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Construction de la tour Eiffel


Se préoccuper de la façon dont à été construite la tour Eiffel nécessite de se préoccuper tout d'abord de notions en construction métallique. Le mieux est de se laisser guider par Gustave Eiffel lui-même, qui donne dans son livre "La tour de 300m" quelques notions qu'il a acquises à ce sujet. Pas de panique, c'est très simple à comprendre. Ses textes ont té modifiés pour mieux coller au style littéraire qui a évolué depuis le siècle dernier, et pour simplifier certains éléments, trop complexes pour être abordés ici.

Si vous le souhaitez, vous pouvez lire auparavant l'histoire de la tour avant sa construction, c'est expliqué sur la page Histoire de la tour Eiffel, très détaillé. Sinon, voici un résumé.


Avant la construction...

Suite à l'établissement d'un défi technologique devenu possible avec l'avènement de la révolution industrielle, les ingénieurs de tous les pays cherchaient depuis le milieu du XIXe siècle à créer une tour de 1000 pieds de haut (à peu près 300m) Mais un tel défi ne pouvait pas être réalisé avec les technologies habituelles, la pierre et le ciment ne résistant pas à la pression d'un tel monument. C'est l'utilisation du métal qui rendra possible ce projet. Divers projets apparurent, mais c'est l'entrepreneur Gustave Eiffel qui, sur proposition de plans de ses chefs du bureau d'étude et chef du bureau des méthodes (Mr Koechlin et Nouguier), fera le premier projet réaliste. Un concours pour l'édification d'une tour de 300m à Paris est lancé, et c'est Eiffel qui le remporta. L'idée était de construire cette tour sur le Champ de Mars pour l'exposition universelle de 1889. Les plans furent dessinés grace aux nombreux membres du personnel et un architecte, Mr Sauvestre, qui entra dans le projet. Mais Eiffel, sentant l'intérêt d'une tour aussi haute, racheta les droits de ses collègues, et c'est la raison pour laquelle la tour Eiffel se nomme ainsi de nos jours, alors qu'elle a été conçu par Nouguier et Koechlin.

Voyons à présent comment a été construite la tour Eiffel.


1. Le travail préliminaire aux ateliers

2. Organisation du chantier, les ouvriers

3. La construction

4. Techniques de montage


1. Le travail aux ateliers de Levallois-Perret

Le principe de construction qui aété adopté par Eiffel était simple. Dans ses ateliers de Levallois-Perret devaient être construites les pièces métalliques selon les plans précis des dessinateurs du bureau d'étude, de la plus grande poutre au plus petit rivet. Ces pièces étaient assemblées ensemble avec des rivets temporaires de façon à former des éléments qui répondaient à un critère simple : Faire moins de 3 tonnes. Ensuite ce sont les assembleurs qui entraient en jeu, ils récupéraient ces pièces sur le chantier et les assemblaient définitivement. Aux ateliers d'Eiffel ils étaient plus d'une centaine d'ouvriers à travailler. Il y avaient un peu toutes les professions de la métallurgie car il y avait beaucoup de travaux différents à réaliser. Au total durant la période de fabrication des pièces de la tour Eiffel c'est plus de 18 000 pièces qui sont sortis des ateliers.

Contrairement aux autres ouvrages d'art d'Eiffel, les pièces de la tour n'ont pas pu être dessiné d'abord à l'échelle 1, comme s'était le cas la plupart du temps. Ici, les épures étaient mis à l'échelle car les pièces étaient trop grandes pour être dessinées en grandeur nature. Il fallait donc calculer la position des trous d'assemblage avec une très grande précision car tout était théorique, et ces trous devaient être percés au dixième de millimètre près.

Pour vérifier la bonne position des trous on utilisait des brochants, des sortes de tiges faiblement coniques qu'on entrait en force dans les trous. On voyait immédiatement si tout était bien fixé. Il est intéressant de noter que cette méthode, dit "à la française", s'oppose à la méthode anglaise qui veut qu'on perce un grand nombre d'assemblage approximatif et que le gros du travail d'ajustement se fasse sur le chantier. C'est une autre méthode, plus facile dans les ateliers mais plus complexe à mettre en oeuvre lors du montage définitif, et une tour métallique de la taille de la tour Eiffel aurait forcément été complexe à réaliser ainsi.

Au rayon des chiffres, précisons la quantité astronomique de dessins qui ont été faits : 1 700 dessins d'ensemble et 3 629 dessins pour exécution. La surface de ces 5 300 dessins dépasse 4 000 m2 ! Pour dessiner tout ça, il a fallut pas moins de 30 dessinateurs qui oeuvrèrent pendant 18 mois.

Plus de détails sur : Le travail à l'atelier.

Voir les Plans de la tour Eiffel.


2. Organisation du chantier

Photos reproduites avec l'aimable autorisation de L'Illustration.com.

Un chantier de la taille de la tour Eiffel a forcément demandé un travail préparatoir énorme, mais aussi une très grande rigueur dans l'organisation du chantier lui-même, et ça à tous les niveaux et toutes les étapes de la construction. C'est bien sûr la construction elle-même qui a été la plus intéressante période de cette aventure.

C'était même l'une des critiques les plus virulentes qui aient été faites à la tour Eiffel, avant sa construction : L'impossibilité d'organiser un chantier de cette envergure sans déplorer une très grande quantité de morts, D'après eux le vertige devait être tel que personne ne pourrait y résister : la mise en place des pièces sous les efforts du vent régnant à ces hauteurs devait présenter des difficultés insurmontables, etc. Et pourtant rien de tout cela ne s'est produit et c'est en temps et en heure, après avoir suivi le planning parfaitement déterminé à l'avance que la tour a été livrée. On n'a pas eu à déplorer un seul mort, ni aucun accident quelconque provenant des engins ou des échafaudages, d'une chute d'outils, de pièces ou d'ouvriers. Une seule chute d'ouvrier s'est produite; c'est celle d'un jeune garçon, qui, après la cloche sonnée pour la fermeture du chantier, courait imprudemment sur une des pièces de fer sur lesquelles le passage était formellement interdit, et qui est tombé de la hauteur des poutres du premier étage. Cette information provient de Gustave Eiffel lui-même et il précise que cette chute ne peut être mise à la charge du travail, puisqu'il venait de se terminer.

Les chutes d'outils étaient d'autant plus dangereuses que les ouvriers travaillaient les uns au-dessous des autres. Aussi, pour se préserver des graves conséquences qu'elles pouvaient avoir, on avait constitué toutes les plates-formes de travail par des madriers jointifs, et on les avait munies de rebords saillants.

Les chutes de pièces lourdes auraient eu, si elles s'étaient produites, des effets désastreux; aussi avait-on tout fait pour les éviter au maximum. Ca passait par une étude attentive des engins, et une surveillance constante des hommes. Quant aux ouvriers eux-mêmes, on les installait autant que possible sur des plates-formes pleines, munies de garde-corps, mais ce n'était pas toujours le cas, hélas.

Ce résultat, un tel montage effectué sans aucun accident grave, a été dû seentiellement au soin avec lequel était organisé le chantier, et principalement à celui apporté au choix des hommes constituant les équipes qui se partageaient le travail. Ces équipes, complètement indépendantes et autonomes, avaient chacune leur chef spécial responsable de chacune d'elles, et n'étaient reliées que par la direction du chef de chantier. Une grande émulation régnait entre elles. Le choix des hommes était tel, que leur maintien dans les équipes n'avait lieu qu'après un stage permettant de s'assurer qu'ils avaient les aptitudes exigées par le travail, qu'ils possédaient un caractère et une manière de faire semblables à ceux de leurs camarades, et que, en ce qui concernait les monteurs principalement, ils étaient agiles et prudents.

La composition des montants, à peu près semblable de bas en haut, avait permis de spécialiser les hommes dans chaque équipe, en les chargeant toujours des mêmes opérations. L'amarrage des pièces, notamment, était fait par un amarreur, toujours le même, sous la surveillance du chef de pile.

Chacun de ces chefs de pile ne devait jamais, sous aucun prétexte, quitter l'échafaudage de montage, et devait s'assurer par lui-même, avant que les hommes s'y installent, que les échafaudages volants ou autres étaient solidement établis. Il est presque superflu d'ajouter qu'il y avait interdiction absolue d'apporter de l'alcool sur le chantier, et qu'on procédait au renvoi immédiat de tout homme saoul ou qui se querellait avec ses camarades pendant le travail. Il faut dire que la consommation d'alcool, à la fin du XIXe siècle, était plus fréquente qu'aujourd'hui et prendre ce qu'on considèrerait comme une grande quantité de vin à midi était fréquent. Sur le chantier, c'était tout simplement - quasiment - interdit, comme le montre l'exception expliqué dans le paragraphe ci-dessous, "La cantine".

Le montage dura vingt et un mois, pendant lesquels le travail ne s'est jamais arrêté malgré deux hivers dont la rigueur se faisait durement sentir à la grande hauteur à laquelle était situé le chantier. Tous les ouvriers, fiers de l'œuvre à laquelle ils collaboraient, admirablement dirigés par leur chef de service, M. Compagnon, et par le chef de chantier, M. Milon, qui tous les deux donnaient l'exemple et se montraient toujours aux endroits les plus dangereux, tous sans exception ont fait preuve d'une énergie et d'un courage au-dessus de tout éloge.

Bon, cette dernière phrase, elle émane de Gustave Eiffel, forcément non seulement très fier de son oeuvre, mais qui souhaiter, et c'est bien naturel, monter que la construction s'est passé sans heurts. La vérité est sans doute un peu plus nuancée, mais il est difficile de la connaître précisément.


Planning de construction

On peut estimer que la construction de la tour Eiffel s'est faite dans de bonnes conditions de délais, avec un planning qui a été tenu et qui n'a donc pas connu d'impondérables. Les travaux ont commencé par les fondations de la pile 2, le 28 janvier 1887. Le creusement et la construction des socles a duré jusqu'au 1er juillet, puis le montage a commencé. Il a duré du 1er juillet 1887 au 15 avril 1889, soit vingt et un mois et demi, et même de nos jours on aurait du mal à faire aussi rapidement. bon, de nos jours, les conditions de sécurité seraient bien supérieure, et les contraintes plus difficiles à respecter, mais quand même...

Les principales étapes de la construction ont été les 7 décembre 1887, avec la jonction des 4 piliers au niveau du 1er étage, probablement la manoeuvre la plus délicate à réaliser de tout le chantier, septembre 1888, lorsque la tour dépasse le plus haut bâtiment de Paris, et le 31 mars 1889 avec le plantage du drapeau tricolore au sommet de la tour, marquant la fin de sa construction.

Sur la page ci-dessous le planning est détaillé, il est relativement intéressant.

Voir le Planning de construction.


Le personnel du chantier

La construction de la tour n'a pas posé de problème particulier, le chantier, a été fini avant la date limite. Il faut juste noter la grève des ouvriers, à l'approche de l'hiver 1888, qui revendiquaient de meilleurs horaires de travail et une prime de risque compte tenu de la hauteur à laquelle ils travaillaient. Gustave Eiffel céda sur la prime qu'il augmenta, bien qu'il notait que les ouvriers étaient mieux payés sur ce chantier que sur un autre, mais refusa d'indexer la prime sur la hauteur de travail, vu que le risque était, selon lui, le même quelle que soit la hauteur de travail.

Le chantier employa 250 personnes au maximum, ce qui était déjà pas mal, et malgré les risques aucun mort n'a été à déploré. Le personnel était réparti en équipe avec une hiérarchie assez importante, comme on en faisait à l'époque. Chez de chantier, chef d'équipe, responsable d'équipe, ouvriers, manoeuvres, tacherons, tous avaient un rôle précis et souvent ils ne faisaient qu'un seul métier, une seule activité. Par exemple les équipes de riveteurs étaient composées de quatre personnes : Un riveur, un frappeur, un teneur de tas et un mousse chauffeur. Cette organisation était répétée à l'infini en fonction des besoin, et parfois - rarement - ils recevaient un autre rôle.

Parmi les rôles les plus connus, citons les monteurs, en charge de l'assemblage des pièces métalliques, les riveurs, qui mettaient les rivets en place, les bardeurs, qui recouvraient les pièces, les charpentiers, en charge de l'élévation des échafaudages, les forgerons, les chefs de chantier, etc. Ci-dessous vous avez plus de détails sur l'organisation des équipes, le nombre de personnes par poste et leurs évolutions dans le temps.

Plus de détails sur : Le personnel du chantier.


3. La construction


Les fondations

Les fondations

Les fondations

Photos reproduites avec l'aimable autorisation de L'Illustration.com.

Les fondations ont marquées le début des travaux, ça s'est passé le 28 janvier 1887. Elles furent faites à la pelle à bras d'homme. Les déblais étaient évacués soit par des locomotives à vapeur, soit par des wagonnets tirés par des chevaux. Les 4 fondations furent lancées quasiment en même temps et elles progressèrent approximativement en même temps également. La plus profonde descends à 15m, pas plus. D'après les calculs d'Eiffel la pression sur le sol de sa tour ne devait pas excéder celle d'un immeuble, les riverains n'avaient donc rien à craindre d'éventuels mouvements de terrain. Les calculs de pression au sol ont été faits bien sûr, ils sont disponibles sur la page expliquant les socles.

Mais chaque pilier était différent des autres. Ainsi les 1 et 4, ceux du côté Seine, durent faire l'objet de puits de sondage car ils étaient proches de la Seine. Une fois décidée les travaux subirent des infiltrations d'eau. Pour pallier à ce problème Eiffel eut recours à une technique déjà employée à plusieurs reprises sur d'autres de ses chantiers, celle des fondations à air comprimée qui utilise des caissons de tôle enfouis à 5m sous le niveau de l'eau. Les deux autres piliers, côtés Champs-de-Mars, n'eurent pas de problèmes particuliers. Les fondations étaient de lourds blocs de béton (on les appelle des massifs) destinés à recevoir la charge des 4 socles de maçonnerie qui eux-mêmes reçoivent la masse de la structure métallique. Ces blocs de béton enfouis servaient de point de départ aux arbalétrier.

Le détail des fondations, donné dans le lien ci-dessous, est très complet. Il explique par exemple pourquoi les fondations ne sont pas identiques, la durée des travaux, la façon dont ont été retiré les tonnes de gravats et ce qu'il en est advenues, et aussi la liste des cubage extraits.

Plus de détails sur : Les fondations de la tour Eiffel.


Les 4 socles de la tour

Les socles des 4 piliers sont en fait de lourds massifs pris dans les fondations et entourées de murs en pierre de taille et en béton. Des soubassements ont été créé par la suite, ils sont faits sur la base d'une armature métallique, entretoisée, qui est posé sur les murs en béton des fondations et pris dans les blocs de pierre. Ces soubassements sont tardifs, c'est à dire qu'il ont été construit bien après le montage de la structure métallique. Ce n'était pas nécessaire de les faire d'entrée, ils ne servaient pas d'appui aux piliers. Ces travaux durèrent donc du 23 septembre 1888 au 4 janvier 1889, date à laquelle ont été terminé pour l'ensemble des quatre piles les soubassements.

Ce sont ces soubassements qui contiennent divers locaux logés dans les socles, comme le local du gardien, les locaux techniques des ascenseurs, etc.

Plus de détails sur : Les socles de la tour Eiffel.


Construction des piliers

Les piliers furent montés sur les socles. Tout le problème était l'inclinaison des arbalétriers, qui forment le point de départ des piliers. En effet, les piliers étaient sensés se rencontrer au niveau du premier étage à la même altitude, mais un écart d'inclinaison infime au départ provoque un écart inacceptable à l'arrivée. Il fallait donc une solution pour incliner dans une certaine mesure chaque pilier. Deux solutions furent utilisées en même temps. Premièrement des vérins hydrauliques furent installés aux pieds des socles sous chaque arbalétriers, ils permettaient de jouer sur les positions des piliers. La deuxième solution était plus simple mais encore plus efficace. Sur les échafaudages de bois qui étaient utilisés par les ouvriers des caissons de sable furent posés. Les poutrelles ont été posées sur les caissons et ils suffisaient alors de faire sortir le sable du caisson pour faire baisser la poutrelle. Cette astuce permettait de faire pencher plus ou moins des piliers pour être sûr qu'ils soient parfaitement alignés au niveau du premier étage.

Echafaudage d'élévation des piles

Echafaudage d'élévation des piles

Ceci nécessitait bien sûr la construction d'échafaudages solides, en bois, à raison d'un par pilier. A mesure que la construction avançait d'autres échafaudages étaient mis par dessus les premiers, et ainsi de suite jusqu'à parvenir au premier étage. Il faut noter qu'une reconstitution des vérins hydrauliques a été faites en 1995, elle est toujours visible au premier étage de la tour, dans le pavillon Ferrié.

Le montage des pièces n'a pas non plus été spécialement simple. Au début les pièces a assembler étaient posées sur le sol et monté à bras d'homme à la bonne hauteur. Mais très rapidement il fallut utiliser une grue, qui elle-même n'a pas été suffisante. On a alors utilisé des grues mobiles, fixées sur les futurs rails des ascenseurs. L'intérêt était grand : Ces grues montaient elles-mêmes les rails sur lequels elles allaient monter, et permettait l'acheminement des poutres d'entretoisement et des arbalétriers à la bonne hauteur.

En même temps que la grue, les monteurs utilisaient des échafaudages en bois, un par pilier. C'était nécessaire car Gustave Eiffel avait calculé qu'à partir de 28 m de hauteur le centre de gravité des piliers seraient à l'extérieur du carré formé par le socle et donc commencerait à faire forcer les rivets. Et vu le poids de chaque pilier, il fallait utiliser une méthode d'appui : C'est là qu'entre en jeu les boîtes à sable.

La page suivante explique en détail les méthodes utilisées pour construire les piliers (Boîtes à sable, échafaudages, grues, etc).

Plus de détails sur : La construction des piliers.


Construction des étages

Construction du 1er étage

Construction du 1er étage

Les étages furent montées de la même façon que pour le premier étage, la hauteur en plus. Les échafaudages ont été remplacé par un seul échafaudage central, et la grue fut utilisée en montant de plus en plus haut les pièces. Le point de départ était le plancher du premier étage car les cables devenaient trop longs pour être utilisés. Pour monter les pièces au premier étage, on utilisait un monte-charge.

A partir du 2e étage la construction devait changer de méthode car les ascenseurs à rail s'arrêtaient là. C'étaient deux ascenseurs suspendus qui devaient monter les visiteurs au sommet de la tour, mais il n'était pas possible d'utiliser la cage d'ascenseur pour la grue. D'ailleurs la tour était devenu un simple pilone central avec une architecture d'entretoises qui se répétait de panneaux en panneaux, il fallait donc que la grue emprunte un chemin extérieur, ce qui fut fait par l'adjonction d'un cadre appuyé sur ce pilone.

Les autres difficultés furent l'installation des planchers. Le plancher du 1er étage est très imposant, les poutres sont donc extrêmes lourdes. Leurs mises en place a relevé de la plus grande des précisions. Le plancher du 2e étage a été plus simple, il était plus petit.

Plus de détails sur : La construction des étages.


Construction des escaliers et des ascenseurs

Les escaliers du sol au premier étage ne furent montés que vers le mois de novembre; jusque-là, la circulation se faisait par un escalier en bois établi le long des poutres d'ascenseurs. A partir du premier étage, les escaliers en hélice étaient mis en place au fur et à mesure de l'avancement du montage.

Le montage des ascenseurs Combaluzier commença par la pose des gaines contenant le circuit des pistons articulés, qui fut faite par des treuils amarrés sur les piliers de la Tour. La seule difficulté qu'il présenta fut la mise en place des cylindres avec leurs plongeurs, dont le poids était de 12 tonnes. Ils furent descendus dans la fosse avec les palans à corde de 8 tonnes qui avaient servi au hissage des grues dans la partie supérieure. Pour le montage des cabines, qui ne pouvaient pas passer dans les intervalles des treillis des montants, on dut dériver une entretoise médiane : chaque cabine fut roulée sur un plan incliné et rattachée au circuit, en passant par-dessus le soubassement (19 janvier au 2 juin 1889. Mise en service les 26 mai et 2 juin).

Le montage des ascenseurs Otis commença le 5 janvier 1889, par la mise en place de la grande poutre de support des cylindres et du chariot de mouflage. On fit ensuite le montage des poutres du contrepoids et celui du mécanisme : celui-ci fut installé en maintenant au sol la cabine avec son appareil de sécurité, et en haut de leur course le contrepoids et le chariot du palan. Quand on eut opéré la liaison du cylindre au palan par l'intermédiaire des tiges de pistons, on effectua la pose des câbles. Après une certaine période d'essais, la mise en marche, pour le public, eut lieu le 4 juin par le pilier Nord, et le 19 juin par le pilier Sud.

Le montage de l'ascenseur Édoux commença le 20 février et fut terminé le 2 juin. Toutes les parties de cet appareil ont été amenées à pied d'oeuvre au deuxième étage, et à l'étage intermédiaire par nos monte-charges, où elles étaient reprises par les monteurs de la maison Édoux, qui les mettaient en place à l'aide de palans.

Les tronçons de cylindres en tôle, maintenus à leur tête par un collier portant sur la plate-forme, étaient au fur et à mesure de leur rivure, descendus dans leurs positions respectives. Quant aux plongeurs, dont le poids total aurait nécessité un engin de levage assez important, ils ont été immergés.

La mise en service de cet ascenseur a eu lieu le 13 juin.


Montage des restaurants

Les restaurants édifiés sur la première plate-forme ont été montés à partir du mois de janvier 1889. On commença par ceux des faces Paris et Grenelle ; on continua par celui du Trocadéro ; puis, le 15 avril, après la démolition du monte-charges, on put se mettre au restaurant du côté de l'École Militaire, dont il occupait l'emplacement. Après cette démolition nécessaire, il restait encore à monter une quantité considérable de matériaux pour l'aménagement des étages, et à en évacuer une non moindre provenant des planchers, échafaudages, matières et matériels de toute nature. Aussi, on dut installer au premier étage toute une série de chèvres, constituer des équipes de nuit, et travailler avec une ardeur surexcitée par la proximité du délai final.

Si vous êtes étonné par la quantité de restaurants qu'il y avait au premier étage de la tour Eiffel, à la fin du XIXe siècle, c'est parce qu'à cette époque cet étage était fait d'une galerie quadrangulaire dont toutes les faces étaient les façades des bars et restaurants, ce qui en occupait une grande surface. Il y avait un restaurant français, un russe, un bar anglo-américain, une salle de théâtre, etc.


4. Techniques de montage


Pose des rivets

Il peut être futile de penser que la pose des rivets est d'une grande importance lorsqu'on parle de la tour Eiffel. Et pourtant, avec 1 050 810 rivets exactement, ça vaut le coup de s'y intéresser. Le détail montre la quantité installée par période, mais intéressons nous un instant sur la façon dont on posait un rivet à l'époque. Il fallait 4 personnes, une équipe ayant l'habitude de travailler ensemble. Le chauffeur dispose d'un four dans lequel il plonge un rivet qui chauffe rapidement "à rouge". Le riveur l'installe dans le trou consolidant deux pièces. Le 3e ouvriers maintient la tête du rivet pendant que le frappeur, le dernier à intervenir, frappe d'un coup sec la pointe du rivet qui, étant chauffé, s'écrase contre l'autre face des pièces à assembler. Les rivets ainsi fixés le sont pour l'éternité. A noter que c'est ainsi qu'on a construit pendant longtemps. Des reportages du début du XXe siècle montrent des ouvriers faire de même sur les tours de l'Empire state building, quatre décennies plus tard.

Le détail ci-dessous montre des informations supplémentaires sur les riveurs de la tour Eiffel.

Plus de détails sur : La pose des rivets.


Grues de montage

Schéma de la grue

Schéma de la grue

Les grues de montage étaient des outils parmis les plus utiles. Utilisant les chemins des futurs ascenseurs, elles servaient à monter facilement les poutres, poutrelles et entretoises à la hauteur voulue, sur les plate-forme des échafausages de travail. Initialement il n'y en avait qu'une, elle était en service sur la pile N°3. Puis trois autres furent installées, c'était devenu nécessaire.

Si le document ci-dessous (cliquez sur le lien) détaille vraiment bien l'installation et le fonctionnement de ces grues, il est intéressant de s'attarder sur la façon de les monter d'un niveau. C'était relativement complexe, il fallait verrouiller la grue, monter des éléments de structure, faire monter l'ensemble, verrouiller à nouveau, et celà pour gagner 50cm. Or à chaque montée, on parlait en mètres. Il fallait donc parfois plusieurs jours avant de pouvoir se resservir d'une grue en cours d'élévation. D'ailleurs le poids de chaque grue à vide atteignait 15 tonnes; aussi la liaison du châssis aux poutres d'ascenseurs ne nécessitait pas moins de 170 boulons de 20 mm en acier. D'où la complexité de la manoeuvre !

Plus de détails sur : Les grues de montage.


Echafaudage de montage et de rivure

Le plancher des monteurs était composé de longrines en sapin de 25 x 25, réunies par un platelage en bastaings ; il s'appuyait sur les entretoises et la diagonale existant à chaque étage.

Comme le joint des tronçons se trouvait généralement au milieu du panneau, il fallait, pour l'atteindre, un petit échafaudage spécial. Celui-ci avait des dimensions très réduites, 2,00 m de côté, environ; il était formé par quatre madriers et des planches légères, et porté par des boulons passés dans des trous de rivets du tronçon déjà en place, qu'on avait fait sauter avant le montage. Ces boulons étaient mis en place de l'intérieur du tronçon, auquel on accédait par les trous d'homme, et dans lequel on se hissait sur les goussets intérieurs. L'assemblage des tronçons sur ces petits échafaudages volants sans garde-corps était l'une des opérations qui demandaient le plus d'attention aux monteurs.

Au-dessus du deuxième étage, ce dispositif a été modifié, et on plaçait sur chaque face des petites sapines qui allaient d'un tronçon à l'autre et qui étaient attachées par des chaînes de levage.

La plate-forme des riveurs était constituée par un carré encadrant extérieurement les arbalétriers. Les côtés de ce carré étaient formés par deux cours de sapines de 20x20 distants de 1,10 m sur les faces extérieures du montant et 1,60 m sur les faces intérieures, en raison de l'inclinaison ; ces deux cours de sapines étaient reliés par des traverses à l'écartement de 1 m et recouverts par des planches de 0,23 m de largeur et 25 mm d'épaisseur. Sur ces pièces de pourtour s'appuyaient, dans l'intérieur du montant, d'autres sapines, avec traverses et bastaings. Cette plate-forme constituait, pour le travail des riveurs, un vaste plancher jointif, entouré de solides garde-corps. Comme elle avait besoin d'être hissée à des hauteurs variables pour la rivure soit des jonctions du panneau, soît des joints intermédiaires des tronçons, elle était suspendue à l'entretoise supérieure par des cordages, que l'on avait faits en fil de fer pour éviter les risques d'incendie. Le relevage s'en faisait en grand par les grues.



Voir aussi :

Histoire de la tour Eiffel

Coût de la tour Eiffel


La tour Eiffel



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