La Tour Eiffel est une structure métallique conçue par l'ingénieur français Alexandre-Gustave Eiffel pour l'Exposition universelle de 1889 à Paris, organisée pour commémorer le centenaire de la Révolution française.
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Origine du projet (1884-1886)
Un défi de l'ère industrielle
L'origine de la construction de la Tour Eiffel se trouve dans la volonté des hommes de vouloir s'élever dans les airs. Toujours plus haut, chaque civilisation a tenté de construire au moins un bâtiment très haut, le plus haut possible. Mais cette course a ses limites, celles des matériaux de construction. Jusqu'à l'ère pré-industrielle le seul matériaux capables de supporter les lourdes charges inhérentes aux bâtiments de haute taille était la pierre, la plupart du temps le granit réputé pour sa solidité. Mais à l'ère industrielle tout change. L'apparition du métal en tant que matériau applicable à la construction de bâtiments permet de s'affranchir du poids du bâtiment lui-même, et c'est tout naturellement que les hypothèses les plus folles circulèrent sur les nouvelles possibilités offertes au domaine de l'architecture. L'une de ces hypothèses, probablement la plus plausible tout en restant impressionnante, consistait à construire un bâtiment de 1000 pieds de haut, soit plus de 300 m.
Alors que les architectes établissaient des plans pour construire une telle tour, les ingénieurs se penchaient sur les différentes techniques de forgeage, de rivetage ainsi que sur les différents métaux utilisables pour la construction. Nous sommes dans la 2e partie du XIXe siècle, et un ingénieur va se faire une spécialité de la construction de ponts en fer : Gustave Eiffel.
Voir aussi : Biographie de Gustave Eiffel.
Le projet d'une tour de 300m par Gustave Eiffel
Gustave Eiffel, après avoir fait ses armes dans un cabinet d'étude où il y réalisera ses premiers ponts, travaillera en indépendant puis créera sa propre entreprise qui multipliera les travaux partout dans le monde. En 1884 son entreprise de construction est florissante, il a de nombreux projets, plusieurs chantiers ouverts. Il a réalisé des ponts, des gares, des pylones, et même la structure interne de la Statue de la Liberté. Evidemment son entreprise fonctionne avec un grand nombre d'employés, une hiérarchie stricte, comme ça se faisait au XIXe siècle, et des hommes efficaces à la tête des services. C'est là que commence réellement la tour.
Maurice Koechlin était le chef du bureau d'étude de l'entreprise Eiffel. Émile Nouguier, c'était le chef du bureau des méthodes, en charge d'établir des moyens réels pour la construction des structures. Ils conçurent le plan d'une tour de 300m de haut, en fer, répondant au défi technique lancé implicitement par la communauté des architectes, dans le Monde. Ce n'était pas le premier projet, mais celui-ci était relativement réaliste. Il se présentait sous la forme d'une pyramide constituée de 4 piles métalliques se rejoignant au sommet. Les 4 piles étaient réunies ensemble par un plateau tous les 50 mètres, il y en avait donc 5, de plus en plus petit. Malgré tout Gustave Eiffel refuse de réaliser cette tour, mais il les encourage à poursuivre leurs études sur ce sujet. Il faut dire que l'exposition universelle de 1889 était déjà prévue, et qu'il avait en tête de construire cette tour en temps que portail d'entrée de l'exposition. C'était un projet ameuxion, car non seulement il n'était pas sûr d'être en mesure de construire cette tour, mais il fallait encore qu'il ai l'autorisation de le faire, et qu'il ai le temps matériel également. Toujours est-il que le premier projet de Nouguier et Koechlin, présenté en juin 1884, est refusé. Arrive alors Stephen Sauvestre dans le projet, un architecte qui revoit la conception grace à un oeil à la fois nouveau et d'architecte. Ca n'est plus alors un projet d'ingénieur mais un projet d'architecte, et cette différence fait tout, aux yeux d'Eiffel. Sauvestre redessine les plans, fait partir les piles de socles en maçonnerie, incurve les piles un peu plus que ce c'était sur le premier plan et les lie par deux plates-formes, une à mi-hauteur de la jonction des piles, l'autre à la jonction. Il adjoint une 3e plate-forme de maintien au sommet et ajoute des arcs qui assurent la solidité de la base. Il modifie également un peu l'esthétique en ajoutant un campanile au sommet.
C'est ce projet qui sera le projet définitif. Gustave Eiffel y croit et pense sincèrement ce cette tour pourra être réalisé. Le 18 septembre 1884 il dépose le brevet expliquant comment monter une tour métallique de 300m, dont l'intitulé exact est :
Disposition nouvelle permettant de construire des piles et des pylônes métalliques d’une hauteur pouvant dépasser 300 mètres
Ce brevet est déposé au nom de Gustave Eiffel, Maurice Koechlin et Emile Nouguier, mais le patron voit rapidement son intérêt et rachète les parts de ses employés, c'est la raison pour laquelle la tour portera par la suite son nom, et que les noms de Koechlin et Nouguier sont oubliés alors que ce sont eux qui ont dessiné les plans, avec Stephen Sauvestre.
Les calculs
Les calculs de la tour Eiffel sont à la base de l'établissement des plans, ils ont bien sûr été faits avant. Ces calculs sont plus simples à comprendre qu'il ne le semble. En fait, il n'y a que deux types d'effort à prendre en compte : L'effort dû à la charge, c'est à dire au poids de la tour, pour ne pas qu'elle s'effondre sur elle-même, et l'effort dû au vent, qui lui, est le plus important. Sur les pages ci-dessous vous avez l'exhaustivité des calculs qui ont été faits pour concevoir la tour Eiffel.
Il s'agit de calculs complexes, faisant appel à des notions d'architecture qui dont les principaux termes sont expliqués, pour que ça soit plus simple à comprendre. En pratique, chacun de ces deux calculs met en avant le principe général, à savoir de l'application d'une force verticale pour l'effort dû à la charge et horizontale pour l'effort dû au vent, puis explique comment ont été pris en compte ces efforts sur les différentes parties de la tour.
Voir les calculs de la tour Eiffel : Calculs de la tour Eiffel.
Les plans
Plan de la tour Eiffel
Avant tout il est important de signaler que Gustave Eiffel n'a pas présenté seul son projet, c'était une oeuvre commune entre deux ingénieurs, Maurice Kœchlin et Emile Nouguier, un architecte, Stephen Sauvestre, et lui-même, entrepreneur. Partant de ce principe, le nom même de "tour Eiffel" est probablement usurpé, mais bon, c'est ainsi... Le projet a donc été choisi, les 4 lauréats se mettent au travail. Les plans sont rapidement dressés avec l'aide de 50 ingénieurs et dessinateurs qui exécutèrent près de 5300 dessins, décrivant le monument le plus précisément possible. Tous ces dessins ont été compilé dans un livre qui vient en annexe de la "Tour de 300m", de Gustave Eiffel. Ce livre s'appelle fort logiquement "La tour de 300m, planches", il contient un sommaire listant les 47 plans qui ont été faits pour décrire la tour Eiffel dans les moindres détails. Elles sont séparées en deux chapitres. Le premier donne les plans réalisés pour l'exposition universelle de 1889, le second ceux des améliorations faites pour celle de 1900. Ce 2e chapitre est bien sûr beaucoup plus court.
Ce qui est intéressant de remarquer c'est que les planches sont en double pages, sur du papier vélin de grand format. Elles sont classées par ordre chronologique de la construction. La première planche est un dessin d'ensemble, ensuite il y a successivement les dessins des fondations et des bases, l'ossature, les aménagements, les ascenseurs, le montage, l'escalier inférieur, les bâtiments du premier étage et le calcul de l'ossature. Ceci nous mène jusqu'à la planche XXXIV. Les autres concernent les améliorations de 1900, il y a l'ascenseur Fives-Lille, puis les restaurants et plates-formes. Le livre se termine sur quelques épreuves en taille douce (13, exactement), ainsi que sur un plan de Paris et de ses environs, avec mentionnés les principaux monuments de la région.
Voir l'intégralité des plans de la tour Eiffel : Plans de la tour Eiffel.
Le concours
En septembre 1884 le brevet est déposé, les plans sont terminés, commence alors la phase de réalisation. Le premier problème est de savoir où la construire, et d'obtenir les autorisations. Pour Eiffel la réponse est évidente, elle doit être au Champs de Mars, à Paris, et servir de portail d'entrée aux visiteurs de l'exposition universelle qui doit se tenir en 1889, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Il va donc faire du lobbying, un exercice dans lequel il excelle (bien que ce mot ne soit pas utilisé à cette époque) pour convaincre le ministre de l'industrie et du commerce de lancer un concours pour l'édification d'une tour de 300m. Sachant le défi technique difficile et ayant en main ses propres plans réalisables rapidement il avait bon espoir de gagner ce concours. Mais Edouard Lockroy, le ministre, ne fut pas si facile à convaincre que ça. Eiffel obtint gain de cause et un concours fut lancé le 1er mai 1886. Le principe était simple :
"Elever sur le Champ-de-Mars une tour en fer à base carrée de 125 mètres de côté à la base et de 300 mètres de hauteur"
Comme par hasard, le projet d'Eiffel a une base de 125m, et les autres conditions entrent parfaitement dans les plans de Sauvestre, Koechlin et Nouguier. L'une de ces conditions est la possibilité d'utiliser la tour pour des expériences techniques ou scintifiques, chose que le projet avait prévu dès le départ grace, notament, à la présence de 3 plates-formes sur lesquels on peu non seulement monter et circuler librement, mais sur lesquelles on peut aussi stocker du matériel scientifique et construire des locaux pas forcément exigüs, en plus. Cet argument fera pencher la balance en faveur d'Eiffel, mais ce n'était pas une promesse en l'air : La tour a réellement été le support de nombreuses expériences scientifiques, elle a considérablement fait avancer la science dans le domaine de l'aéronautique, la météorologie, la radiodiffusion, etc. C'est d'ailleurs la radiodiffusion qui la sauvera de la destruction, 20 ans plus tard.
Résultat du concours et obtention des droits
Toujours est-il que le concours est lancé par le ministère de l'industrie et du commerce, et les projets commencent à arriver. Le 12 mai 1886 le ministre forme une commission pour l'étude et l'examen du projet d'exécution composée des personnalités suivante : Le Ministre du Commerce et de l'Industrie (président), Mr J. Alphand (Directeur des travaux de la Ville de Paris), Mr G. Berger (ancien Commissaire des Expositions internationales), Mr E. Brune (architecte, professeur à l'École des Beaux-Arts), Mr Ed. Collignon (ingénieur en chef des Ponts et Chaussées), Mr V. Contamin (professeur à l'École Centrale), Mr Cuvinot (sénateur), Mr Hersent (Président de la Société des ingénieurs civils), Mr Hervé-Mangon (Membre de l'Institut), Mr Ménard-Dorian (député), Mr Molinos (Administrateur des Forges et Aciéries de la Marine), l'amiral Mouchez (directeur de l'Observatoire), et Mr Phillipps (Membre de l'Institut).
Face à cette commission une surprise attendait Eiffel. Il s'attendait à quelques dépôts de projets, la plupart peu crédibles, mais à la date de limite de dépôt des candidatures, on comptait pas moins de 107 dossiers sur le bureau du ministre. L'étude approfondie de ces dossiers permit d'en écarter rapidement une grande quantité, la plupart étant iréalisable, mais certains étaient des concurrents sérieux et directs de la tour de Mr Eiffel. Au final ce dernier gagna le concours, mais ce ne fut pas si facile que ça. On peut objectivement penser que si le projet Eiffel était parmi les projets les plus plausibles, les relations privilégiées qu'il entretenait avec les hautes personnalités de l'Etat le firent sélectionner définitivement, ce qui n'était pas forcément un mal vu le travail de lobbying qu'il avait fait pendant des années. A noter que le second de ce concours, Jules Bourdais (1835-1915), était un projet tout aussi sérieux que le sien, il prévoyait la construction d'un gigantesque phare.
L'étape suivant se déroula le 8 janvier 1887, soit un peu plus que 2 ans avant l'ouverture de l'exposition universelle. Ce jour-là eut lieu la signature de la convention établissant les modalités de construction et d’exploitation de la tour, entre Edouard Lockroy, ministre de l'industrie et du Commerce, Eugène Poubelle, le préfet de la Seine (agissant au nom de la ville de Paris) et Gustave Eiffel. Cette convention stipule l'emplacement de la tour, qui avait fait l'objet de longues discussions, le planning de construction, la présence obligatoire d'une salle par étage pour les expériences scientifiques, expériences pouvant être transformées en expériences militaires, ainsi que le planning qui devenait serré et surtout le financement, probablement le point le plus important. A ce sujet il a été convenu qu'Eiffel recevrait des subventions publiques à hauteur de 1 million et demi de francs et couvrirait le reste du coût par ses fonds propres. (voir le Contrat de concession). Au total la construction se montait à 6 millions et demi de francs, Eiffel avait donc une aide de 23 %, les 77 % restant restait à sa charge. Mais il obtient bien sûr une compensation de taille : L'exploitation de sa tour pendant une période de 20 ans, ce qui devait lui assurer non seulement le remboursement des frais mais aussi une substantielle manne financière pour les années à venir. La convention prévoyait des gardes-fou, par exemple avec la fixation des tarifs des visites durant l’Exposition universelle, ou que la tour deviendrait une propriété de la ville de Paris à l'issu de l'exposition, avec jouissance pendant 20 ans pour Gustave Eiffel. Ainsi le 31 décembre 1909 était sensé être le dernier jour d'exploitation de la tour par Eiffel, d'après cette convention.
Voir aussi : Détail du contrat de concession.
La construction de la tour (1887-1889)
Les fondations et les socles
La construction de la tour dura un peu plus de 26 mois et trois jours. Le premier coup de pioche eut lieu le 28 janvier 1887, le drapeau inaugural fut planté au sommet le 31 mars 1889. Les premiers travaux concernèrent bien sûr les fondations des 4 piliers devant soutenir les piles métalliques. Leurs creusements et leurs coulages durèrent cinq mois, tout les travaux étant effectués à bras d'hommes. Les déblais ont été évacués par des wagonnets tirés tantôt par des chevaux, tantôt par des locomotives à vapeur. Si il n’y a pas eu de difficultés pour la construction des piliers 2 et 3, du côté du Champ-de-Mars, ce ne fut pas la même chose côté Seine. Les piliers 1 et 4 nécessitèrent des fondations faites à l’air comprimé à l’aide de caissons de tôle enfoncés à 5 m sous l’eau. Les fondations sont de gros blocs de béton ne descendant pas à plus de 15 m sous le niveau du sol, on les appelle des arbalétriers, ils sont la base de la tour. L'intérêt de ces piliers est de minimiser les forces projetées sur le sol par rapport à ce que ça serait si la pile était directement posée sur les fondations.
Voir aussi : Fondations de la tour Eiffel.
La structure métallique
C'est le 1er juillet 1887 que commença la construction de la partie métallique. Au début l'assemblage était simple : Les ouvriers récupéraient les pièces fabriquées en usine, et pré-peintes, et les assemblaient à partir du sol, d'échafaudages peu élevés et de grues. Mais à partir de 30m de hauteur il n'était plus possible de faire ainsi, il a fallut construire 12 échafaudages spéciaux en bois, puis à partir de 45 m encore d'autres échafaudages, mais ceux-là plus solides, aptes à recevoir les poutres de 70 tonnes du premier étage. C'est grace à eux que les ouvriers purent assembler les pièces formant la première plate-forme, à 57m de hauteur, jonction terminée le 7 décembre 1887, en plein hiver. A partir de là les échafaudages furent montés sur le premier étage pour poursuivre l'édification, jusqu'à 115 m de haut où eu lieu la 2e jonction, achevé le 14 août 1888. Le reste fut fait ainsi jusqu'au sommet, sachant qu'à partir du 2e étage les quatre piles n'en faisait qu'une seule, le travail devenait alors plus facile.
Les pièces de la tour étaient fabriquées dans les ateliers Eiffel, à Levallois-Perret. La plupart était assemblée dans l'atelier, maintenue ensemble par des boulons temporaires. Ainsi les ouvriers qui montaient la tour, sur le chantier (on les appelaient des voltigeurs) avaient moins de travail, il devait juste positionner les éléments et remplacer les boulons par des rivets définitifs.
La construction de la tour n'a pas posé de problème particulier, le chantier, quoique bien en retard, a été fini avant la date limite. Il faut juste noter la grève des ouvriers, à l'approche de l'hiver 1888, qui revendiquaient de meilleurs horaires de travail et une prime de risque compte tenu de la hauteur à laquelle ils travaillaient. Gustave Eiffel céda sur la prime qu'il augmenta, bien qu'il notait que les ouvriers étaient mieux payés sur ce chantier que sur un autre, mais refusa d'indexer la prime sur la hauteur de travail, vu que le risque était, selon lui, le même quelle que soit la hauteur de travail.
Le chantier employa 250 personnes au maximum, ce qui était déjà pas mal, et malgré les risques aucun mort n'a été à déploré. Citons quand même l'anecdote de cet ouvrier qui est monté avec sa fiancée sur la tour un dimanche, jour chomé, et qui est tombé suite à une perte d'équilibre. Cette mort aussi affreuse qu'elle soit ne peut pas être imputé au chantier de construction lui-même.
A la fin de la construction, en mars 1889, la tour avait une hauteur de 300m, mais sa taille est passée à 324 m lors de l'installation des antennes radios, quelques années plus tard. Il s'agissait alors de la plus haute structure jamais construite par l'homme, elle garda ce record fort longtemps, avant d'être battu en 1930 par le Chrysler building, à New-York. Le poids initial de la tour avoisinnait les 10 100 tonnes.
Voir aussi : Construction de la tour Eiffel.
La concession initiale (1889-1909)
Inauguration
L'inauguration de la tour Eiffel a eut lieu le 31 mars 1889. Elle eut lieu à l'intérieur du pilier Ouest en ce qui concerne les discours, mais au sommet de la tour pour le symbole. Cette journée commença vers midi. Dans le pilier Ouest furent réunis 200 ouvriers, Mr Eiffel, et des représentant du Conseil de Paris. Après une courte collation les officiels laissèrent les ouvriers et montèrent les 1710 marches pour atteindre la 3e plate-forme, puis ils montèrent jusqu'à la hampe. Là, Gustave Eiffel hissa un drapeau tricolore, puis tout le monde redescendit retrouver les ouvriers. Une cérémonie eut lieu, avec des discours emprunts d'honneur de la France, de fierté et de remerciements. Les ouvriers bénéficièrent d'une prime, et Eiffel apprit qu'il avait été proposé pour le grande d'Officier de la Légion d'Honneur. Le ministre Tirard arriva ainsi que Mr Alphand, commissaire de l'exposition universelle de 1889, ils participèrent aux discours. Puis il fut servi une autre collation et ce fut la fin de l'inauguration.
Mais ce n'est pas pour autant que la tour fut ouverte au public. En fait, il a fallut attendre le 15 mai 1889 pour que les premiers visiteurs puissent monter sur le monument.
En savoir plus : Inauguration de la tour Eiffel.
Un succès populaire
Et attendre était le mot puisqu'à l'époque elle a connu un très grand succès populaire, et ça malgré la campagne de dénigrement dont elle a fait l'objet avant sa construction. L'effet de l'exposition universelle était important : Sur les 32 millions de visiteurs, 1 sur 16 a grimpé sur la tour, soit 2 millions de personnes, jusqu'à la fermeture de l'exposition le 31 octobre 1889. Mais cette fréquentation est exceptionnelle car les années suivantes le nombre de visiteurs chute, avec un sursaut important en 1900, année de la nouvelle exposition universelle de Paris, mais même pendant cette période il y eut proportionellement bien moins de visiteurs que ce qui était attendu.
Si bien qu'en 1909, au moment de la cession définitive de la tour Eiffel à la ville de Paris et la fin de l'exploitation par Gustave Eiffel sa tour n'avait plus vraiment la côte et il était envisagé de plus en plus sérieusement de la démonter.
Intérêts scientifiques de la tour
C'est son intérêt scientifique qui va sauver la tour Eiffel. Conçu dès le départ comme source d'expérimentation, Gustave Eiffel multiplie les autorisations pour l'utilisation de la tour à des fins scientifiques, car pour lui si le succès populaire faiblit (et il faiblit), sa tour ne pourra subsister que par son intérêt scientifique. Ainsi la tour devient tour à tour un support pour :
- Une station météorologique (1889, Éleuthère Mascart)
- Une antenne herzienne (1898, Eugène Ducretet réalise une communication téléphonique entre la tour et le Panthéon)
- Une antenne télégraphique (1903, Gustave Ferrié établit une communication télégraphique sans fil)
- Un laboratoire d'aérodynamisme (1909, Gustave Eiffel réalise des essais de structures aérodynamiques)
Soufflerie Gustave Eiffel
Et ça fonctionne, car en 1909 l'armée commence à s'intéresser à la technologie de transmission sans fil et fait pression sur le ministre pour conserver ce pylone gigantesque qui pourrait avoir un intérêt dans ce domaine. A cette époque les essais ne sont pas encore probants, mais entre les demandes de l'armée et les autres applications civiles les autorités comprennent qu'il ne faut pas démonter la tour et en 1910 prolonge sa concession pour les 70 annnées à suivre, concession qui reste au profit d'Eiffel.
Voir aussi : Applications scientifiques de la tour Eiffel.
Voir aussi : Phénomènes naturels sur la tour Eiffel.
De la fin de la concession initiale à la première guerre mondiale (1914-1918)
En 1912 un triste évènement marqua la tour Eiffel, qui ne servit que de support, mais d'un drame. En février de cet année là un homme, un certain Franz Reichelt, tailleur à Longjumeau, présente à la presse un modèle de vêtement capable de freiner la chute d'un homme. C'est l'ancêtre du parachute, fabriqué sous la forme d'une combinaison en tissu taillé sur le modèle des ailes de chauve-souris. A 8h du matin les journalistes étaient aux pieds de la tour Eiffel pour voir l'exploit de cet homme sautant du premier étage de la tour et atterrissant lentement au sol. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu, et Reichelt a chuté violemment, provoquant sa mort sur le sol gelé du Champs-de-Mars.
En savoir plus sur : L'homme-oiseau.
Lorsque la première guerre mondiale éclate ça fait 25 ans que la tour est construite. Prolongée il y a 4 ans seulement la concession appartient désormais à la ville de Paris. Depuis quelques années divers essais de TSF ont été faits et peu à peu l'armée voit l'intérêt de l'utiliser comme support. Il faut dire que ce pylone de 300m en plein Paris est une aubaine, il capte des messages de longues distances qui ont donné diverses victoires à la France. On cite en particulier des messages ayant abouti à l'arrestation de Mata Hari, l'espionne à la solde des allemands. Cette guerre a été d'un grand intérêt également pour la tour Eiffel qui a prouvé ainsi son utilité et surtout a permi à la TSF de se populariser. A la fin de la guerre les progrès de la radiodiffusion, puis de la télédiffusion sont intimement liés avec la tour Eiffel, son support principal.
L'entre-deux guerres (1920-1939)
Les progrès de la radio-télédiffusion
C'est donc après la première guerre mondiale que l'usage de la TSF s'est propagé. Mis en place pour le civil à partir de 1920, c'est en 1921 que les premiers programmes radios sont diffusés régulièrement, programmes initiés plus particulièrement par Lucien et Sacha Guitry. D'ailleurs "Radio Tour Eiffel" est officiellement inaugurée le 6 février 1922, soit encore un an plus tard. Un studio a même été construit dans le pilier Nord permettant, en 1925, la diffusion du premier journal radio de l'histoire en France, un journal de Maurice Privat. La télévision arrive très rapidement, dès 1925, année des premiers essais par Louis belin, mais la technique est encore balbutiante. Il faudra attendre 10 ans avant que de réelles émissions soient couramment diffusées (26 avril 1935), le problème majeur étant la faible quantité de postes de réception disponibles en France.
En 1937 Paris accueille "l'exposition internationale des Arts et des Techniques appliqués à la Vie moderne", qui se tient à Paris du 25 mai au 25 novembre 1937. Il s'agit du nom officiel de l'exposition universelle de 1937, une exposition initialement assez simple mais qui finalement engagera de gros travaux dans Paris et permettra l'accueil de millions de visiteurs. A cette occasion quelques bâtiments parisiens sont améliorés : L'ancien palais du Trocadéro est démoli, remplacé par le palais Chaillot, le palais de Tokyo est construit et la tour Eiffel est rénovée avec la suppression des décorations vieillissantes du premier étage et l'installation d'un nouvel éclairage, plus performant.
La seconde guerre mondiale (1939-1945)
Cette période n'est pas la plus riche en ce qui concerne la tour Eiffel. Prise par les Allemands en 1939 en même temps que Paris, elle a continué a fonctionner normalement. Les Allemands ont installé un émetteur Telefunken, "Fernsehsender Paris", ("Chaîne de télévision de Paris"). C'était le seul émetteur de télévision fonctionnant en Europe, à l'époque. Les programmes étaient évidemment en allemand, ils avaient pour but d'informer et divertir. En marge de cette utilisation les Allemands placent un faisceau lumineux au sommet de la tour pour guider les avions sur Paris la nuit, mais aussi pour éviter les accidents.
L'histoire nous apprend que Paris a failli être rasé juste avant la reddition allemande. La tour Eiffel aurait pu finir ainsi en 1944 mais le fait que l'ordre ne soit jamais mis à exécution nous a permis d'avoir encore la tour de nos jours. A la libération les Américains y installent un radar.
De la seconde guerre mondiale à la rénovation (1945-1980)
Les progrès de la télédiffusion
Après la seconde guerre mondiale le progrès à repris ses droits et les expérimentations de communication sans fil se poursuivirent. Il faut savoir que les Allemands avaient laissés sur la tour Eiffel un émetteur Telefunken nommé "Fernsehsender Paris", ce qui signifie "Chaîne de télévision de Paris". Cet émetteur diffusait en 441 lignes ce qui était important pour l'époque. Il sera remplacé suite à un incendie par un autre plus performant de 819 lignes, puis par un nouveau après la fin de la diffusion de TF1 en noir et blanc. Enfin en 2005 c'est un nouvel émetteur qui voit le jour, celui de la télévision numérique terrestre (TNT).
La tour Eiffel a été d'une grande importance, question radio-télédiffusion. Ainsi en 1953 fut envoyée sur les ondes la première émission en Eurovision, le couronnement de la reine Elisabeth II.
En paralèlle de l'amélioration des techniques et donc du matériel de diffusion les antennes progressent elles aussi. La tour Eiffel reçoit en 1959 une nouvelle antenne qui porte sa taille à 318.70m. Elle sera remplacée en l'an 2000 par une autre plus performante, et plus haute aussi, la tour passant à 324m de haut (hauteur actuelle).
Modifications de la tour
Pendant cette période la tour Eiffel n'a pas vraiment évoluée. En 1952 elle reçoit un phare aéronautique de balisage qui remplace celui du mont Valérien, détruit pendant la guerre. Il avait une portée immense, jusqu'à 300Kms.
La rénovation de 1980
1980, c'est aussi l'année de la rénovation de la tour. Contrairement à la Statue de la Liberté, que les Américains n'ont jamais vraiment su entretenir, la tour Eiffel a toujours été soigneusement entretenu. Le planning de la peinture a été parfaitement suivi, à l'exception notable de la période de la première guerre mondiale, où il a fallut attendre 3 ans de plus. Mais près d'un siècle plus tard, la tour pouvait être analysée et modifiée, car les calculs initiaux de Maurice Koechlin et Emile Nouguier, les concepteurs, étaient perfectibles avec les moyens modernes. Ainsi donc on allégea de 1340 tonnes la structure en retirant de nombreuses poutrelles inutiles, puis on remplaça les escaliers et les ascenseurs qui devenaient vétustes. Enfin on a ajouté des éléments de sécurité pour faire face à l'explosion des touristes, les années 80 correspondant aux débuts du tourisme de masse en Europe. D'ailleurs les plus anciens se souviennent encore des grilles de protection d'avant les années 80, assez peu élevées. De nos jours, il est quasiment impossible de les escalader, même en montant par les escaliers. En plus de ces travaux les responsables ont repeint en couleur doré le nom des savants qui font le tour du premier étage, ils avaient été masqué durant les rénovations de 1937. Justement au premier étage le restaurant "Le Jules Verne" est installé, il s'agit dès son ouverture d'un restaurant gastronomique.
Cette rénovation s'est accompagnée d'un traitement anti-corrosion et d'une campagne de peinture portant sur l'ensemble de la tour, et enfin de la rénovation du système d'éclairage, qui se composera pendant quelques années de 352 projecteurs au sodium.
Depuis la rénovation (1980 à nos jours)
L'exploitation depuis les années 80
1980 est l'année marquant la fin de la concession à Gustave Eiffel, mort depuis fort longtemps. C'était toujours sa société d'exploitation qui avait la concession de l'exploitation. Une nouvelle société est créée, la SNTE (Société Nouvelle d'Exploitation de la Tour Eiffel), qui appartient à la ville de Paris et à une banque privée. Mais cette société ne fonctionne que jusqu'en 2005, année où la SETE est créé pour lui succéder (Société d'Exploitation de la Tour Eiffel) La SETE a un contrat jusqu'à fin 2015.
Depuis les années 80 la tour Eiffel est régulièrement modifiée. Par exemple c'est en 2005 qu'à eu lieu le passage de la télédiffusion en numérique (TNT), les télédiffuseurs et radiodiffuseurs ont donc été modifiés à cette occasion.
La rénovation de 2011
Le principal évènement est bien sûr la rénovation importante du Premier étage de la tour qui a eu lieu en 2011, suite à la volonté de la ville de Paris de le moderniser. Il faut dire que cet étage, depuis la rénovation de 1981, était assez peu fréquenté, il était un peu le mal aimé de la tour. Le concours qui a été lancé pour l'occasion fut gagné par le cabinet Moatti-Rivière qui s'était lié à une société de construction. Leurs projets, qui fut mis à l'oeuvre jusqu'en 2014, consista à refaire tout l'étage sans ajouter ou retirer de poids, d'où une difficulté supplémentaire par rapport aux chantiers habituels. Ils en ont profité pour construire un plancher de verre qui fait l'amusement des touristes, un peu comme on en trouve dans le London Bridge, à Londres, ou à la CN Tower de Toronto. Cet étage est désormais fini et parfaitement opérationnel. Il est beaucoup plus moderne que précédemment, plus originale aussi.
L'année 2015
Difficile année que celle-là. La tour Eiffel, si elle n'a pas été directement impactée par les évènements qui s'y sont déroulés, a quand même eu un rapport.
Tout commence par le domaine de l'écologie. En février 2015, on a installé sur la tour deux éoliennes d'une capacité de 10 MWh par an, pour marquer le passage à une gestion plus écologique de l'énergie dépensée. Il faut dire à ce sujet que c'est justement en novembre 2015, pendant 15 jours, que s'est tenu à Paris la COP21, une réunion des dirigeants du Monde destinée à uniformiser les actions mondiales dans la lutte contre le réchauffement climatique. A cette occasion la tour Eiffel s'est doté d'un éclairage original. Des plantes poussaient d'un des pilier et se développaient sur toute la structure de la tour Eiffel. Au bout de quelques secondes, elle disparaissait pour en laisser pousser une autre. Ce qui déclenchait la pousse ? Une application mobile permettant à tout un chacun de faire un don pour une association écologique. Chaque appel faisait pousser une nouvelle plante. Original comme idée, non ?
En novembre est survenu un attentat terroriste qui a secoué la capitale, mais dont l'onde de choc s'est propagée à la France, puis au Monde entier. Durant les quelques jours qu'ont duré l'état de choc la tour Eiffel est devenu le symbole des victimes du terrorisme dans le Monde. Un symbole dessiné sur la base de celui du mouvement "Peace and Love", retravaillé pour l'occasion avec une tour Eiffel stylisée. Le lendemain des attentats la tour Eiffel est restée fermée, de même que le surlendemain, et elle fut éteinte, pour marquer le deuil. Les jours suivants elle s'étaient parés des couleurs de la France, à l'unisson d'un grand nombre de monuments dans le Monde. Voyez à ce sujet l'éclairage de la tour Eiffel
Voir aussi :
La tour Eiffel en quelques chiffres.