Edouard Lockroy
Le journaliste
Edouard Lockroy est né à Paris en 1840. A l'âge adulte il hésite : sera t-il comédien, suivant l'exemple de son père (acteur, puis auteur dramatique) ? Sera t-il peintre ? En tout état de cause, il interrompt ses études aux Beaux-Arts pour accompagner Alexandre Dumas en Italie et suivre la campagne de Giuseppe Garibaldi en Sicile (1860). A peine rentré en France il repart pour un voyage de plus de trois années en Judée et en Palestine, comme secrétaire et dessinateur d'Ernest Renan. A son retour, sa décision est prise, il sera journaliste.
Il écrit d'abord dans "Le figaro" où sa verve s'illustre dans sa rubrique des "Menus propos". Ses textes sont d'une concision impitoyable. La virulence de ses pamphlets lui vaut quelques condamnations. Il quitte bientôt Le Figaro pour entrer au "Diable à quatre", puis au "Rappel" en 1869. Cettre revue est très engagée contre le Second Empire et son style se radicalise : Lockroy, comme beaucoup d'autres, était entré dans la carrière en simple rieur, avec sa jeunesse insouciante et son esprit railleur; mais l'écoeurement n'avait point tardé à faire le reste et à lui donner la clère et l'indignation, ces deux côtés naïfs auxquels se reconnait toujours l'homme honnête. Sa "petite guerre" quotidienne contre le régime l'amène à être condamné à quatre mois de prison et à 8000 francs d'amende.
Le député
Pendant le siège de Paris il est nommé chef du 22e bataillon de la Garde Républicaine. Il s'illustre notamment à Buzenval. Il est ensuite élu député : C'est autant le jeune et intrépide chef de bataillon que le journaliste qui, le 8 février 1871, fut élu représentant de la Seine à l'assemblée de Bordeaux. Il fait partie de l'extrême gauche et votre contre une participiation active aux tentatives de conciliation entre Paris et Versailles; mais elles n'aboutissent pas. Il démissionne alors de son poste de député, juste avant le début des hostilités, au moment même de son arrestation. Comme il l'écrit, un peu désabusé, au président de l'Assemblée :
Monsieur le président, ma démission parait-il ne vous est point parvenue; j'étais donc député lorsque j'ai été conduit en prison. Comme moi, Monsieur le président, vous verrez, j'espère avec douleur, combien ce titre est peu respecté aujourd'hui. J'ai l'honneur de vous donner ma démission de membre de l'Assemblée Nationale.
Il est incarcéré à Chartres, où il demeure jusqu'en juin.
Il se fait, ensuite, élire au Conseil Municipal de Paris, pour le quartier de la Roquette, dans le XIe arrondissement. Il siège avec les Radicaux. Pendant cette période il écritu dans le "Rappel" et, en mai 1872, devient rédacteur en chef du "Peuple souverain", journal politique populaire. Plusieurs incidents émaillent sa carrière de journaliste. Il est attaqué pour son article "Mort aux traîtres", publié en juin 1872. Puis il est condamné à 8 jours de prison après un duel avec Mr de Cassagnac. Le 28 mars 1873 il est condamné à un mois de prison et 500 francs d'amende pour son article intitulé "Libération du territoire".
Alors qu'il est en prison les électeurs républicains radicaux des Bouches-du-Rhones posent sa candidature comme député, à la suite du décès du titulaire du poste. Il est élu avec 75% des suffrages exprimés. Il s'inscrit à l'Union Républicaine (extrême gauche). Il est actif à l'Assemblée et monte plusieurs fois à la tribune. En 1876 il est élu à la fois dans le XVIIe arrondissement de Paris et dans la 1ere circoncriptiond'Aix. Il choisit le siège d'Aix et s'inscrit dans les rangs de l'extrême gauche. Il est réélu le 14 octobre après dissolution de l'Assemblée.
Le 21 août 1881, les électeurs d'Aix et ceux du XIe arrondissement de Paris le portent de nouveau à la députation. Cette fois-ci il choisit de représenter Paris. Lors de cette législation ses positions suivent une ligne plus modérée. Il s'aligne parfois sur les idées de l'extrême gauche et parfois sur des positions moins tranchées. Ceci lui permet d'être réélu très brillament aux élections générales de 1885 : Il arrive premier élu de la capitale sur 38 avec 63% des suffrages exprimés en sa faveur, pour une participation de 77%. Il tente, sans succès, de réunir les différentes gauches et finit par se réinscrire dans la gauche radicale. Le 7 janvier 1886 il obtient le portefeuille de ministre du Commerce et de l'Industrie, dans le cabinet Freycinet. Il sera reconduit dans le cabinet Goblet le 11 décembre 1886.
C'est en tant que ministre qu'il défend avec ardeur le projet de construction de la tour de 1000 pieds pour l'exposition universelle.
Sa carrière politique se poursuivra par le poste de vice-président de l'Assemblée en 1894-1895, puis du poste de ministre de la Marine sous le gouvernement de Léon Bourgeois. Il engage des réformes importantes qui lui valent de conserver son poste sous les gouvernements Brisson (1898) et Dupuy (1898-1899). Édouard Lockroy participe en 1905 à faire voter la loi de séparation de l'Église et de l'État.
Il meurt le 22 novembre 1913. Il est enterré le 25 au cimetière du Père-Lachaise.
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