Etienne Malus
Biographie
Etienne Malus est l'un des 72 savants dont le nom est inscrit sur le premier étage de la tour Eiffel. Il est le 7e, sur la face tournée vers l'Ouest.
Etienne-Louis Malus, physicien, est né à Paris, le 23 juillet 1775. Il est mort en 1811, dans la même ville, atteint d'une phtisie galopante, qui l'enleva aux sciences, à peine âgé de trente-sept ans. Ses premières études furent littéraires, principalement, et il acquit une connaissance très approfondie des auteurs qui font la gloire des lettres grecques et latines. Arago raconte qu'il retrouva dans ses papiers deux chants d'un poème épique intitulé La fondation de la France ou la Thêmèlie, plus deux tragédies achevées : l'une sur la prise d'Utique et la mort de Caton, l'autre retraçant les horribles péripéties de la famille des Atrides et intitulée Electre. Il se peut que Malus y attacha plus d'importance qu'aux découvertes qui l'ont immortalisé. Heureusement qu'il fit marcher de front les alexandrins avec ses calculs de l'algèbre, les formules de la géométrie et les problèmes de la physique. Il put entrer, grâce à ces dernières études, à l'Ecole polytechnique, qui décida de sa vocation scientifique, bien qu'il fut admis à Metz comme élève sous-lieutenant du génie, le 20 février 1796. Nommé capitaine quelques mois après, il fut envoyé à l'armée de Sambre-et-Meuse. Les événements de la guerre le conduisirent sur les rives du Rhin, à Toulon et en Egypte. Là, il fit bientôt partie de l'Institut du Caire, créé par Bonaparte, et commença ses recherches sur la lumière. Revenu en France, il publia, en 1807, son Traité d'optique analytique et son Mémoire sur le pouvoir réfringent des corps opaques. En 1808, il remporta le prix proposé par l'Académie des Sciences pour une théorie mathématique de la double réfraction. Peu de temps après, il fit son admirable découverte de la polarisation par réflexion, et inventa le goniomètre répétiteur, qui porte son nom. C'est, en effet, à la fin de 1809 que les vues de Malus prirent une grande extension. Partisan déclaré et inébranlable du système de l'émission, il reconnut expérimentalement que la lumière qui passe à travers une lame de verre offre, sous des inclinaisons convenables, des traces évidentes d'une polarisation partielle, et que, si l'on forme une pile de lames, le rayon naturel qui la traverse est complètement polarisé à sa sortie. Le 13 août 1810, l'Académie des Sciences lui avait ouvert ses portes.
Malus a laissé un agenda célèbre sur lequel il traçait, pendant les longues heures de méditation de la campagne d'Egypte, des pensées qui ne dépareraient pas les recueils publiés par quelques-uns de nos philosophes. Nous en détachons les suivantes, qui peignent son caractère :
- Comme on ne peut donner aux enfants l'idée du bien, il faut leur en donner l'habitude
- Je n'aime pas les hommes qui pèsent leurs bienfaits
- La médiocrité est un état désirable, puisqu'il exige peu de frais
- L'espoir est une source de bonheur qu'il ne faut pas négliger
- C'est être l'esclave des premiers venus que de s offenser et se chagriner de leurs injustices
- Il faut exercer la patience, vertu absolument nécessaire à la félicité dans l'existence morale
- Lors même qu'on étouffé la raison, la conscience vient, comme un corps de réserve, opposer une barrière au dérèglement
- Il faut puiser ses jouissances dans les affections du cœur, le rêve de l'imagination et le spectacle de la nature
Le nom de Malus a été donné à une des rues de Paris, sur la rive gauche de la Seine. Le portrait donné ici a été fait d'après un dessin ayant appartenu à Arago.
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