Les statues de l'île de Pâques ne nous ont pas livré tous leurs secrets. En fait il est même difficile d'affirmer le but de leurs édifications car le peuple autochtone, les Rapa Nui (aussi dénommé "Matamua" ou "«Haumaka ), ont tout simplement été quasiment exterminés à la fin du XIXe siècle, réduit en esclavage. Ceux qui sont restés ont transmis leurs cultures par tradition orale et ont subi la mixité culturelle et biologique par l'arrivée massive, toujours vers la fin du XIXe siècle, d'une forte communauté polynésienne christianisée puis des européens. De nos jours on compte plusieurs milliers de personnes, mais aucune n'a les secrets de ces statues.
Moaïs de l'île de Pâques
Les raisons estimées de leurs constructions
Cependant l'archéologie nous renseigne assez bien puisque cette science nous apprend que le peuple ayant débarqué sur l'île de Pâques, vers 1200 après JC, pratiquait le culte des ancêtres. Ce culte consiste à vénérer non pas un dieu mais les ancêtres d'une communauté. Il est alors évident que les Moaïs symbolisent les ancêtres.
Leurs dispositions sur l'île confirment ce fait. Ils sont tous, à l'exception d'un, placés sur les côtes et tournés vers l'intérieur de l'île, là où vivaient les habitants, un peu comme si ils les surveillaient. Si ils avaient eu un rôle protecteur ils auraient été tournés très probablement vers l'océan.
Leurs rôles symboliques aux temps du dieu Make-make
Une fois le culte des ancêtres abandonné les Moaïs ne symbolisaient plus que le passé, mais là où d'autres civilisations, comme par exemple les égyptiens anciens, n'hésitaient pas à détruire les reliques qui les ont précédées, les Rapa Nui ont décidé de les garder. Peut-être aussi à cause de la difficulté qui auraient eu à les mettre à bas, mais ce n'était sans doute pas la raison. Certaines de ces statues sont de nos jours allongées au sol, y compris et parmi elle quelques-unes qui ne sont pas dans la carrière, donc pas en cours de construction ou de transport. On peut les voir comme une volonté de les abattre, mais il est plus logique de voir là l'effet d'une catastrophe naturelle. Si ça parait difficile à croire, il suffit d'imaginer qu'en 400 ans d'abandon, beaucoup de statues ont été ensevelies au moins jusqu'aux épaules, alors qu'elles étaient complètes auparavant. Ça signifie que les intempéries, les précipitations, le vent et d'un point de vue plus général le climat est capable de modifier en profondeur la surface de l'île. Il n'est donc pas aberrant de penser que certaines statues ont pu être couchées naturellement.
Ceci dit, si il n'y a pas eu de volonté d'abattre les statues une fois le culte des ancêtres abandonnés, il n'en reste pas moins que la carrière fut abandonnée aussi, et que les statues qui y étaient en cours de taillage furent recouvertes, apparemment volontairement, de débris. On peut y voir une volonté de marquer le changement de culte.
Leurs rôles à partir des explorateurs européens
Lorsque l'île fut découverte, à partir de la fin du XVIIe siècle, et jusqu'à la fin du XIXe, les statues de l'île de Pâques étaient essentiellement vues comme son symbole, mais rien de plus. La curiosité à leurs égards ne fut même pas très forte, les Européens ne s'intéressaient pas à ces grandes statues du bout du monde ou du moins si il le faisait, leurs éloignements les rendaient moins intéressants. Il faut dire qu'à l'époque, et jusqu'au XXe siècle, les civilisations autres que celles d'Europe étaient surtout vues comme des curiosités à analyser