Les jardins suspendus de Babylone sont un ensemble de jardins situé dans l'antique cité de Babylone, en Irak. La principale difficulté rencontrée à leurs sujets est le manque de sources documentaires. Les documents qui nous sont parvenus sont non seulement rares, mais peu fiables car il s'agit systématiquement de témoignages, c'est à dire de récits tirés de documents antérieurs à leurs rédactions. Si on ajoute le contexte historique peu favorable à la conservation d'informations orales ou écrites (Cette région du monde souvent été instable, et pendant de longues périodes), et la rumeur transmise oralement d'un mythique endroit où un jardin serait suspendu en l'air, on obtient toutes les conditions favorables pour ne pas pouvoir décrire un monument vieux de 2600 ans.
Et pourtant ces documents associés aux recherches archéologiques - plutôt infructueuses - permettent d'estimer ce à quoi ils ressemblaient. Mais avant ça, il faut parler des auteurs grecs et romains sur lequels les spécialistes se basent.
Jardins de Babylone
Les auteurs antiques
Il existe 5 sources documentaires sur les jardins de Babylone. Deux sont particulièrement reconnus, celle de Flavius Josèphe, historiographe romain du Ier siècle et celle de Diodore de Sicile, historien du Ier siècle avant JC. Les autres sont le géographe Strabon au Ier siècle avant JC, Quinte Curce, historien romain du Ier siècle et Philon de Bysance, du IIIe siècle avant JC.
Les historiens se posent constamment la question de la fiabilité de leurs écrits respectifs, vu que chacun a pu avoir des intérêts divergents mais surtout des informations erronées. Toujours est-il que c'est sur la base de ces cinq auteurs que la description suivante est basée.
Un jardin réellement suspendu ?
Avant tout il faut savoir que le mot "suspendu" n'a aucun sens quand on parles des jardins. Ces jardins n'étaient pas suspendus, ils n'auraient pas pu l'être, au vu du poids qu'ils représentaient. Cette expression est issue de la description de Philon qui livre plus une image iréelle du monument qu'une réelle description dans son ouvrage, "De septem orbis spectaculis". Il décrit un jardin flottant dans l'air, et c'est cette image qui marque fortement les esprits qui s'est propagée jusqu'à nous.
En réalité ils étaient en hauteur, sur un bâtiment, c'est ce qui leur donnait cette impression de flottement.
Le soubassement
Si il y a bien un point commun entre les différentes descriptions, c'est bien que ces jardins étaient installés sur une structure construite par l'homme, en hauteur donc. Le plan était carré d'environ 120m de côté. Du sol des colonnes maintenaient un plafond au-dessus duquel les jardins étaient installés. Ces colonnes ne sont pas sûres, il était possible que se soit des simples murs, épais et solide, mais les colonnes sont beaucoup plus probables car elles permettaient de faire une voûte - décrite par Strabon, unique auteur à le faire. Et on sait que la voûte permet de répartir les charges sur les colonnes de façon bien meilleures que si le plafond avait été plat. En fait, un plafond plat est tout simplement impossible, la charge était trop lourde pour que l'ensemble ai tenu debout. C'est pourtant ce que décrit Quinte-Curce (un plafond en pierre au-dessus duquel la terre a été étalée).
Au-dessous il y avait donc une vaste salle parsemée de colonnes très rapprochées extrêment sombre. Cette salle, selon Diodore de Sicile, servait à entreposer des choses, c'était une réserve. L'archéologue allemand Koldewey qui effectua plusieurs campagnes de fouilles décrit cette salle comme étant divisée en 14.
Le matériau utilisé est la brique pour Strabon, c'est en accord avec les habitudes des constructions de l'époque, pour la civilisation babylonienne. Par contre les autres citent la pierre, un matériau bien moins utilisé.
L'architecture
Au-dessus du plafond il y avait une succession de terrasses étagées. Le nombre de terrasses est inconnu, certaines représentations du XIXe siècle en montrent 6, mais cette information n'est pas basée sur des données fiables. Toujours est-il que depuis qu'on représente ce monument, on le fait avec plusieurs terrasses. A noter qu'en grec ancien la grammaire distingue l'unicité, la dualité et la multiplicité. Or dans les textes les grecs utilisent la multiplicité, preuve qu'il y avait au moins 3 terrasses.
Toutes les terrasses devaient faire monter le bâtiment à une certaine hauteur, impossible à dire de nos jours. Quinte Curce estime le sommet à la hauteur des remparts de la ville. On est prêt à le croire mais il faudrait connaître la hauteur des remparts de Babylone car Strabon et Diodore la fixe à 22m et Hérodote à 100m, ce qui est abbérant mais marque surtout le manque de fiabilité des informations de l'époque.
Les jardins
Aucun des auteurs ne donnent d'information sur les jardins eux-mêmes. Une description indique que les terrasses étaient recouvertes d'une forêt d'arbres, mais c'est la seule indication que l'on a et encore une fois tant qu'on ne l'aura pas recoupée soit avec d'autres documents, soit avec des constatations archéologiques ce n'est pas fiable. On ignore donc les essences d'arbres plantés et comment les jardins étaient structurés. Etait-ce des jardins doptés ou au contraire simulant la nature ?
Le jardin nécessitait probablement beaucoup d'eau. Celle-ci était amenée par un système mécanique (toujours à prendre au conditionnel, ce n'est pas sûr). Selon Strabon il s'agirait d'une vis sans fin actionnées par des hommes. L'eau arrivait de l'Euphrate par un ingénieux système de canalisations.
Voici pour finir la description de Strabon, géographe grec du Ier siècle, dans son livre "Geographie", tome XVI.
Ce jardin, immense carré de 4 plèthres de côté, se compose de plusieurs étages de terrasses supportées par des arcades dont les voûtes retombent sur des piliers de forme cubique. Ces piliers sont creux et remplis de terre, ce qui a permis d'y faire venir les plus grands arbres. Piliers, arcades et voûtes ont été construits rien qu'avec des briques cuites au feu et de l'asphalte. On arrive à la terrasse supérieure par les degrés d'un immense escalier, le long desquels ont été disposées des limaces ou vis hydrauliques, destinées à faire monter l'eau de l'Euphrate dans le jardin, et qui fonctionnent sans interruption par l'effort d'hommes commis à ce soin.
Voir aussi :
Plus d'informations sur les Jardins suspendus de Babylone