Joseph Lalande
Biographie
Joseph Lalande est l'un des 72 savants dont le nom est inscrit sur le premier étage de la tour Eiffel. Il est le 2e, sur la face tournée vers le Nord.
Joseph-Jérôme Le Français de Lalande, astronome, est né à Bourg-en-Bresse le 11 juillet 1732. Il expira à Paris le 4 avril 1807, au matin, en disant à ses enfants qui l'entouraient, selon Delambre : "Maintenant je n'ai plus besoin de rien."
C'est en observant la grande éclipse de soleil de 1748 qu'il se détermina pour l'astronomie. Ses parents l'avaient envoyé, pour étudier le droit, à Paris ; il obtint la permission de suivre les observations et le cours d'astronomie de Delisle au Collège de France et d'abandonner définitivement la chicane pour la science. Il fit bien. Bien d'autres devraient imiter cet exemple. Le monde n'en irait que mieux. A vingt ans, Lalande fut envoyé à Berlin pour y confronter les expériences que Lacaille avait exécutées au Cap. Il fut reçu par Frédéric II et fit la connaissance de Maupertuis, de Lamettrie, d'Argens, et rapporta un travail important sur les planètes qui devaient devenir l'objet des préoccupations du reste de sa vie. En 1753, il fit construire un héliomètre, resté fameux, pour déterminer les diamètres apparents de la lune et du soleil. En 1760, il prit la direction de la Connaissance des temps et introduisit, pour la première fois, dans ce recueil célèbre de nombreuses notices biographiques dont l'usage s'est conservé depuis et dure toujours. A cette même époque il donna une nouvelle édition améliorée des tables de Halley, pour les comètes et les planètes, augmentée des tables des satellites de Jupiter. En 1762, il succéda à Delisle dans la chaire d'astronomie du Collège de France, qu'il a occupée avec un éclat incomparable, jusqu'à la fin de ses jours. Il y a formé un très grand nombre de disciples et c est lui qui a ouvert les esprits aux études astronomiques.
Lalande a composé de nombreux ouvrages et publié plus de 150 mémoires dans le recueil de l'Académie des Sciences, dont il fut un des membres les plus populaires. Mais son Traité d'astronomie est resté son chef-d'œuvre et a eu de nombreuses éditions. Il avait une nature exubérante. Il a eu de nombreux démêlés scientifiques avec Lemonnier, Bernardin de Saint-Pierre, Hell, Napoléon et d'autres personnalités marquantes de son temps. Il disait : "Je suis toile cirée pour les censures et éponge pour les louanges." C'était un libre esprit et il ne craignait même pas de faire preuve publique d'athéisme, ce qui lui valut une verte réprimande de l'Empereur, qui ne plaisantait pas sur la religion, la considérant comme un excellent moyen de conduire les peuples. En 1773, il avait été cause d'un incident singulier. Il avait préparé pour une lecture à l'Académie des Sciences un mémoire sur les comètes, qu'une circonstance indifférente l'empêcha de remettre en temps utile. On se figura que Lalande y prédisait à courte échéance la destruction de notre planète. L émotion fut telle que le lieutenant de police demanda la communication de ce mémoire. Il ny trouva rien d'alarmant et, pour calmer les esprits, il en ordonna la publication immédiate. Cela eut un effet tout contraire; le monde resta persuadé qu'on avait supprimé le passage intéressant.
Lalande n'a point renouvelé la science astronomique dans ses fondements, comme Copernic et Kepler, même comme les Cassini, Bradley et Lacaille; mais il a su répandre l'instruction et le goût de cette science, la plus merveilleuse de toutes. Une des rues de Paris, sur la rive gauche de la Seine, porte son nom. Son neveu et son élève, Le Français de Lalande (1799-1839), un astronome très distingué, fit un grand nombre d'observations utiles, établit la théorie de l'orbite de la planète Mars, décrivit la partie stellaire du ciel visible à Paris et compta jusqu'à cinquante mille étoiles sur l'horizon de la capitale. Il avait épousé, en 1788, Marie-Jeanne-Amélie Harlay, qui partagea son goût pour l'astronomie et aida son oncle et son mari dans leurs travaux. Cet amour des sciences valut à cette femme remarquable un madrigal, qui fit du bruit dans les fastes de ce temps et qui finissait par ces deux vers :
Si vous n'étiez et le sinus des Grâces Et la tangente de nos cœurs !
On ne pouvait être à la fois et plus galant et plus géométrique ! Le portrait de Lalande a été fait d'après un dessin exécuté d'après nature par Louis Boilly, en 1799.
Voir aussi :