Pierre-Louis Dulong
Biographie
Pierre-Louis Dulong est l'un des 72 savants dont le nom est inscrit sur le premier étage de la tour Eiffel. Il est le 10e, sur la face tournée vers le Nord.
Pierre-Louis Dulong, chimiste et physicien, est né à Rouen en 1785; il est mort à Paris le 18 juillet 1838. A seize ans, il entra comme élève à l'Ecole polytechnique. Une grave indisposition l'obligea de quitter, avant la fin de la seconde année, cet établissement où il devait reparaître avec tant d'éclat, comme examinateur de sortie, comme professeur et comme directeur des études. L'art de guérir absorba tout d'abord tous ses moments. Il commença même à exercer la médecine dans un des quartiers les plus pauvres de Paris. La clientèle s'augmentait à vue d'œil, mais la fortune diminuait avec la même rapidité, car Dulong ne vit jamais un malheureux sans le secourir, et il s'était cru obligé d'avoir un compte ouvert chez le pharmacien, au profit de ses malades, qui, sans cela, n'auraient pas pu faire usage de ses prescriptions.
Les sciences lui parurent une carrière moins ruineuse, et Dulong quitta la médecine pour les cultiver. Mais il n'avait pas songé que là aussi surgissaient de continuelles occasions de dépenses. Jamais il ne se laissa arrêter par des difficultés d'argent, des dangers d'explosion. C'est ainsi qu'il perdit un œil et deux doigts de la main droite, en préparant, pour la première fois, le chlorure d'azote, et qu'à sa mort le patrimoine paternel qu'il avait reçu se trouva épuisé au point de ne laisser pour toute fortune à sa femme et à ses enfants que le souvenir de ses glorieux travaux.
Les découvertes de Dulong ont porté sur l'analyse de l'eau et sur la théorie de la chaleur. En chimie, c'est lui qui est l'inventeur du procédé resté classique consistant à faire passer un courant d'hydrogène bien sec sur de l'oxyde de cuivre chaufïé au rouge et à recueillir la vapeur d'eau dans un récipient contenant de l'acide sulfurique concentré. En pesant le tube et le récipient avant et après l'expérience, on a le poids de l'oxygène celui de l'eau et par suite de l'hydrogène.
En physique, Dulong a formulé les lois sur le refroidissement et fourni les données scientifiques nécessaires pour la rédaction de la loi sur les machines à vapeur. Il s'agissait de déterminer les tensions maxima de vaporisation à toutes les températures supérieures à celle de 100 degrés. Il fut désigné officiellement avec Arago pour exécuter ces expériences. Ces deux savants commencèrent par graduer exactement un manomètre à air comprimé par une colonne de mercure dont ils portèrent la hauteur jusqu'à vingt-quatre fois celle de la colonne barométrique. Ces recherches célèbres furent accomplies dans la tour du Collège Henri IV, derrière le Panthéon, à Paris. Le manomètre étant gradué, Dulong et Arago firent agir la pression de la vapeur sur le bain de mercure qui isolait l'air emprisonné dans l'appareil et purent ainsi déterminer les tensions jusqu'à 212 degrés. Ces deux illustres savants ne se doutèrent guèreque soixante ans plus tard, un manomètre monstre de 300 mètres serait installé le long d'une tour de fer, plus de sept fois plus haute que la tour de pierre dans laquelle ils avaient opéré.
Dulong est encore l'auteur d'une série de découvertes sur les dilatations des liquides et des solides. Il est l'inventeur d'un précieux instrument nommé cathétomètre et du thermomètre à poids. Ses magnifiques travaux, devenus classiques, sont restés comme des modèles de sagacité, de pénétration, de patience. En les méditant, les jeunes savants peuvent voir se dérouler devant eux la voie pénible, laborieuse, semée de mille obstacles, mais la seule voie cependant par laquelle on puisse acquérir dans les sciences une gloire que le temps, l'esprit de système, les caprices de la mode n'ébranle pas. Les recherches de Dulong, décrites dans tous les traités scientifiques publiés dans le monde entier et dans toutes les langues, apprennent à la jeunesse à ne point déduire trop vite des conséquences exagérées, des découvertes que l'on fait. Ce n'est pas un des moindres services rendus au progrès de l'esprit humain par ce grand physicien et chimiste.
Le nom de Dulong a été donné à une rue de Paris, sur la rive droite de la Seine. Le portrait ci-dessus a été fait sur un dessin de Ambroise Tardieu, exécuté d'après nature en 1825. N'oublions pas de rappeler que Dulong a été secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences.
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