Arthur Morin
Biographie
Arthur Morin est l'un des 72 savants dont le nom est inscrit sur le premier étage de la tour Eiffel. Il est le 12e, sur la face tournée vers le Sud.
Arthur-Jules Morin, mathématicien et physicien, connu dans le monde scientifique sous le nom de Général Morin, est né à Paris le 17 octobre 1795. Il est mort dans la même ville le 20 février 1880. En 1813 il entra à l'Ecole polytechnique. Il en sortit pour passer à l'Ecole d'application de Metz, deux ans après. Nommé lieutenant au bataillon des pontonniers, il devint capitaine en 1829. Ayant fait à cette époque, dans le chef-lieu de notre ancien département de la Moselle, un cours de mécanique appliquée aux machines, avec des vues nouvelles et originales, il fut noté par le ministère de l'instruction publique, et, dix ans plus tard, il était appelé à Paris, au Conservatoire des Arts et Métiers, comme professeur.
Le succès de ses leçons ainsi que l'importance de ses travaux lui valurent un rapide avancement, et, fait à conserver, c'est peut-être le seul général arrivé à ce haut titre, par l'unique valeur de ses découvertes, sans avoir à son actif des campagnes militaires. C'est ainsi qu'il devint chef d'escadron en 1841, lieutenant-colonel en 1846, colonel en 1848, général de brigade en 1852, général de division en 1855, le tout sans sortir du Conservatoire, si ce n'est pour aller commander pendant quelques mois l'artillerie du camp du Nord. C'est un soldat pacifique, qui n'a fait que des campagnes scientifiques. Savant très remarquable, il a donné une vive impulsion au progrès de la mécanique expérimentale, par la parole, par ses écrits, par ses découvertes. Il est l'inventeur de la manivelle dynamométrique, qui sert à mesurer la force des moteurs animés, et de l'appareil à indications continues, au moyen duquel on étudie la loi de la chute des corps et qui est resté classique dans les laboratoires de physique. On lui doit des expériences et des perfectionnements touchant le frottement des axes de rotation, les roues hydrauliques, la pénétration des projectiles, la.rupture des corps solides, les pendules balistiques, le tirage des voitures, la résistance de l'air, la ventilation, le chauffage, les machines élévatoires des eaux, etc. Son ouvrage intitulé Notions géométriques sur les mouvements et leurs transformations est considéré comme un livre de premier ordre.
Le général Morin avait remplacé Coriolis à l'Académie des Sciences en 1843, et en 1848, il avait été appelé à la direction du Conservatoire des Arts et Métiers à Paris. Pendant son administration dans cet établissement, la valeur des collections s'est élevée de un million à trois millions de francs. Elles ont été mises dans un ordre parfait, et c'est à son initiative que l'on y est aussi redevable de la création successive de quatre nouveaux cours publics, comprenant :
- 1. Les constructions civiles
- 2. L'économie industrielle
- 3. La filature et le tissage
- 4. La teinture, la céramique et la verrerie
Le général Morin était un caractère et un vrai savant, avec un cœur chaud et délicat. Il est intéressant de faire savoir comment il comprenait pour son propre compte les tendresses du foyer domestique. A l'âge de quatre-vingt-quatre ans, on le vit réapprendre, presque en cachette, ses mathématiques élémentaires, qu'il était bien en droit d'avoir un peu oubliées. Et, par tous les temps, il allait deux fois par semaine en faire leçon à son petit-fils qui se préparait aux examens de l'Ecole militaire de Saint-Cyr. On n'en aurait rien su, si par un excès de zèle et d'exactitude, il n'était pas venu trouver son collègue Tresca, pour le consulter sur quelques points sur lesquels le grand et vénérable professeur n'était pas assez sûr de lui. — Voilà un bel exemple à méditer pour les pédants et les faux savants de ce monde !
Le portrait ci-dessus a été fait sur une photographie que le général Morin a donnée à mon père en 1875. Il avait alors soixante-seize ans.
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