Aurangzeb
Biographie
Aurangzeb fut le sixième et dernier des grands empereurs moghols, une période qui marque l'apogée de cette empire ayant régné sur le Nord de l'Inde du XVIe au XIXe siècle. Après lui ses successeurs furent plus faibles et ne firent que perdre de la puissance, de l'influence et du territoire face à leurs ennemis. Aurangzeb fut le 3e fils de Shah-Jahân, le constructeur du Taj Mahal. Ne devant initialement pas recevoir le pouvoir, il le prit de force face à ces 3 frères, tous gouverneurs d'une province éloignée les unes des autres.
La guerre de succession
Lorsque le père d'Aurangzeb, Shah Jahan, mourut, il laissa derrière lui une situation qui devait être relativement saine, mais fidèles aux habituelles querelles de successions, ses fils moghols ne surent pas s'entendre pour prendre la relève.
Shah Jahan eut plusieurs fils, à qui il donna le gouvernorat d'une province. Shâh Shuja était gouverneur du Bengale, Murâd Baksh était celui du Goujerat et l'ainé, Dârâ Shikôh, était celui qui devait prendre la relève de l'Empire, il était donc auprès de son père à Agra. Il y avait aussi le 3e fils, Aurangzeb, qui avait prit la charge du Deccan (1636-1644), puis elle du Goujerat (1645) et enfin celle de l'Afghanistan (1647). Il faut dire que cette année-là la ville de Kandahâr avait été prise par les Perses, l'envoi d'Aurangzeb sur place était un signe fort : Il devait reprendre la ville. Toutefois il échoua et retrouva sa charge de gouverneur du Deccan.
En 1657 Shah Jahân tombe malade sérieusement. Ses fils commencèrent à se déchirer. Shâh Shuja décrêta l'indépendance du Bengale, alors que Murâd Baksh fit de même pour le Goujerat. Aurangzeb, lui attaqua directement l'héritier Dârâ Shikôh, s'opposant de fait à son père. Les troupes du fils prirent le dessus sur celle du père qui fut fait prisonnier, au fort rouge d'Agra. Il y passa les 8 dernières années de sa vie, avec une vue sur le Taj Mahal. Son frère ainé, Dârâ Shikôh, eut encore moins de chance. Il dut fuir chez un ami, Malik Jiwan, un chef baloutche, mais ce dernier le livra à Aurangzeb qui l'humilia à travers la ville. Il fut décapité rapidement. Pendant ce temps les forces d'Aurangzeb attaquèrent le Goujerat et capturèrent Mûrad Baksh, qui fut lui aussi exécuté. Le dernier des frères, Shâh Shujâ, fut le seul à pouvoir s'enfuir. Il périra dans la jungle birmane quelques temps plus tard.
C'est ainsi qu'Aurangzeb, sixième empereur moghol, monta sur le trône.
Son règne
Le règne d'Aurangzeb est marqué par deux phénomènes bien distincts. D'abord il fut un chef de guerre redouté, étendant encore plus son territoire. Il conquit l'Assam, une province d'Inde au dessus du Bengladesh (extension vers l'Est), une partie de l'Afghanistan (extension vers l'Ouest), et les états du Sud de l'Inde, dont le Tanjore (extension vers le Sud). Seul le Nord ne fut pas une destination de conquête, il faut dire qu'il y a la redoutable barrière de l'Himalaya.
Le second élément caractérisant le règne d'Aurangzeb est sont intransigeance au sujet de la religion. Il fut un croyant pleinement acquis aux préceptes de l'Islam, avec une vision rigoriste de cette religion. En tant que tel il fait du prosélitisme et interdit, autant qu'il peut, la religion hindou. Il tente de détruire les temples hindous, qui le sont pour certains (en particulier dans la ville de Vârânâsi) A leurs places, il fait construire des mosquées, parfois en se resservant des matériaux. De plus il rejette certains domaines artistiques comme la musique, la danse. Il rétablit également la djizîa, un impôt sur les non-musulmans vivant en terre islamique. Cet impôt avait été supprimé très tôt par les premiers empereurs qui étaient soucieux d'uniformiser les peuples de l'Empire. Mais la vision riligieuse du règne d'Aurangzeb ne s'accordait pas de telles précautions, et la conséquence ne se fit pas attendre.
Durant tout le règne d'Aurangzeb l'Empire fut livré aux révoltes, aux rébellions diverses, toutes initiées sur des revendications de tolérance religieuse. L'une des plus importante fut celle enclenchée dans le Deccan par le marathe Shivaji. Devant l'ampleur de cette révolte Aurangzeb dut venir et rester sur place, faisant de la ville de Khidki sa nouvelle capitale, qu'il rebatisera Aurangzâbâd.
Son héritage
Tombe d'Aurangzeb
L'héritage d'Aurangzeb est plutôt terne. Si il a bien réussi à maintenir son territoire, voire même à l'agrandir, il ne sût pas conserver l'harmonie qui y régnait avant qu'il ne prenne le pouvoir. Son intolérance envers les non-musulmans fut catastrophique. Dans l'art, la dynastie moghol connut un coup d'arrêt : L'architecture n'était plus à la hauteur de ces prédécesseurs. La danse et la musique avait perdu de leurs qualités, n'ayant plus de droit de citer à la cour, et l'art de la miniature, pourtant en plein essor sous Shah Jahan, avait lui aussi perdu en qualité. Le règne d'Aurangzeb marque le début de la chute - lente mais inexorable - de l'Empire, qui s'accéléra avec l'accession au trône de son fils, un homme peu capable de diriger l'Empire et qui pourtant avait dû, comme ses ascendants, se battre pour atteindre le trône.
Aurangzeb est enterré à Aurangâbâd en pleine terre, comme le veut la tradition musulmane, mais pas dans un mausolée. C'est le seul des grands empereurs a être dans ce cas, sa tombe étant à l'air libre.
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