NOTE : Ce texte est issu d'une plaquette de présentation émise par le musée lui-même.
Naissance du musée
Auguste Bartholdi, dont sept monuments, érigés entre 1856 et 1902, ornent toujours Colmar pour laquelle ils avaient été spécialement conçus, fut éponyme, de son vivant, d’une rue (1888) et, ce que l’on sait moins, d’une salle du musée d’Unterlinden, ouverte en 1898 dans laquelle était exposée une collection importante de ses oeuvres, embryon du futur musée Bartholdi, créé dans les circonstances que voici.
L'entrée du musée Bartholdi, à Colmar
Le dimanche 26 mai 1907 après-midi, en présence de Jeanne-Emilie Bartholdi, veuve de l’artiste, fut inauguré, parc du Château d’eau à Colmar, un monument commémoratif d’Auguste Bartholdi, qui inscrit le sculpteur dans la lignée des grandes figures locales que son art avait contribué à exalter. Le mémorial avait été financé grâce au produit d’une souscription internationale, lancée l’année 1905 par un comité colmarien constitué à cet effet. Il s’était formé tout aussitôt un comité à Paris et à New York. Conçu par Hubert Louis-Noël (Rumenghem, près Saint-Omer, 1839 – Paris, 1925), un disciple de Bartholdi, le monument se compose d’un piédestal en granite rose, orné sur les faces latérales d’un bas-relief allégorique de bronze et surmonté d’une statue de bronze à l’image du sculpteur défunt.
Le séjour à Colmar de Jeanne-Emilie était motivé par une autre affaire encore. Un mois plus tard, le 25 juin, par-devant Me Kubler, notaire, elle faisait don à la Ville de la maison natale de feu son mari, sise 30 rue des Marchands, avec tout son contenu (meubles, bibliothèque, objets d’art, etc.) telle qu’elle se composerait au moment du décès de la donatrice. S’y ajoutait, l’ensemble des objets mobiliers se trouvant dans son domicile parisien, 30 rue d’Assas, ou entreposés ailleurs, au jour de sa mort, y compris « toutes les oeuvres, maquettes architecturales et sculpturales [sic], les tableaux, les gravures, collections, objets d’art, etc., ayant appartenu à son époux et qui devaient être transportés dans l’immeuble donné à la Ville » ; celui-ci sera dénommé «Musée Bartholdi » ; restera affecté à cet usage à titre exclusif et, condition ultime stipulée par la chère veuve, sourcilleuse à l’endroit d’impeccable moralité : « la personne chargée de la conservation du musée devra toujours être de religion protestante et être alsacien-lorrain née en Alsace-Lorraine de parents également d’origine alsacienne-lorraine et en premier un colmarien » !
Création des collections
Jeanne-Emilie Bartholdi décède à Paris le 12 octobre 1914. Depuis 1909, un certain nombre d’objets d’art garnissant l’appartement parisien ou appartenant au fonds d’atelier de l’artiste avaient été acheminés à Colmar. Interrompu pendant la guerre très certainement, le transfert des biens — ceux du moins destinés à figurer dans le musée colmarien, car il y en eut, légués à d’autres institutions — se poursuivra à l’issue du conflit et s’achèvera en 1919. Dans l’intervalle, les collections d’oeuvres d’art exposées dans « la salle Bartholdi » du musée d’Unterlinden, avaient été transférées elles aussi, au 30 rue des Marchands. Inauguré le 18 novembre 1922, ouvert au public dès le lendemain, le nouveau musée occupait alors, sur trois niveaux, les ailes nord et ouest de l’immeuble.
Une série de photographies prises à l’époque, témoigne du premier aménagement des anciennes pièces d’habitation converties en « salle d’expositions permanentes ». L’appartement privé de Charlotte Bartholdi, mère du sculpteur, avait été préservé ; ailleurs l’on s’était ingénié à reconstituer le cadre de vie parisien — opulent — de l’artiste. Au rez-de-chaussée, une grande pièce, dite « salle des maquettes » était dévolue à la présentation exhaustive et soignée de fort nombreuses maquettes de statues et monuments (terres cuites, terres grises et plâtres), soit le précieux fonds d’atelier du statuaire, intact encore.
Le moule de la statue de la Liberté
Réouverture
A compter de 1950, le désintérêt largement répandu pour des pans entiers de l’art du XIXe siècle en général, et la sculpture singulièrement, eut pour conséquence première l’affectation de la « salle des maquettes » aux expositions temporaires de peintres régionaux contemporains, et fut cause de la relégation d’un grand nombre d’oeuvres de Bartholdi en divers réduits, non sans dommages et pertes. En 1960, au constat d’une baisse progressive et alarmante des recettes d’entrées, d’aucuns envisagèrent tout bonnement la désaffectation du musée et le transfert des collections dans « une ou deux salles »… du musée d’Unterlinden ! Considérant qu’une telle décision « irait précisément à l’encontre de la volonté clairement et expressément exprimée par la donatrice », le service du Contentieux de la mairie de Colmar formula de « sérieuses réserves ». Sagement, l’on s’en tint à fermer le musée.
En 1979, l’établissement sera réouvert, considérablement transformé. La survie du musée, qui prévalut heureusement, nécessitait qu’il fût rénové. Toutefois, il est permis de déplorer quelques interventions drastiques qui dénaturèrent inutilement et irréversiblement l’ancien aspect des lieux.
Depuis, rafraîchissements et extension des salles d’expositions, restaurations et acquisitions d’oeuvres, organisation d’expositions thématiques avec catalogue à l’appui, encouragés par la Ville de Colmar et soutenus par les instances culturelles nationales et régionales ainsi que par la Société des Amis du musée Bartholdi (SAMBA), contribuent à la sauvegarde, à l’enrichissement, au déploiement des collections, de même qu’au rayonnement de l’art et du nom de Bartholdi.
Voir aussi : Biographie d'Auguste Bartholdi.