Louis Bréguet
Biographie
Louis Bréguet est l'un des 72 savants dont le nom est inscrit sur le premier étage de la tour Eiffel. Il est le 8e, sur la face tournée vers l'Ouest.
Louis-François-Clément Bréguet, physicien et constructeur d'instruments de précision, est né à Paris le 22 décembre 1804; il est mort le 27 octobre 1883 dans la même ville. Il a porté dignement un nom illustre. Il était petit-fils d'Abraham Bréguet qui, perfectionnant toutes les branches de son art, a égalé par le talent et par l'habileté, puis surpassé par la renommée les grands maîtres horlogers, Berthoud et Leroy, qui l'avaient formé La première éducation de Louis Bréguet fut entièrement pratique. Son père l'avait placé en apprentissage à Neuchâtel, en Suisse. Il revint à Paris à l'âge de dix-huit ans, très habile ouvrier, mais fort peu instruit. Sans négliger dans les ateliers de son père aucun des travaux dont on lui confiait la direction, Louis Bréguet voulut remonter aux principes et devenir théoricien. Arago, ami de sa famille et bientôt le sien, l'y encouragea. C'est alors qu'il suivit comme externe les cours de l'Ecole polytechnique, et à l'étude de la mécanique il joignit celle de la physique et des mathématiques, sur lesquelles tout s'appuie.
Bientôt chef d'une maison importante, Louis Bréguet, pour conserver le premier rang parmi les plus habiles horlogers, n'eut besoin d'aucun effort. Son ambition aussi devint plus forte. Les phénomènes électriques lui révélèrent une voie nouvelle. Dès 1842, son premier travail fut très remarqué. C'est lui qui prépara les applications de Ruhmkorff, dont le célèbre appareil, sans lui, aurait sans doute été impossible. Louis Bréguet fut l'initiateur de la télégraphie électrique et ne cessa de prêter un concours ingénieux et pratique aux sciences pures. C'est ainsi qu'on le voit collaborer aux belles recherches sur la lumière de Foucault et de Fizeau. Lorsque Arago, peu d'années avant sa mort, proposa l'admirable expérience qui devait décider sans appel dans le grand procès entre les deux théories de l'émission et de l'ondulation de la lumière, eut besoin d'un miroir animé d'une rotation rapide, il s'adressa à lui : "Combien voulez-vous de tours ? lui demanda Bréguet, — Le plus que vous pourrez", fut la seule réponse. Bréguet en obtint plus de mille par seconde. Son appareil les comptait exactement.
Louis Bréguet a été le collaborateur, le conseiller d'Yvon Villarceau, de Gustave Froment, de Graham Bell et de bien d'autres savants et inventeurs. II peut être considéré, en effet, comme le type parfait de ces habiles et ingénieux constructeurs d'instruments de précision, à la fois artistes et savants, qui rendent à l'industrie d'immenses services et qui deviennent une providence pour les astronomes et les physiciens et surtout pour les inventeurs,
Louis Bréguet est mort doyen du Bureau des longitudes, fondé par la Convention nationale, en 1791. II était entré à l'Académie des sciences en 1783. M, Georges Berger, directeur de l'Exposition universelle de 1889, membre de la Chambre des Députés, a composé sur ses travaux une notice importante, publiée dans le Journal des Débats du 3 novembre 1883, reproduite dans la Revue Scientifique. Son éloge a été prononcé à l'Académie des sciences dans la séance hebdomadaire du 5 juillet 1886, par M. de Jonquières, son successeur. Son nom a été donné à une des rues de Paris, sur la rive droite de la Seine. Le portrait ci-dessus a été dessiné d'après une photographie faite en 1860. Il avait alors 56 ans et il paraissait à peine avoir dépassé la quarantaine.
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