Guillaume le Conquérant
Premier roi normand d'Angleterre, Guillaume 1er dit "Le Conquérant", est né en 1028 au château de Falaise, en France. Guillaume était le fils illégitime de Robert "le Diable" ou "le Magnifique", duc de Normandie et de sa maîtresse Herleve (parfois appelée Arlette), la fille de Fullbert, maître de Falaise. Avant que l'histoire ne le nomme "le Conquérant", Guillaume était plus connu de ses contemporains sous le nom de Guillaume le bâtard. Herleve auraient attiré à lui le duc Robert grace à ses capacités de danseuse si l'on en croit certains récits.
La dynastie normande avait été fondée par l'ancêtre de Robert Rollo ou Hrolf the Ganger, un chef viking, qui avait reçu le duché par Charles le Simple, roi de France, en 911, au traité de Saint-Clair-sur-Epte, en échange de son allégeance féodale et de sa conversion au christianisme durant laquelle il prit le nom de Robert.
La mère de Guillaume le Conquérant, Herleve, avait aussi une fille, Adélaïde, du duc Robert. Bien qu'ils aient eu une longue relation, l'écart de leur situation sociale a rendu le mariage hors de question et Herleve fut marié à l'un des vassaux de Robert, Herluin, un chevalier. De ce mariage, Herleve a eut deux autres fils, Robert, qui devint plus tard le comte de Mortain et d'Odo, destiné à devenir évêque de Bayeux et duc de Kent. Il joua par la suite un rôle important dans l'histoire d'Angleterre.
Guillaume le Conquérant, duc de Normandie
Le duc Robert décida d'expier ses péchés, qui étaient nombreux, grâce à un pèlerinage fait en 1034. Comme il n'avait pas d'héritier légitime pour le succéder, il a persuadé ses barons indisciplinés d'accepter l'illégitime Guillaume le Conquérant comme futur duc de Normandie. Lors de son voyage de retour de Terre Sainte, Robert mourrut subitement et le jeune Guillaume le Conquérant réussit alors à conserver le duché grace à la volonté de son père et avec l'appui de son grand-oncle Robert, l'archevêque de Rouen faisant office de régent.
Les barons ne fournissaient aucune fidélité à l'enfant et, par la suite, Guillaume le Conquérant grandit dans l'école de l'adversité. Il a dû apprendre, très tôt, comment survivre. Les barons se rebellèrent constamment et l'anarchie règna en Normandie pendant les années de la minorité de Guillaume le Conquérant. Les gardiens de Guillaume le Conquérant furent assassinés successivement. Au début, la garde du jeune duc fut donnée au duc Alan de Bretagne, mais après sa mort, Gilbert de Brionne prit la charge de Guillaume. Gilbert fut tué en quelques mois, et un autre gardien, Turchetil, a également été tué au moment de la mort de Gilbert. Osbern, neveu de Gunnor, l'épouse du duc Richard 1er, a été tué alors qu'il gardait sa porte. Son oncle maternel, Walter, à un moment donné, dut cacher l'enfant parmi les personnes démunies. En 1046, le cousin de Guillaume, Guy de Bourgogne, conduisit une rébellion en Normandie et tenta de se saisir de Guillaume à Valognes, l'obligeant à chercher refuge auprès du roi Henri de France. Guillaume le Conquérant a été modelé par cette enfance sauvage et insécurisée , et c'est un caractère fort et solide qui émergera plus tard.
En 1047, Guillaume revint en Normandie et affirma son autorité, écrasant les rebelles à Val-es-Dunes, après quoi il rétablit l'ordre dans son duché. A Alencon, les bourgeois insultèrent sa naissance en accrochant des "peaux pour le tanneur" sur les murs. Lorsqu'il prit la ville, il exigea une terrible revanche : Les mains et les pieds des traitres furent tranchés. C'est à cette époque que Guillaume commença à devenir le maître incontesté de toute la Normandie.
Statue de Guillaume
Il mûrit et devint un grand gaillard solide. Il avait les cheveux roux. Sa voix était rude et guturale. Guillaume le Conquérant possédait sans aucun doute des pouvoirs considérables de meneur d'hommes et de courage. Il était fidèle et inspiré par ses partisans, mais pouvait aussi être impitoyable et cruel. Guillaume de Malmesbury nous fournit une description détaillée du roi dans son "Historia Anglorum" :
Il était de taille et de corpulence ordinaire, de physionomie féroce; Son front était nu; D'une si grande force de bras qu'il était souvent surprenant que personne ne puisse tirer son arc, qui lui-même pourrait se pencher lorsque son cheval était en plein galop; Il était majestueux qu'il soit assis ou debout, bien que la protubérance de son ventre ait déformé sa personne royale; D'une excellente santé, de sorte qu'il n'a jamais été confiné avec un trouble dangereux, sauf à la fin; Ainsi donné aux plaisirs de la poursuite, que, comme je l'ai dit précédemment, éjectant les habitants, il a laissé un espace de plusieurs milles pousser de la désolation que, dans la liberté d'autres occupations, il pourrait poursuivre ses plaisirs.
Son inquiétude pour l'argent est la seule chose sur laquelle il peut être blâmé. Il cherchait toutes les occasions de racler, il ne se souciait pas de comment; Il dirait et ferait des choses et, en fait, presque n'importe quoi, inconvenant à une si grande majesté, où l'espoir de l'argent l'attirait. Je n'ai ici aucune excuse pour offrir, à moins que ce ne soit, comme on l'a dit, qu'il faut qu'il en faut craindre beaucoup, que beaucoup craignent.
Guillaume le Conquérant a négocié un mariage en 1049 avec Matilda de Flandre, descendant de l'ancienne maison saxonne de Wessex et fille de Baldwin, comte de Flandre et Adela, fille de Robert II, roi de France. La tradition raconte que lorsque le duc Guillaume le Conquérant a envoyé des représentants au tribunal de son père pour demander la mise en mariage de Matilda, elle a répondu en informant fièrement le représentant qu'elle était trop bien né pour envisager de se marier avec un bâtard. Furieux lors de la réception de cette réponse, Guillaume le Conquérant se rendit à Bruges, où il se confronta à Matilda en allant à l'église, il la tira de son cheval et la jeta dans la rue devant ses préposés et s'en alla. Une autre version de la légende stipule qu'il est allé à la cour de son père, à Lille, a défilé dans sa chambre et l'a jetée au sol dans sa chambre et l'a frappée. Sur quoi on dit que Matilda a refusé de se marier avec qui que se soit, sauf Guillaume. Il formait ensemble un couple mal assorti, lui étant relativement grand et fort et elle plutôt chétive. Il en est sorti toutefois de nombreux enfants.
La conquête de l'Angleterre
Le duc de Normandie visita son cousin anglais, Edward le Confesseur, en 1051. Edward et son frère Alfred avaient passé une grande partie de leur enfance en exil en Normandie et leur mère, Emma, était une fille de la Maison de Normandie. Au cours de cette visite, Edward prétendit avoir promis à sa cousine normande la couronne d'Angleterre, s'il devait mourir sans héritier. Mais le véritable héritier était Edgar l'Atheling, l'arrière-neveu d'Edward, le petit-fils de son frère aîné Edmund, mais il était encore qu'un enfant et connaissait peu l'Angleterre, ayant passé sa vie en exil en Hongrie. D'autres personnes convoitaient également le trône anglais, le principal candidat étant Harold, fils du puissant Godwine, comte de Wessex dont la sœur Edith était mariée au roi Edward le Confesseur.
Harold a malheureusement fait naufrage sur la côte de Normandie, où il s'est retrouvé l'invité du duc Guillaume le Conquérant. Il était peu probable que le Confesseur survive longtemps et Harold était impatient de retourner en Angleterre pour y transmettre ses ambitions. Cependant, avant qu'il permette à son invité de partir, Guillaume le Conquérant l'a obligé à prêter serment pour soutenir sa prétention à la couronne lors de la mort d'Edward. Sous la contrainte, Harold a finalement consenti et a juré le serment sur de saintes reliques.
Edward le Confesseur a finalement expiré en janvier 1066 et a été enterré dans la fondation de St Pierre à Westminster, qui avait été consacrée juste dix jours auparavant. On a signalé que, sur son lit de mort, il avait désigné Harold comme son successeur qui a été dûment accepté comme roi par le Saxon Witangemot ou le conseil des anciens, qui élit traditionnellement le prochain roi anglais.
De retour en Normandie, à la réception de cette inquiétante nouvelle, le duc Guillaume s'enflamma. Il commença à construire une flotte pour une invasion, voulant prendre par la force ce qu'il considérait comme son bien de plein droit. Le pape lui-même, en raison du serment d'Harold sur les saintes reliques, soutint l'entreprise de Guillaume. Après que Harold eut été couronné par l'archevêque Stigand, une étoile a été vue dans les cieux. De nos jours on sait qu'il s'agissait de la comète de Halley, mais à cette époque de grandes superstition on a vu ça comme un présage de la colère de Dieu sur ce roi parjuré d'Harold et de ses disciples.
Harold rassembla alors le fyrdd, la milice des hommes libres, en prévision de l'arrivée imminente de Guillaume le Conquérant. Le duc de Normadie, lui, préparait sa flotte et attendait le bon temps pour se diriger vers l'Angleterre. À la mi-septembre, Harold Hardrada, roi de Norvège, envahit l'Angleterre, accompagné de Tostig, comte de Northumbria, le frère insouciant et mécontent de Harold qui avait déjà été banni et dont les confessions avaient été confisquées.
Harold marcha avec son armée vers le Nord pour parer les envahisseurs à Stamford Bridge, dans le Yorkshire, où il remporta une victoire décisive sur l'armée viking. Et c'est à cette époque que Guillaume lança son attaque contre l'Angleterre, travesant la Manche avec sa flotte. Les nouvelles de son débarquement à Bulverhythe furent transmises à Harold, qui y répondit en se précipitant vers le Sud, ne donnant à son armée épuisée aucun répit. Si Harold avait pu se reposer et se réorganiser, le résultat de la bataille imminente et de l'histoire de l'Angeleterre auraient été différent.
Le 14 octobre, les forces saxonnes et normandes s'affrontèrent lors de la bataille d'Hastings. Harold prit une position défensive sur Senlac Ridge. L'armée normande était donc forcée d'attaquer en montée, les plaçant dans un désavantage. L'armée saxonne forma un mur de boucliers au bord de la colline qui repoussérent les attaques normandes répétées. Une rumeur surgit dans les rangs des Normands que le duc Guillaume tait mort, provoquant la panique. Beaucoup de Saxons les poursuivirent jusqu'en bas de la colline. Guillaume le Conquérant apparut alors, prenant le leadership sur ses troupes. Toujours vivant, ses soldats redoublèrent de confiance et attaquèrent en masse. Les frères Gyrth et Leofwine d'Harold furent tués sur le champ de bataille. Cette bataille continua pendant la plus grande partie de la journée, Harold et ses Saxons se battant avec une forte détermination pour la conservation de leur pays. Lorsque le crépuscule tomba sur Hastings, Guillaume le Conquérant ordonna à ses archers de tirer haut dans l'air. Une des flèches aurait frappé Harold aux yeux, l'aveuglant (Ce point de l'histoire est contesté). Toujours est-il qu'Harold est tombé, mortellement blessé, sous la puissance de Guillaume.
L'armée saxonne, voyant que la bataille était perdue, a commencé à fuir le champ. Les soldats d'Harold ont loyalement et courageusement défendu le corps de leur Roi à la dernière attaque, mais ils ont fini par tomber et le corps d'Harold a été mutilé par les Normands, un acte vindicatif que Guillaume le Conquérant a punis. La bataille a été perdue et l'Angleterre anglo-saxonne est morte avec Harold sur le champ de bataille ce jour-là.
La maîtresse profondément affligée de Harold, Edith Swan-neck est venu à Guillaume le Conquérant plaidant pour le corps de son amant en lui offrant son poids en or en échange, mais Guillaume le Conquérant a froidement refusé sa demande désemparée. Il avait enterré Harold dans un endroit secret. Guillaume le Conquérant se rendit à Londres, où il fut couronné roi d'Angleterre à l'abbaye de Westminster, le jour de Noël de 1066.
Dans l'ensemble, le sud de l'Angleterre fut soumis aux Normands alors que le nord résista plus longuement. Guillaume le Conquérant a répondu aux rebelles en soumettant les anglais à la terreur. Déterminé à punir et à écraser la rébellion durant son règne et à frapper par la peur le coeur des anglais, il a spolié de vastes étendues du Yorkshire, qui du coup a subi une grande famine pendant neuf ans. Il a récompensé ses soutiens normands et français en leur distribuant les terres confisquées.
La conquête du Nord
En 1068, les frères Edwin et Morcar, deux comtes, se soulevèrent. Ils avaient le soutien de Gospatric. Guillaume le Conquérant marcha à travers le territoire d'Edwin et construisit un château à Warwick. Edwin et Morcar se soumirent, mais Guillaume le Conquérant continua jusqu'à York, construisant des châteaux à York et Nottingham avant de retourner vers le sud. Lors de son voyage vers le sud, Guillaume le Conquérant a commencé à construire d'autres châteaux à Lincoln, à Huntingdon et à Cambridge et a placé ses partisans en charge de ces nouvelles expressions visibles du pouvoir normand en Angleterre, parmi lesquelles Guillaume Peverel, considéré comme son fils illégitime, à Nottingham et Henry De Beaumont à Warwick.
En 1069, Edgar Atheling se révolta contre le règne de Guillaume le Conquérant et attaqua York. Bien que Guillaume soit rentré à York et y avait construit un autre château, Edgar est resté libre et, à l'automne de cette année, il s'est associé avec le roi Sweyn du Danemark. Le roi danois a amené une grande flotte en Angleterre et a attaqué non seulement York, mais Exeter et Shrewsbury. York a été prise par les forces combinées d'Edgar et Sweyn. Edgar a été dûment proclamé roi d'Angleterre par ses partisans saxons, mais Guillaume le Conquérant a répondu avec hâte, en ignorant une révolte dans le Maine. Il porta symboliquement sa couronne dans les ruines d'York le jour de Noël 1069, puis marcha vers la rivière Tees, ravageant la campagne environnante alors qu'il se dirigeait vers le nord. Edgar fuit en Ecosse, où Malcolm III, le roi des Écossais était marié à sa sœur Margaret. Waltheof, comte de Northumbrie, qui avait rejoint la révolte, se soumit à Guillaume et, avec Gospatric furent pardonnés et autorisés à conserver leurs terres. Mais la vengeance de Guillaume le Conquérant n'a pas été rassasiée, il a alors défilé sur les Pennines pendant l'hiver et a défait les rebelles restants à Shrewsbury avant de construire deux autres châteaux à Chester et Stafford.
En 1070, l'héroïque Hereward the Wake s'est levé dans une rébellion contre la domination normande centrée sur l'île d'Ely. Guillaume le Conquérant conduisit alors une armée à Ely, où Hereward, rejoint par une petite armée dirigée par Morcar, l'ancien comte saxon de Northumbrie, prit une position désespérée. Finalement, les normands ont soudoyé l'abbé Thurstan d'Ely pour révéler une route sûre à travers les marais, ce qui a entraîné la prise d'Ely. Morcar a été capturé et emprisonné, mais Hereward a réussi à s'échapper dans la vallée sauvage pour continuer sa résistance.
Guillaume le Conquérant avait des règles qui, par certains côtés, étaient très modernes mais aussi assez cruelles, mais en définitive ses méthodes produisaient les résultats souhaités et il éteignait les feux de l'opposition dès qu'ils se présentaient. Beaucoup de châteaux et de gardes ont été construits à travers le pays pour faire respecter son règne, à l'origine des tours en bois ou des mottes de terre (plus de 80 chateaux ont été créés pendant le règne, y compris la Tour Blanche). L'ombre dominante de la Tour Blanche apparaissait, menaçante, sur la Londres médiévale, expression visible du pouvoir normand.
L'Angleterre anglo-saxonne a été radicalement modifiée suite à la conquête normande, elle a changé tout le mode de vie établi dans le pays depuis des siècles. Ses lois, l'aristocratie et l'église ont été modifiées et il a introduit le système féodal français. La langue anglo-saxonne a été remplacée par le français normand en tant que langue des classes supérieures, et on constate que l'anglais moderne est la conséquence naturelle de ces deux langues.
Le système normand féodal que Guillaume introduisit en Angleterre était une structure hiérarchique compliquée au sommet duquel se trouvait le roi. Les seigneurs tiennaient leurs terres du le roi en échange de l'hommage et de l'assistance militaire qui leur étaient apportés en cas de besoin. La conversion de New Woods en un terrain de chasse royal de Guillaume le Conquérant a vu l'introduction de lois forestières sévères, ce qui a provoqué un grand ressentiment parmi les Anglo-Saxons. Guillaume le Conquérant a changé les lois de l'Angleterre et a infligé des punitions exemplaires aux délinquants. Le meurtre est devenu un crime officiellement punissable en Angleterre et l'esclavage a été aboli.
La Tapisserie de Bayeux
Le demi-frère du roi, Odo, évêque de Bayeux, a commandé une tapisserie pour commémorer la victoire de son frère en 1078. Elle représente une série de scènes menant à la conquête de l'Angleterre. En commun avec d'autres tentures brodées du début de la période médiévale, cette pièce est classiquement appelée "tapisserie", bien que ce ne soit pas une véritable tapisserie dans laquelle le dessin est tissé dans le tissu; c'est en fait une broderie. Les titres sont inclus dans de nombreuses scènes pour indiquer les noms des personnes et les lieux ou pour expliquer brièvement l'événement représenté.
Tapisserie de Bayeux
The Domesday Book
En décembre 1085, Guillaume le Conquérant décida de mener une enquête sur l'étendue de ses domaines pour maximiser l'imposition. Tous les seigneurs et barons normands que le roi Guillaume a accordés en Angleterre ont reçu l'ordre de recueillir des informations sur leurs domaines, qui devaient être envoyés aux conseillers de Guillaume le Conquérant. Les fonctionnaires ont ensuite été expédiés dans les 34 comtés qui ont ensuite constitué le royaume d'Angleterre pour vérifier l'information et tenter d'obtenir plus. Les fonctionnaires ont été chargés de poser des questions précises sur la localisation des biens et des terres, leurs appartenances, leurs occupations, la taille des troupeaux qui y étaient entretenus, etc.
Pour chaque propriété foncière individuelle les réponses ont été controversées afin de découvrir aussi combien la terre valait réellement sous le règne d'Edouard le Confesseur, avant la conquête. Les propriétaires témoignèrent sous serment des membres de l'autorité royale, ou des barons. Le travail a été rendu plus difficile par le fait que la plupart de la population d'Angleterre parlait anglais anglo-saxon ou ancien à l'époque alors que les fonctionnaires de Guillaume le Conquérant ne parlaient que Français-Normand. Cette enquête unique fut connue dans l'histoire comme le "livre Domesday". Le livre Domesday nous est parvenu , il est au "Public Record Office de Londres" et est un document extraordinaire pour son époque.
La mort de Guillaume le Conquérant
Les dernières années de la vie de Guillaume le Conquérant ont été consacrées à se battre en Normandie. Parmi ceux avec qui il s'est confronté, il y eut Robert, son fils ainé rebelle. Lors d'une bataille en janvier 1079 Robert blessa Guillaume le Conquérant, ne cessant son attaque uniquement lorsqu'il reconnu la voix de son père. Humilié, le roi Guillaume maudit son fils puis leva le siège et retourna à Rouen.
À Pâques 1080 une réconciliation entre père et fils a été proposée par la reine Matilda. La famille a été réunie à Breteuil, dans le nord de la France, pour des célébrations marquant les fiançailles de Guillaume le Conquérant et Matilda, la fille de 14 ans, Adela, à Stephen, le comte de Blois. Matilda a ensuite encouragé Guillaume le Conquérant à faire la paix avec son demi-frère éloigné, Odo, l'évêque de Bayeux.
Quand Matilda est tombé gravement malade Guillaume le Conquérant se précipita vers la Normandie pour être à son chevet. Il a écrit à Robert au Château Gerberol, lui demandant de venir immédiatement à Rouen. Matilda est décédée à Caen, en novembre 1083 au début de la cinquantaine, suite à une maladie persistante. Son mari fut à son chevet pour la dernière confession. Suite à sa volonté, elle laissa de grandes quantités d'argent aux pauvres et son sceptre royal et sa couronne à l'abbaye Sainte-Trinité. Elle a été enterrée dans le chœur de la Sainte Trinité, l'Abbaye aux Dames, sa fondation, à Caen, en Normandie.
Le 9 septembre 1087, tout en parcourant les ruines ardentes de la ville de Mantes, dans ce qui doit lui être apparu comme un acte de rétribution divine, Guillaume le Conquérant a été éjecté de son cheval quand il a foulé des cendres brûlantes et a subit un sévère blessure abdominale. Le roi, âgé de cinquante-neuf ans et mortellement blessé, fut transporté au couvent de Saint-Gervais à Rouen, la capitale normande. Là, il a convoqué ses fils plus jeunes, Guillaume et Henry, sur son lit de mort. Robert, lui, était resté à la cour de France. Guillaume le Conquérant a confessé ses péchés et a demandé le pardon. Son trésor a été distribué aux églises et aux pauvres, "afin que ce que j'ai accumulé par des actions mauvaises puisse être assigné aux usages saints des hommes bons".
Tombe de Guillaume
L'Angleterre a été léguée à son deuxième fils survivant et préféré, Guillaume Rufus et, malgré ses amères différences avec Robert, il lui a cédé la Normandie. Pour Henry, le plus jeune fils, plus tard destiné à hériter de tous ses territoires, il a laissé 5 000 livres d'argent. Il aurait ruminé et se repentirait de ses nombreux péchés, de ses transgressions et de ses cruautés, à la fin de sa vie. Il essaya de nettoyer sa conscience avant de se préparer à rencontrer son créateur et de craindre pour son âme immortelle, il ordonna que le trésor qu'il possédait à Rouen soit donné à l'Eglise et aux pauvres et que l'on pardonne à ses ennemis. Guillaume le Conquérant est mort le 9 septembre 1087, après avoir régné sur l'Angleterre durant 21 ans.
Il a été enterré au monastère de St Stephen à Caen, en Normandie, une abbaye qu'il avait précédemment fondée en tant qu'acte de repentance pour son mariage consanguin avec Matilda de Flandre. Le corps dut être brisé puisqu'il ne parvenait pas à entre dans le sépulcre, taillé trop court par les tailleurs de pierre. De plus la cérémonie d'enterrement fut interrompue par un chevalier dépossédé. Une dalle de pierre avec une inscription latine, dans l'église abbatiale de Caen, marque aujourd'hui encore le lieu d'enterrement du premier roi Normand d'Angleterre. Sa tombe a depuis été profanée deux fois, une première fois au cours des guerres de religion françaises (ses os ont été éparpillés à travers Caen) et une seconde pendant les événements tumultueux de la Révolution française (le tombeau du Conquérant fut à nouveau dépouillé).