, mais ce matériau est essentiellement utilisé pour la décoration. Beaucoup de ces pierres étaient des réemplois, c'est à dire qu'elles provenaient de bâtiments ayant été détruits précédemment. Pour la construction on se contentait donc de retailler les faces en contact avec les autres pierres ainsi que la face visible de l'extérieur. La face intérieure, elle, était rarement touchée, probablement pour gagner du temps.
Au moment de la construction plusieurs voûtes ne furent fabriquées qu'à la fin de la construction. Elles formaient des ouvertures par lequelles les ouvriers pouvaient monter les charges sur des plates-formes en bois. Parmi les différentes techniques de construction utilisées il y a l'agrafe métallique. Pour s'assurer que deux blocs contigüs ne bougent pas on les perçait de deux trous et on y fixait une agrafe en fer pour les solidariser. Il y en avait énormément, sur la quasi-totalité des blocs. Mais durant le Moyen-âge ces agrafes furent récupérées et fondues, c'est pourquoi de nos jours on peut constater que le Colisée est plein de trous : Ce sont les emplacements de ces agrafes.
D'un point de vue pratique le chantier du Colisée se déroulait en plusieurs points. Pendant qu'on montait les murs les plus hauts les ouvriers des murs les plus bas avaient déjà commencés leurs travail. Certains faisaient les sols et posaient les bancs pendant que d'autres coulaient encore les voûtes de points plus élevés. Plusieurs équipes y travaillaient donc, surtout que chaque quarts de l'amphithéâtre était géré indépendamment des autres.
Histoire du Colisée durant l'antiquité
L'inauguration
Si l'empereur Vespasien est à l'origine de la construction du Colisée de Rome, c'est son fils Titus qui l'inaugurera en 80 après JC, Vespasien étant mort entre-temps, en 79. Mais le Colisée n'était pas terminé au moment de son inauguration, mais il était dans un état complet correspondant - semble t-il - aux plans initiaux prévus.
La cérémonie d'inauguration fut grandiose, et les festivités durèrent cent jours, ce qui est un record en la matière. Pendant ces cent jours le monument accueillit des spectacles divers, sans discontinuer. Titus ne régna pas longtemps, il décéda en 81 et c'est son frère Domitienqui monta sur le trône.
L'achèvement des travaux
Par rapport au monument que l'on connait de nos jours, celui de l'inauguration se distingue par l'absence du 3e étage et la présence de l'hypogée, c'est à dire de toute la zone souterraine, sous l'arène. Si le 3e étage apparaîtra ultérieurement, l'hypogée fut construite 10 ans à peine après l'inauguration du Colisée. Avant, l'arène de bois était soutenue par des piliers en bois fichés dans les souterrains, ce qui permettait, en inondant les souterrains, de faire monter l'eau dans l'arène pour faire des naumachies (Reconstitutions de batailles navales).
Vers 90 après JC Domitien fit donc faire des travaux d'importance en retirant l'arène et en faisant creuser l'hypogée. Ce fut la première phase de sa construction, elle consista simplement à creuser une sorte de cave sous l'arène. Des piliers en briques furent construits pour soutenir l'arène, juste au-dessus. Plus tard une seconde phase de travaux renforcera les piliers, puis, encore plus tard, une troisième phase. Enfin c'est durant une quatrième phase de travaux de l'hypogée que seront construits les murs en briques qui existent de nos jours. Ces murs servaient à créer des couloirs et des pièces pour le stockage des éléments de décors, pour l'enfermement des animaux sauvages, pour l'échauffement des gladiateurs, etc. Il y avait aussi des systèmes mécaniques permettant de monter des personnes ou objets dans l'arène, directement des sous-sols : Des ascenseurs. Et oui.
Les premières réfections
Quasiment dès sa construction le Colisée fut réparé. En effet, bien qu'il soit essentiellement en pierre de nombreux éléments de son architecture étaient en bois et en métal, donc sujets aux incendies. Or les incendies, ce sont les principales catastrophes qui eurent lieu dans la ville durant l'antiquité. Pendant quelques centaines d'années, à peu près jusqu'au Ve siècle, le Colisée a fait l'objet de plusieurs incendies mais aussi de tremblements de terre, provoquant régulièrement soit qu'il soit réparé, soit qu'il soit reconstruit. Quand on parle de reconstruire le Colisée on parle de refaire une partie de la superstructure, de recosntruire l'hypogée (les salles sous l'arène) et l'arène elle-même, c'était donc de vrais travaux complexes qui pouvaient durer plusieurs dizaines d'années. C'est ce qui est passé lorsqu'il fut atteint par la foudre en 217. Il fut réouvert en 222 mais les travaux furent achevés en 240 seulement.
En savoir plus sur les réparations du Colisée.
L'antiquité supérieure
Le Colisée fut utilisé jusqu'au VIe siècle comme salle de spectacle. Il était particulièrement occupé, avec un spectacle tout les 2/3 jours à peu près, le rythme était donc assez élevé.
Sous Philippus eurent lieu les fêtes du millénaire de Rome, en 248, elles furent particulièrement impressionnantes. On mit à mort dans l'arène une grande quantité d'animaux exotiques rapportés par son prédécesseur Gordien lors de sa guerre contre les perses.
Pendant les premiers siècles le Colisée est utilisé aussi pour tuer des chrétiens, ainsi a t-on trace de la mort des Saints Abdon et Sennen qui y furent assassinés. Si la persécution des chrétiens est un fait historiques dans la Rome antique, il s'agit d'une période de l'histoire qui n'est pas si longue que ça grace à la rapide expansion de la religion chrétienne dans l'Empire romain. A partir du début du IVe siècle cette religion parvient à influencer sur les décisions politiques de l'empereur. Ainsi les combats de gladiateurs, toujours très prisés de la population, furent modifiés pour les transformer plus en spectacle qu'en mise à mort. A cette époque les gladiateurs pouvaient plus facilement être protégés, y compris par l'empereur lui-même.
Au début du Ve siècle les empereurs Théodose et Gratien, des empires d'occident et d'orient, interdisent le paganisme et les rites païens qui en découlent. Les combats de gladiateurs sont interdits, le dernier aura lieu en 404. A partir de ce moment le Colisée n'est plus utilisé comme il l'était jusqu'à présent, il le restera encore mais il n'est plus le centre de l'activité de loisir des habitants mais devient une coquille vide en plein Rome.
Pendant le sac de Rome par les wisigoths, entre 408 et 410, les environs du Colisée seront utilisés comme cimetières, puisqu'il était impossible d'aller à l'extérieur de la ville pour enterrer les morts. Cette vocation se poursuivra jusqu'au VIe siècle, une période pendant laquelle le Colisée cesse d'être utilisé et devient réellement un cimetière.
En paralèlle durant le Ve siècle la région méditérannéeenne subit de nombreux tremblements de terre qui endommagèrent à intervalle régulier le bâtiment. Il fut toutefois réparé à chaque fois comme le prouve les différentes pierres gravées annonçant la fin des travaux.
La fin de l'utilisation du Colisée
La dernière utilisation du Colisée en tant que lieu de spectacle populaire se déroula en 523. Il y avait trois raisons à son abandon :
- La principale est le manque d'argent. En effet, après la séparation des deux empires (d'Orient et d'Occident) Rome s'affaiblit considérablement. L'Empire n'a plus la puissance d'autrefois ni la capacité à maintenir une frontière stable ni d'organiser la sécurité à l'intérieur de ces frontières. L'argent vient à manquer et le peuple ne pouvait pas concevoir que l'on poursuive l'organisation de grandes fêtes populaires à Rome alors que la vie devenait de plus en plus difficile, dans les provinces mais aussi dans la ville.
- Le seconde raison est l'invasion régulière de l'Italie. Alors qu'autrefois l'Empire était solide, la ville fut pillé à deux reprises durant le Ve siècle, par les Wisigoths et par les Vandales. L'état d'esprit général des romains était plus à la sécurisation de leurs biens qu'au profit des plaisirs que pouvait apporter la société dans laquelle ils vivaient.
- Enfin il faut savoir que les goûts des romains avaient aussi changés. Ils avaient besoin d'autres distractions que celles de leurs ancêtres, qu'ils devaient juger arriérés.
C'est donc naturellement que les grandioses spectacles du Colisée furent abandonnés.
Ve au XIe siècle : Dégradations volontaires et transformations
C'est dès le IVe siècle que le Colisée commença à être dégradé volontairement. Ca peut paraître étonnant vu qu'il servira encore pendant un siècle et qu'il fut réparé à plusieurs reprises, mais les réparations et les dégradations volontaires ne portaient pas sur les mêmes points.
En effet à partir du IVe siècle ce sont les lourds blocs de traversins qui furent petit à petit démontés pour soit en faire des blocs de construction, soit les réduire en poudre et les calciner pour en faire de la chaux. C'est ainsi qu'une partie de la superstructure disparut.
En parallèle ces hauts murs étaient l'idéal pour se protéger des intrus. Du coup on construisit à l'intérieur du Colisée plusieurs maisons d'habitation à l'intérieur, formant une sorte de petit village isolé. Il semble qu'il s'agissait d'une propriété d'un baron de la ville, une personne suffisament importante pour le réquisitionner sans en être contesté.
Le quartier changea aussi. Pendant les sièges des peuples barbares ses alentours, puis son intérieur accueillait un cimetière. Au Ve siècle les égouts n'étaient plus entretenus, les déchets commençèrent alors à s'accumuler. Urbanistiquement une route fut construite pour le relier à la colline Célio.
A partir du VIe siècle l'empire romain disparut. La population de Rome chuta, la ville devint une ville sans âme, sans activité. Elle se recentre sur les bords du Tibre. Le quartier du Colisée disparut, le monument restant un peu seul dans le paysage. Toutefois il était toujours habité, puisqu'à l'intérieur des maisons ont été construites et maintenues en état jusqu'au XIXe siècle. Ce devait probablement former un petit village isolé et autonome. Laissé dans la campagne la terre s'accumula dans la vallée où il avait été construit, ce qui monta le niveau du sol. On estime que ce niveau est monté d'un mètre 30 entre le Ve siècle et le IXe, puis a continué à monter jusqu'à masquer les arches du rez-de-chaussée.
Au IXe siècle il y eut deux autres tremblements de terre, mais nous ignorons les dégâts qu'ils ont pu occasioner.
Enfin on retrouve le Colisée en tant que propriété de l'Eglise, il est rattaché à l'église de Santa Maria Nova. Il existe encore de nos jours l'acte de vente du bâtiment. L'église y refit construire des maisons, formant un nouveau village qui se peupla si vite qu'il fallut construire des nouvelles maisons à l'extérieur, appuyées sur la façade. Au début du XIIIe siècle ce lieu avait atteint une grande popularité, la route menant à Rome, et donc au palais papal, passait par là.
Le Colisée à l'époque médiévale
Les XIIe et XIIIe siècle
A l'époque médiévale le Colisée commence par subir les assauts des Normands, en 1084. Ils pillèrent Rome qui ne put se redresser qu'à la forme de plusieurs familles seigneuriales qui entrèrent en guerre les unes contre les autres. Privée de pouvoir central la population ne pouvait que se protéger de toute personne portant des armes. L'une de ces familles, les Frangipane, récupéra le Colisée et en fit une place forte qu'elle partagea avec l'Eglise, une petite population vivant sur la partie occidentale de la cavea pendant que la famille Frangipane vivait sur la partie orientale.
En 1114 le peuple de Rome se révolta et chassa toutes les familles seigneuriales de la ville. Le Colisée fut récupéré et déclaré bien public, mais ce fut de courte durée puisqu'on retrouve la famille Frangipane comme occupante du Colisée dès 1159. En 1216 au autre famille seigneuriale tente de conquérir le Colisée, les Annibaldi. Le conflit dura jusqu'à la fin des années 1200, quand les Annibaldi parvinrent à faire fuir les Frangipane. Malheureusement pour eux en 1319 ils durent rendre le Colisée à l'Eglise.
En 1231 et en 1349 eurent lieu deux nouveaux tremblements de terre importants. Le second est bien connu dans toutes les régions du pourtour méditérannéen car il fut le plus grave, le plus meurtrier. De nombreux édifices se sont écroulés partout en Europe du Sud et en Afrique du Nord. Le Colisée perdit quelques arches de la façade côté Sud, des dégâts qui venaient s'ajouter à ceux subit par l'amphithéâtre en 1231 et qui avait vu s'effondrer des premiers arches, au Nord-Est.
Du coup le Colisée était entouré de pierres écroulées, inutilisées. Bien sûr à l'époque de telles pierres étaient enviées car elles permettaient la construction de bâtiments à mondre frais. L'Eglise, propriétaire du bâtiment, autorisa deux familles romaines à vendre les pierres, mais visiblement ce ne fut pas un succès commercial. Toujours est-il que le Colisée fut dégagé de ces pierres encombrantes durant les XIVe et XVe siècle. Le XIVe siècle est aussi marqué par le déménagement du palais papal à Avignon, en France. Par voie de conséquence Rome subit à nouveau un dépeuplement, qui atteignit le chiffre plancher de 17 000 habitants. La région ne fut plus sécurisée et le Colisée devint le repaire de bandits. En 1377 le pape revient à Rome. On confia à un ordre de citoyens romain la tache d'assainir la région du Colisée et le Colisée lui-même, tache dont elle s'acquitta avec succès. Du coup le bâtiment fut divisé en trois : Un tiers pour cet ordre citoyen, l'association religieuse Arciconfraternita del SS. Salvatore ad Sancta Sanctorum, un tiers au financier de l'Eglise et un tiers au Sénat romain, qui s'était reconstitué sur les bases du Sénat antique.
L'archiconfrérie obtint donc un tiers du bâtiment, mais il gagna aussi le droit de vente des pierres. Or au XVe siècle Rome devait se reconstruire, et ses pierres firent la richesse de cette archiconfrérie. Elle conserva ce droit pendant des siècles puisqu'on retrouve dans la documentation leur report daté de 1606. D'ailleurs au fil du temps on est passé du droit de réutiliser les pierres tombées au sol à celui de détruite la façade pour vendre ses pierres une à une. C'est là l'origine de la démolition de la façade du Colisée.
Les XVe et XVIe siècle
Le XVe siècle est aussi le siècle des toutes premières prises de conscience de l'intérêt historique et archéologique du Colisée. Appartenant partiellement à l'Eglise, le bâtiment est reconnu comme ayant été le lieu de martyr des premiers chrétiens. La confrérie Santissimo Salvatore ad Sancta Sanctorum y organise des spectacles religieux rappelant la passion du Christ, spectacles qui connaissent un grand succès. Pendant ce temps les premières fouilles archéologiques sont effectuées, mais bien sûr elles restent non seulement superficielles, mais surtout elles ne sont pas faites avec les mêmes attentions que ce qui sera fait durant le XXe siècle.
De la renaissance à nos jours
Les XVIe et XVIIe siècles
A la fin du XVIe siècle le pape Sixte demande à ce que l'on reconvertisse le Colisée en site industriel, une usine de filature devant voir le jour. Malheureusement son décès empécha ce projet d'exister, mais les plans avaient déjà été faits. C'est également à cette époque que l'on fit des modifications importantes à la chapelle Santa Maria della Pieta qui se trouvait toujours au centre de l'arène. Elle fut agrandit par l'adjonction de la maison d'un gardien, le bâtiment de la chapelle elle-même fut rénové.
Puis arriva le XVIIe siècle, qui fut plutôt funeste pour le Colisée puisqu'il fut à nouveau livré aux pillards, voleurs et brigands en tout genre. A nouveau endommagé, il ne fut reconquis religieusement qu'en 1700, année durant laquelle le pape Clément XI transforma le bâtiment en entrepot pour la production de poudre d'une usine proche. Il en profita pour faire installer une grande croix dans l'arène. Le chemin de croix du Colisée est une création de ce pape, en 1720. En 1743 le bâtiment est à nouveau restauré, et il y a même quelques arcades qui sont reconstruites, pour l'occasion. Mais c'est en 1749 que fut prise la plus grande décision pour la sauvegarde du Colisée : C'est Benoit XIV qui déclare le bâtiment "église publique" et fait interdire la récupération de ses pierres. Cet acte empêcha qu'il soit encore plus démoli, ce qui aurait abouti inexorablement à sa disparition.
Les XVIIIe et XIXe siècles
A la fin du XVIIIe siècle Napoléon Ier envahit l'Italie. Il conquiert Rome malgrè l'opposition des troupes pontificales et fait exiler le pape. Maître de la ville, il lui fait faire des plans de modernisation qui propose la création d'un centre archéologique de taille importante englobant le centre de Rome et dont le Colisée aurait fait parti, mais ce plan ne fut jamais mis à exécution. A cette époque le Colisée était encore un entrepôt poour une usine de pourdre à canon, et le bâtiment était dans un mauvais état évident, les conséquences de décennies pendant lesquelles il ne fut pas entretenu. Toutefois les Français décidèrent de reprendre le Colisée en main et organisèrent le retrait du matériel entreposé ainsi que le renforcement des arcades qui menaçaient de s'effondrer. C'est aussi au début du XIXe siècle que furent dessinés les premiers plans précis du monument. Il faut dire que de nombreuses fouilles furent exécutées à ce moment, fouilles faites dans le but d'étudier le monument de façon précise pour pouvoir le consolider sans risquer de le faire effondrer. Plusieurs projets de restauration virent le jour, mais aucun n'était vraiment satisfaisant, ce qui n'empécha pas les travaux de renforcement nécessaires. C'est d'ailleurs de cette époque que date le mur en brique qui termine la façade en pierre, ce fameux mur de brique qui étonne tant les visiteurs de nos jours.
Durant tout le XIXe siècle le Colisée est régulièrement réparé, reconstruit, rénové. Le sol est creusé pour retrouver son niveau initial, les arches sont dégagées, renforcés. L'hypogée est rétabi dans sa forme antique. Les ouvriers (ou prisonniers, car certains travaux étaient faits par des condamnés) découvrent régulièrement des nouveaux murs, des niches, des podiums, des restes de statues, etc. Toutes ces nouvelles découvertes impliquent de nouvelles études, de nouvelles restaurations. L'arène est dégagé vers la fin du siècle, à peu près en même temps que le retrait définitif du chemin de croix, un acte qui déclencha l'ire de l'Eglise, bien sûr. Au début du XXe siècle on alla jusqu'à reconstruire une partie des gradins, et on l'adapta pour la réception de foules.