René Haüy
Biographie
René Haüy est l'un des 72 savants dont le nom est inscrit sur le premier étage de la tour Eiffel. Il est le 13e, sur la face tournée vers le Sud.
René-Juste Haüy, minéralogiste, est né à Saint-Just, petit village du département actuel de l'Oise, le 28 février 1743. Il est mort à Paris le 23 juin 1822. On le considère comme le fondateur de la minéralogie expérimentale, qu'il a établie sur la base suivante : "La forme cristalline élémentaire d'un corps dépend de la composition chimique de ce corps, et les formes, si différentes, en apparence, des cristaux qu'il peut fournir, résultent simplement du mode d'empilement des cristaux primitifs." Du même coup il créait la cristallographie. Par ses travaux très remarquables, il a produit l'essor de la chimie minéralogique, en concevant la liaison intime entre la composition chimique de chaque corps et la forme des cristaux élémentaires auxquels chacun de ces corps donne naissance.
En 1783, Hauy fut reçu à l'Académie des Sciences. Il fit partie de l'Institut lors de sa formation, en 1795. Bonaparte fit faire des démarches auprès de lui par Monge, afin de le décider à suivre l'expédition d'Egypte. Mais, d'une nature timide, casanière et appartenant aux ordres (il était prêtre et abbé), il déclina cet honneur et cette peine. Il continua paisiblement à Paris sa brillante carrière, au Muséum d'histoire naturelle, où il professa, et à l'Ecole des Mines, où il organisa l'admirable collection de cristaux qui fait l'admiration du monde savant.
Haüy aimait à raconter comment il fut initié à la science qu'il devait illustrer. En fréquentant le Jardin des plantes pour regarder les fleurs, il vit la foule entrer au cours de minéralogie de Daubenton. Il y pénétra avec elle et resta sous le charme d'y trouver un sujet d'étude plus analogue que les végétaux à ses premiers goûts pour la physique. Il s'étonna alors profondément d'observer une constance dans les formes compliquées des plantes, dans toutes les parties des corps organisés, et de ne point pouvoir constater le même fait dans les formes des minéraux. "Comment, se disait-il, la même pierre, le même sel se montrent-ils en cubes, en prismes, en aiguilles, sans que leur composition change d'un atome, tandis que la rose a toujours les mêmes pétales, le gland la même courbure, le cèdre la même hauteur et le même développement ?"
Ce fut rempli de ces idées, qu'examinant des minéraux chez un de ses amis, il laissa tomber par mégarde un beau groupe de spath calcaire cristallisé en prismes. Un de ces prismes se brisa de manière à montrer sur sa cassure des faces non moins lisses que celles du dehors, et présentant l'apparence d'un cristal nouveau tout différent du prisme pour la forme. Haüy ramassa ce fragment. Il en examina les faces, les inclinaisons, les angles. A sa grande surprise, il découvrit quelles sont les mêmes que dans le spath en cristaux rhomboïdes, que dans le spath d'Islande. Un monde nouveau apparut aussitôt à sa pensée. Rentré dans son cabinet, il prit un spath cristallisé en pyramide hexaèdre. Il le casse, et il en voit sortir ce rhomboïde, ce spath d'Islande. Les éclats qu'il en fait tomber sont eux-mêmes de petits rhomboïdes. Il brise un troisième cristal, celui que l'on nommait lenticulaire. C'est aussi un rhomboïde qui se montre dans le centre, et des rhomboïdes plus petits qui s'en détachent. "Tout est trouvé, s'écrie-t-il, plein de joie. J'ai découvert le principe de la cristallisation.".
En 1803, le Premier Consul avait chargé Haüy d'écrire un Traité de physique à l'usage des collèges, en lui accordant six mois pour ce travail. Quatre mois après il était terminé et en état d'être présenté à Bonaparte. C'est ce livre que l'Empereur devait plus tard lire et méditer dans ses loisirs forcés de l'Ile d'Elbe. Valentin Haüy (1745-1822), son frère puîné, est le célèbre instituteur des aveugles, celui auquel ces infortunés doivent de pouvoir acquérir de l'instruction par la création des méthodes de lecture en relief. Il est le premier qui ait fait fabriquer des livres en gros caractères, très sensibles au toucher, et qui ait appris par ce moyen à de jeunes aveugles la lecture, le calcul et les éléments de la géographie.
Le portrait de René-Juste Haüy reproduit ici a été exécuté d'après le dessin fait d'après nature par Louis-Léopold Boilly, en 1819. Haüy est en costume d'académicien.
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