A priori ce n'est pas un moment en pierre comme le Colisée qui semble avoir eu le plus besoin de réparations durant son histoire. Et pourtant, beaucoup d'éléments étaient en bois et en métal, deux matériaux très sensibles au feu. Or ce sont justement les incendies qui firent le plus de dégats à rome durant l'antiquité. Le Colisée a donc été souvent rénové, et certains empereurs laissèrent les traces de ces réparations dans les pierres que l'on peut voir encore de nos jours.
Le Colisée
Les incendies de l'antiquité
Le premier incendie qui eut lieu dans l'histoire du Colisée arriva durant le règne d'Antonin (86-161). Si le Colisée fut bien touché comme l'atteste le remplacement de quelques chapiteaux de colonnes, le bâtiment ne semble pas avoir entièrement brûlé. C'est hélas ce qui arriva en 217 lorsque la foudre atteint les étages supérieurs. Un incendie se déclara, il se propagea à l'arène (en bois), l'hypogée, et finalement tout le Colisée ne fut plus qu'une immense torche. Complètement détruit, sa carcasse fut rénovée complètement pendant les 5 ans suivants. Le bâtiment fut inauguré une seconde fois en 222 par l'empereur Sévère Alexandre, mais ce n'est pas pour autant qu'il était terminé puisque les réparations se poursuivirent jusqu'en 240.
Le règne de Gallien (218-268) est marqué par un tremblement de terre qui détruit une partie de Rome. Le Colisée est à nouveau abîmé, et à nouveau réparé.
Le dernier incendie que subit le bâtiment date de 320, mais ce n'est pas un incendie très grave puiqu'il parvient à être contenu avant qu'il ne dégénère.
Le sac de Rome
Entre 408 et 410 les wisigoths d'Alaric attaquent Rome et en font le siège. La ville finit par tomber, elle est mise à sac pendant 3 jours. A cette occasion le Colisée est dégradé sévèrement car les tuyaux de rejet des eaux sont obstrués, provoquant l'inondation de l'hypogée qui devient inutilisable. De plus un morceau de la partie supérieure du bâtiment s'effondre sur la cavea, provoquant d'importants dégâts qui seront réparés entre 417 et 423.
Les tremblements de terre
Si la région de Rome n'est pas spécialement sujette aux tremblements de terre, c'est toute l'Italie et même le pourtour méditérannéen qui subit régulièrement des tremblements de terre. Ceux-ci ont été particulièrement nombreux durant le Ve siècle. Puis, c'est au moyen-âge que la région subit les plus gros tremblements de terre, mettant à bas bon nombre d'édifices dans un peu tous les pays bordant la mer.
Durant le Ve siècle les tremblements furent d'intensité moindre, mais parfois suffisant pour endommager sérieusement le Colisée. Ce fut le cas des années 429, 443, 470 et 484. On connait ces dates par des sources documentaires bien sûr, mais aussi par la présence, sur le Colisée, de pierres gravées rappelant les réparations faites.
Après le VIe siècle le Colisée est abandonné, il est juste utilisé comme abri pour les paysans durant les siècles suivants. Des maisons, des étables y sont construits. Mais ce n'est pas pour autant qu'il fut à l'abri des tremblements de terre. Ceux de 801 et 847 causèrent à coup sûr des dégâts, mais nous n'avons pas de documentation à ce sujet.
Par contre le tremblement de terre de 1231 nous laissa des informations. Ce violent coup du sort fit éffondrer une partie du mur du côté
sud-ouest, ce qui fragilisa l'ensemble. Mais en 1349 eut lieu le "grand" tremblement de terre. Ce fut le plus important qu'ai connu le pourtour
méditérannéen depuis l'antiquité. Il fut ressenti dans les montagnes pyrénéennes, dans les plaines de l'Italie du Nord, dans les îles grecques,
bref un peu partout. Les conséquences furent désastreuses, de nombreux bâtimens furent complètement détruits. Toutes les forteresses eurent
des dégâts, les châteaux médiévaux des siècles passés furent en grande partie rasée, leurs structures n'avaient pas bénéficées des apports des
technologies modernes pour l'époque. Et même pour celles qui en bénéficiaient, les dégats furent importants. Le Colisée n'échappa pas à la
règle et c'est plusieurs arches côté Sud qui furent entièrement démolies.
Effets du feu sur le Colisée
De nos jours le Colisée est un bâtiment impressionnant, tout en pierre. Mais à l'époque de sa construction sa cavéa, c'est à dire sa structure en pierre, n'était qu'un matériau parmi d'autres. Le bois était très présent, bien plus que maintenant. Tout d'abord l'arène était en bois recouvert d'une couche épaisse de sable. Un violent incendie faisait tellement chauffer le sable qu'une simple poutre enflammée pouvait étendre le feu au plancher. Sous le plancher se trouvait l'hypogée, les couloirs et les salles dans lesquelles se trouvaient les gladiateurs, les animaux, le matériel à utiliser dans l'arène. Le bois étayait les couloirs, les salles et supportait l'arène. Un incendie faisait effondrer "les coulisses" du Colisée qui devenait alors inutilisable.
Les gradins n'étaient pas très riches en bois, mais ils étaient abrités du Soleil par de grandes toiles tenues par 240 mâts en bois sur lesquels coulissaient des cordes, pour la manipulation des toiles. Tout ça était très inflammable.
Mais le Colisée contenait aussi du fer, qui fondait rapidement lors d'un incendie. Si les tiges métalliques tenant les différents élément du décor disparaissaint ce n'était pas très grave, mais la fonte des agrafes étaient dramatique car elles désolidarisaient les blocs de pierre entre eux. En effet, les pierres n'étaient pas seulement empilées les unes sur les autres. Elles n'étaient pas collées non plus, mais accrochées les unes aux autres par des agrafes en bronze ou en fer. D'ailleurs c'est la raison d'être des trous que l'on voit encore de nos jours sur les pierres.
Les conséquences d'un incendie étaient dramatiques car une fois bien embrasé, le bâtiment rond et haut se transformait en braséro géant et envoyait des étincelles dans toute la ville, déclenchant des débuts d'incendie un peu partout. Rome a brûlé à plusieurs reprises ainsi.