La République arabe d'Egypte est un pays situé au Nord-Est de l'Afrique qui a pour particularité d'avoir une partie de son territoire au Moyen-Orient, la région du Sinaï. Caractérisé par un territoire essentiellement désertique, il est traversé par le plus long fleuve d'Afrique, le Nil, véritable cordon liant les différentes régions du pays et le long duquel vit l'essentiel de la population.
Avec une population de 96 millions d'habitant pour à peu près 1 million de kilomètres carrés de superficie, sa densité connait de grande différence entre les zones désertiques et urbanisées, ces dernières se développants à grande vitesse. Le régime politique de l'Egypte est la République. Le pays est indépendant depuis le 28 février 1922.
Une des caractéristiques de l'Egypte est la longueur de son histoire. Commençant dès -3200 avant JC, au moment de l'unification des peuples du delta du Nil et de ceux de Nubie, la civilisation qui va naître de cette fusion connaîtra trois empires séparés par des périodes intermédiaires d'affaiblissement ou de disparition du pouvoir central, avant d'être phagocyté par l'empire romain, durant l'antiquité. Cette longévité exceptionnelle est mise en valeur par l'existence, de nos jours encore, de nombreux témoignages de cette lointaine époque dont les pyramides sont les témoins les plus connus.
Une certaine vision de l'Egypte moderne...
Avec ses files ininterrompues de voitures, ses taxis brinquebalants et ses immeubles modernes, la cité du Caire, capitale de l'Egypte, provoque aujourd'hui une sensation d'etouffement. La gestion des ordures est devenue un problème crucial dans une ville qui compte aujourd'hui plus de 16 millions d'habitants et n'en finit pas de se développer.
Au milieu des concerts de klaxons, subsiste pourtant un Caire traditionnel dont le charme s'apprivoise au gré des flâneries dans les quartiers anciens. Des charrettes de fruits et légumes circulent encore dans les mêmes ruelles étroites et les petits métiers pittoresques qui ont fait le bonheur des écrivains orientalistes du XIXe siècle s'exercent toujours : limonadier, cireur de chaussures, fabricants de nattes ou de paniers, repaseurs ou ferblantier... Venu s'émerveiller devant les pyramides et le trésor de Toutankhamon au musée Egyptien du Caire, le visiteur oublie trop souvent de s'attarder sur les merveilles de l'architecture islamique. Les mosquées succèdent aux caravansérails, les minarets rivalisent de finesse et d'équilibre. Une véritable leçon d'histoire dans une capitale qui est devenue une ville phare dans l'agitation du monde arabe contemporain.
Sans le Nil, père des fleuves, éternel et nourricier, l'Egypte ne serait qu'une immense étendue désertique. C'est donc tout naturellement sur ses berges que s'est développée la vie dès la préhistoire et que les architecxtes des pharaons ont construit temples et tombes. En 1828, Champollion et son équipe remontèrent le fleuve jusqu'à Abou Simbel à bord d'un mâasch et d'une dahabieh - une ancienne barque d'apparat mamelouk dont on peut encore voir quelques modèles naviguer sur le Nil. Dans leur sillage, les riches voyageurs du XIXe siècle empruntèrent le même type d'embarcation pour découvrir à leur tour les merveilles de l'Antiquité. Le confort précaire de ces croisières solitaires a désormais cédé la place à de grosses unités modernes.
A défaut d'un plongeon dans les eaux du Nil, fortement déconseillé, on se rafraîchit dans la piscine aménagée sur le pont. Mais le charme demeure intact et tous ceux qui ont fait le voyage l'affirment, une croisière sur le Nil ressemble à la projection d'un long film dont les scènes empruntent au quotidien pharaonique. Comment ne pas être saisi, en effet, lorsqu'on observe les fellahs, les paysans égyptiens maniant la selouka, cette houe à large lame que les artistes du Nouvel empire (1539-1069 avant JC) avaient déjà peint avec talent sur les parois des temples...
Le matin, les enfants prennent leur bain dans les eaux du fleuve, n'hésitant pas a savonner les chameaux ou les ânes. Les femmes bavardent en lavant leur linge coloré sur les berges. Les pêcheurs tentent d'attraper des boltis, les perches grasses dont raffolent les Egyptiens. A l'aide d'un lourd bâton, le corps à demi-immergé, un jeune garçon frappe les eaux pour rabattre les précieux poissons dans les filets.
Abydos, Dendera, Louxor, Karnak, la vallée thébaine, Esna, Edfou, Kôm Ombo, Kalabsha, la liste serait longue des temples et nécropoles de l'antique Egypte qui firent l'émerveillement de Champollion. Comme lui, on tombe en admiration devant les 134 piliers de la salle hypostyle du temple de Karnak, véritable forêt de colonnes. Comme lui, on ne peut que se comparer à des Lilliputiens constatant "qu'aucun peuple ancien no moderne n'a conçu l'art de l'architecture sur une échelle aussi sublime, aussi large, aussi grandiose". Comme lui, on s'extasie sur les bas-reliefs du charmant petit temple insulaire de Philae... L'archéologue avait toutefois l'avantage sur le commun des voyageurs d'aujourd'hui de lire "comme dans un livre ouvert" les textes hiéroglyphiques gravés quelques trois mille ans auparavant. Après quinze siècle de silence, ces monuments lui parlèrent à nouveau. Et quelle proxilité ! Il suffit de pénétrer dans la vallée des Nobles, nécropole de la rive Ouest du Nil à Louxor où sont enterrés les dignitaires du Nouvel Empire, pour comprendre la fascination exercée par la civilisation égyptienne. Aucun peuple au monde ne s'est exprimé avec autant de talent et d'ardeur, en images comme en écrits, et sur une aussi longue période. L'émotion est grande devant les pleureuses immortalisées sur un mur de la tombe de Ramose qui se jettent du sable sur le visage pour exprimer leur chagrin. Ou devant ces élégantes jeunes filles échevelées qui semblent se déhancher sur des rythmes soutenus dans la tombe de Kherouef. Dans celle de Sennefer, des grappes de raisin noir attendent qu'on les cueille tandis que Rekhmirê montre ébénistes, peintres et sculpteurs au travail. Si la visite des tombes des nombres évoque une vie légère et insouciante, ponctuée par les crues du Nil, tout autre est l'impression ressentie dans les sépultures des pharaons. Uniquement décorées de scènes à caractère religieux, elles nous présentent un monde inconnu, parfois hostile. C'est le passage vers la vie d'outre-tombe que les anciens Egyptiens voulaient atteindre après leur mort.
Champollion qui poussa la passion jusqu'à dormir dans la tombeau de Ramsès IV, fut sans doute le premier à mesurer l'ampleur de leur fascination pour l'au-delà, voyant dans la religion "la base immuable de toute l'organisation sociale". Les pharaons emportaient avec eux tous les éléments indispensables à leur vie éternelle : aliments, mobilier, amulettes, coffres et bijoux en or, statues ... Sur les murs des tombes, les grands prêtres faisaient inscrire "le mode d'emploi" nécessaire pour pénétrer dans cet infra-monde : prières, hommages aux dieux du royaume des morts, formules. Sans la découverte de la tombe de Toutankhamon, la seul à avoir échappé aux pilleurs de l'Antiquité, on ignorerait probablement l'existence de ces trésors souterrains. Quand on sait que ce pharaon mourut jeune et après un règne somme toute assez modeste, on a peine à imaginer ce que devait être le trésor de Ramsès II qui fut à la tête du royaume d'Egypte pendant 67 ans...
Le plus célèbre des pharaons a laissé des traces somptueuses dans Thèbes, la capitale de l'Egypte connue aujourd'hui sous le nom de Louxor. La ville était séparée en deux rives, celle des morts, à l'ouest, qui abritait les nécropoles et celle des vivants, à l'est, qui concentre aujourd'hui la ville moderne. A Thèbes était célébré le culte d'Amon-Rê, un Dieu tout-puissant et redouté.
Les temps ont changé. Les habitants n'ont plus peur de ce qui se passe derrière les murs du temple - à part peut-être des quelques sectes se réclamant d'un dieu solaire qui viennent régulièrement en pélerinage ! Mais au fil des siècles, l'allée des Sphinx qui reliait le temple de Karnak à celui de Louxor a disparu. On murmure que leurs occupants devraient bientôt être expulsés pour reconstituer le prestigieux chemin.
Tout au sud, comme une apothéose, le temple d'Abou Simbel, "Ipsamboul" comme on le nommait au temps de Champollion, surgit au milieu du désert de Nubie, au bord des eaux du lac Nasser qui faillirent le submerger en 1960 lors de la construction du Haut-barrage d'Assouan. L'étude de deux papyrus provenant du temple avait permis au Français de confirmer ses hypothèses à propos des hiéroglyphes en 1822. C'est donc avec émotion qu'il pénétra dans ce sérail de l'egyptologie. "Le travail que cette excavation a coûté effraie l'imagination", nota le scientifique, impressionné par la démesure de l'édifice construit par Ramsès II. Pour les milliers de touristes qui défilent ici chaque mois, le choc reste le même devant la façade du grand temple et ses quatre statues colossales à l'effigie du pharaon, directement taillées dans la falaise. L'intérieur est, il est vrai, tout aussi spectaculaire.