La tour blanche est le donjon de la tour de Londres, c'est le bâtiment principal de la forteresse. C'est aussi le tout premier bâtiment qui a été construit pour ce lieu, entre 1078 et 1100, mais à l'époque il avait été construit en bois, comme ça se faisait à ce moment. Il faut dire que les techniques permettant la construction en pierre n'était pas encore acquises. C'est Guillaume le Conquérant qui en est à l'origine.
Tour blanche
La tour telle que nous la connaissons fut construite très rapidement, aux alentours des années 1100. Pour l'époque c'était déjà un donjon très impressionnant. Son but était de verrouiller le trafic fluvial de la Tamise, mais surtout s'assurer le contrôle de la ville de Londres, principale ville d'Angleterre et dont la maîtrise permettait d'assoir son autorité sur tout le Sud de l'île. Il y avait trois tours à Londres, mais les deux autres étaient de moindre importance. La tour de Londres, c'était vraiment le verrou de la future capitale britannique.
Architecture extérieure
La tour blanche est un bâtiment d'aspect monobloc, il est formé sur la base d'un plan rectangulaire de 32m par 36 sur 27m de hauteur. Les deux angles Ouest sont dotés d'une tour carrée de petite taille, alors que l'angle Nord-Est est équipé d'une tour ronde contenant l'escalier. L'angle Sud-Est, lui, n'est pas dotée d'une tour mais d'un renflement semi-circulaire : C'est l'effet extérieur de la présence de l'abside de la chapelle, à l'intérieur.
La tour blanche a quatre étages. Le rez-de-chaussée, le premier, le second et le troisième étage, tous d'à peu près 680m2. Comme l'entrée est au premier étage, on appelle parfois le rez-de-chaussée le "sous-sol", d'autant plus que les Anglais, comme les Américains, comptent les étages à partir du sol (seuls les Français le font à partir du 2er niveau) Les 3 niveaux sont construits de la même façon : Une grande pièce à l'Ouest (ce qui permettait d'accéder aux deux tours carrées), une pièce plus modeste au Nord-Est, le reste de l'étage étant formé de la chapelle. Cette dernière traversait tous les étages, du sol au plafond, il y avait donc un mur intérieur qui en faisait le tour pour le séparer des pièces à vivre. Les murs du donjon font 4m d'épaisseur.
L'entrée de la tour blanche se fait au niveau du 1er étage par une porte accessible uniquement par un escalier en bois. A l'époque de la construction il s'agissait probablement d'une échelle, mais le fait d'avoir une entrée en hauteur et un système d'accès amovible est une des caractéristiques des donjons normands, c'était donc un import architectural de Guillaume le Conquérant. Cette entrée fut condamné du XVIe siècle à 1973, entre les deux il fallait passer par une autre entrée, côté Nord, qui faisait entrer le visiteur dans une petite pièce desservant soit le premier étage, soit permettant la montée par l'escalier au niveau supérieur. C'était donc plus pratique, mais moins authentique.
De plus la tour blanche a été construite sur le flanc d'un remblai de faible importance. Cette situation permettait au rez-de-chaussée d'être partiellement enterrée, donc à la fois d'être protégé naturellement mais aussi de rester frais, ce qui est important quand on sait que cette pièce était le cellier. Cette pièce était éclairée par de fines ouvertures des murs extérieurs.
Architecture intérieure
Le rez-de-chaussée de la tour blanche était un cellier, c'est ici qu'était entreprosées les vivres pour tenir le siège, mais aussi et probablement tout ce qui était nécessaire à la vie en autarcie. Son état actuel ne reflète pas sa construction : Le cellier a complètement été refait au XVIIIe siècle. Le sol a été abaissé, les plafonds voûtés en bois ont été remplacées par des voûtes en pierre.
Le premier étage est celui du connétable (responsable de la forteresse) et des officiers. Il était fait sur un plan à 3 pièces : La grande pièce à l'Ouest, qui dessert les deux tours de défense, une petite pièce au Nord-Est (qui servait autrefois d'entrée) et la chapelle. Cette dernière s'étendant sur les 3 niveaux, elle avait une grande hauteur. C'est à ce niveau que l'on pouvait entrer dans la chapelle, on passant par une porte de la pièce au Nord-Est. Cette chapelle était dédiée à St Jean.
Le second étage était fait comme le premier d'une vaste pièce à l'Ouest et d'une petite pièce au Nord-Est, puisque le reste de l'étage était pris par la chapelle. Cet étage était initialement équipée d'une galerie qui en faisait le tour, mais depuis la construction du quatrième étage, elle a disparu. Cet étage était aussi doté d'une belle cheminée normande, une pièce plutôt rare en Grande-Bretagne. Sa fumée était évacuée par des trous juste à côté des murs. A l'origine, il y avait un capot saillant pour maintenir la fumée hors de la pièce.
Enfin le troisième étage, une construction tardive, nécessita la montée du toit qui fut refait à cette occasion. Ces travaux furent engagés vers le XVIe siècle suite à l'amélioration de l'artillerie, une technique de combat qui était plutôt efficace contre les anciennes forteresses. La tour blanche fut donc modifiée pour que son toit puisse supporter le poids des canons qui y furent installés.
Les plans ci-dessous sont ceux de la tour blanche telle qu'elle était avant les modifications à son sommet.
Rez-de-chaussée
1er étage
2e étage
Légende :
1 : Armurerie
2 : Cellier
3 : Crypte
4 : Cellule (A partir du XVIe siècle
5 : Chapelle
Matériau
A l'époque de sa construction, à la fin du XIe siècle, l'Angleterre n'était pas structuré comme de nos jours (bien sûr), pour construire un bâtiment de la taille de la tour blanche, l'approvisionnement en pierre était bien plus complexe que ce serait le cas de nos jours. Les pierres viennent du Kent, une région au Sud-Est de Londre, qui va de l'actuelle capitale à la pointe du pays. C'est une région alluvionnaire proche de l'estuaire de la Tamise. On utilisa aussi une pierre locale à la granulométrie extrêment fine que l'on appelle mudstone (même en français).
Pour les décorations c'est de la pierre de Caen qui a été utilisée, elle fut importée par bateau à travers la Manche. Mais il ne reste quasiment plus rien de ces pierres, elles ont été remplacés au XVIIe et XVIIIe siècle par de la pierre de Portland, une île britannique assez proche de Londres. C'est la couleur de ces pierres qui ont donné son nom au donjon, la "tour blanche".
La plupart des fenêtres de la Tour ont été agrandies au XVIIIe siècle et seulement deux d'entre elles sont toujours les originales. Elles sont dans le mur Sud, au niveau de la galerie.
Les protections
En tant que donjon de la tour de Londres, la tour blanche était la protection ultime pour ceux qui s'y retranchaient. Mais elle était quand même équipée de protections extérieures pour éviter d'être prise trop vite. Dès sa construction la tour fut entourée d'une palissade en bois qui faisait le tour côté Nord et Ouest. A l'Est il y avait l'antique mur romain qui assurait la sécurité, et au Sud la Tamise empêchait toute velléité d'attaque. Nous sommes alors au XIe siècle.
Quand la tour a été reconstuite en pierre, vers la fin du XIe siècle, un mur plus solide fut construit, mais il ne s'agissait toujours que d'une simple muraille faiblement défensive. C'est au XIVe siècle que la tour blanche reçu la protection qu'elle méritait : Une vrai enceinte fortifiée, avec des tours défensives régulièrement réparties. C'était la première campagne de fortification. La seconde arriva deux siècles plus tard, avec la construction d'une seconde enceinte bien plus massive.
Les emplacements pour le stockage des armes ont dû être improvisés sous le règne de Henri VIII. Le toit de la tour blanche fut renforcé pour suporter le poids des canons. En 1530 on y ajouta les fameuses tourelles si caractéristiques, avec leurs dômes en forme d'oignon. C'est un bien curieux décor pour une forteresse médiévale, sachant que cette forme est plutôt l'apanage des moghols de cette époque. L'une des plus jolie preuve se trouve dans la forme du toit du Taj Mahal, qui fut construit approximativement à cette époque (à 100 ans près, quand même...) mais qui utilise cette forme pour son toit. On dit de lui qu'il est bulbeux. (En savoir plus sur le Taj Mahal).
Les collections d'armes
"The Royal Armouries", c'est le nom du plus ancien musée national britannique, il est situé à l'étage inférieur de la tour blanche. Il présente de nombreuses armes et armures royales, des chevaux en bois en taille réelle et de représentation des différents rois, mis en situation. L'énorme armure du roi Henri VIII est exposée aux côtés des armures du roi Charles Ier et de Jacques II. Cette exposition s'appelle "The Line of Kings", ce qui signifie "La lignée des rois".
En savoir plus sur armes et armures de l'exposition 'Line of the Kings'
Quelques prisonniers célèbres...
Ranulf Flambard, évêque de Durham et ministre de Guillaume II, fut emprisonné à la Tour Blanche par le roi Henri Ier le 15 août 1100. Le 2 février 1101 l'évêque fit une évasion audacieuse, descendant de sa fenêtre par une corde que ses amis avaient introduit clandestinement dans un tonneau de vin. Flambard n'a pas été repris et s'est enfuit en Normandie.
En 1255, pendant le règne d'Henry III, un certain nombre de Juifs ont été emprisonnés dans la Tour Blanche, en attente d'exécution pour le prétendu meurtre de Hugh de Lincoln. Dix-huit d'entre eux ont été pendus. En 1270, le sentiment antisémite grandit en Angleterre, culminant dans un décret du roi Edward Ier selon lequel les Juifs constituaient une menace pour le pays et donc tous les Juifs devaient porter une étoile jaune pour être identifiable.
Parmi les autres prisonniers logés dans la Tour Blanche figurent Jean le Bon, roi de France capturé par Edward, le Prince noir, en 1360, et Charles, duc d'Orléans qui fut capturé à la bataille d'Agincourt et emprisonné en 1415.
La chapelle St Jean
Chapelle St Jean
La chapelle St Jean est l'une des deux chapelles de la tour de Londres. Elle, c'est la chapelle médiévale. Elle est intégrée dans la tour blanche, elle fait partie intégrante de son plan. Il s'agit d'une chapelle à nef rectangulaire se terminant par une abside semi-circulaire qui ressort sur la partie extérieure. D'ailleurs, le fait que l'abside ressorte au-dessus des murs du cellier prouve qu'elle a été bâtie plus tard, il s'agit donc d'une modification ultérieure à la construction de la tour blanche.
Cette chapelle est très jolie, elle est entourée de lourds piliers massifs mais dont l'espacement donne une impression aérienne. Pour un lieu à l'intérieur d'un donjon, on peut dire que l'effet est réussi. L'autel est fait avec les mêmes pierres que les murs.
C'est justement en faisant des travaux sur la chapelle St Jean qu'en 1674 les squelettes de deux enfants ont été découverts dans la Tour Blanche, lors de la démolition d'un escalier. Ils étaient contenus dans une boite en bois, enterrés à 3m sous le sol. Ces os sont censés être les restes des princes de la tour, Edward V et son frère frère Richard, le duc d'York. Sur les ordre de Charles II ils furent enterrés 4 ans plus tard dans la chapelle Henry VII à l'abbaye de Westminster. Un monument conçu par Sir Christopher Wren marque maintenant le lieu de repos supposé de ces princes.
En savoir plus sur la chapelle St Jean ou sur les deux princes.
Emplacement
Voir aussi :
Le plan de la tour de Londres avec la liste des bâtiments