Le Christ rédempteur, sur le mont Corcovado, à rio-de-Janeiro, est une statue monumentale à vocation religieuse. Elle fut installée durant la première moitié du XIXe siècle pour fêter le centenaire de l'indépendance du Brésil, mais tout comme la Statue de la Liberté, à New-York, elle fut inaugurée quelques années plus tard.
Cette statue a failli ne jamais voir le jour tellement le projet de sa construction fut remis en cause. Du croquis initial, quasiment impossible à réaliser, aux difficultés techniques de la construction, il y avait toujours un motif pour ne pas arriver à faire ce qui était prévu. Mais la statue est bien là, de nos jours, preuve de la tenacité de ses promoteurs.
Aussitôt commencée, aussitôt arrêtée...
A l'origine du projet, il y avait l'Etat brésilien qui souhaitait un monument pour commémorer le centenaire de l'indépendance du Brésil. Un concours fut lancé, et c'est Heitor da Silva Costa qui le remporta. Son croquis représentait une statue du Christ debout tenant dans sa main un globe terrestre et portant une croix sur les épaules. Sur la base de ce dessin le chantier commenca le 4 avril 1922, avec la pose de la première pierre... mais ce ne fut qu'un lancement symbolique puisque les deux années suivantes furent consacrées à l'amélioration de la statue, au choix de la structure et des matériaux.
Les travaux véritables commençèrent en 1926 mais furent assez lents. Les bâtisseurs travaillèrent sur des modèles en bois qui furent construits exprès pour l'occasion, ils étaient de taille variées en fonction de ce qu'il y avait à faire. Mais cette façon de travailler n'était pas satisfaisant, et on sentait bien que le projet n'arriverait pas à son terme en faisant ainsi.
La refonte du projet
En 1928 la décision fut prise d'arrêter la construction et de revoir le projet sur des bases plus solides. Il faut dire qu'entre-temps le croquis du projet s'était largement diffusé et le globe terrestre était vu comme un ballon, ce qui n'était pas anormal au pays du football. (Dans les années 30, ce sport était déjà terriblement populaire au Brésil). Si on ajoute les difficultés techniques à fabriquer une telle statue on en arrive à la conclusion qu'il faut tout revoir et faire une statue différente.
Da Silva Costa partit alors en Europe pour rencontrer les artistes qui étaient parvenus à faire de telles statues. Il s'entoura de différentes personnes : l'artiste Carlos Oswald refit la forme générale : le Christ serait lui-même la croix, ses bras tendus signifiant la rédemption de l'humanité à la crucifixion. une telle statue nécessitait de supporter des efforts importants, on ne pouvait donc pas utiliser les matériaux traditionels comme la fonte ou le cuivre. C'est un nouveau matériau qui fut choisi, quelque chose de novateur : le béton. Mais personne ne savait vraiment comment le doser, comment s'en servir. Silva Costa demanda donc à Albert Caquot, un ingénieur français, de prendre le rôle du concepteur de l'architecture interne. C'est lui qui fera la partie béton, de même que tous les calculs qui vont avec.
Da Silva Costa demanda à Antoine Bourdelle, qui avait travaillé avec Rodin et qui fut l'un de ceux approché pour faire un modèle une échelle de 4m de haut à partir de dessins d'Oswald. Mais ça n'abouti pas avec lui, et finalement c'est le sculpteur français Paul Landowski, d'origine polonaise, qui fut choisi comme responsable de la construction du monument. Celui-ci demanda à Gheorghe Leonida, un sculpteur roumain, de s'occuper du visage du Christ, une opération délicate, mais sinon le partage des taches étaient simples : Silva Costa était le concepteur de la statue, Carlos Oswald le dessinateur, Paul Landowski le sculpteur, aidé de Gheorghe Leonida. Mais il restait un problème à résoudre : On ne savait toujours pas comment faire une architecture de béton aussi imposante, il manquait donc un maillon dans la chaîne.
La construction
Construction de la statue au Corcovado
A présent que chaque tache était attribuée, le projet fut réellement lancé. Tout d'abord Paul Landowski modifia les dessins d'Oswald. Il épura la tête et les mains selon un style plus moderne pour l'époque. Puis il fabriqua la tête en argile, en taille réelle, puis une main. Ce travail, fait à Paris, fut envoyer par bateau à Rio. Réceptionné sur place suite à un transport par bateau, le travail local consista à reproduire en béton ces modèles d'argile, ce qui prit un certain temps.
Sur place les travaux de la terrasse allait bon train, et le socle et sa chapelle furent construit. On y ajouta une armature en acier pour joindre la statue au socle et à la terrasse, puis les blocs de béton représentant le corps de la statue furent coulés. Les moules furent fabriqués sur place sur la base des différents morceaux envoyés par Paul Landowski, morceaux en argile. Une fois coulés, séchés puis décoffrés les blocs furent empilés pour former le corps, puis au niveau des bras la structure fut renforcée pour supporter le poids des bras. Enfin, la tête fut installée.
L'intérieur de la statue est une succession de 12 paliers réunis par des escaliers assez raides. Le 10e pallier est spécial puisque c'est lui qui distribue les galeries à l'intérieur des bras. Tout au sommet il y a une trappe permettant de sortir à l'extérieur. Le sommet de la tête fut équipé de paratonnerres. Il ne restait donc plus qu'à trouver le revêtement, car le béton brut ne satisfaisait pas Da Silva Costa.
La stéatite
Lorsqu'il a été décidé d'utiliser le béton comme matériau, Da Silva Costa savait contrairement aux autres matériaux il allait devoir recouvrir sa statue d'un autre matériau, mais ne savit pas lequel. En fait il a eu l'idée à Paris, sur les Champs-Elysées. Il y avait là, dans une galerie, une fontaine recouverte d'une mosaïque argentée.
En voyant la façon dont les petits carreaux couvraient tous les profils incurvés de la fontaine, je fus bientôt pris par l'idée de les utiliser.
Après étude de cette pierre il en conclu qu'elle avait les caractéristiques nécessaires car elle a l'avantage d'être très peu soumise aux variations de température tout en restant une roche tendre. Cette pierre fut détruite en morceaux plutôt petits qui furent polis avant d'être appliqués en parement sur toutes les zones de la statue, formant une gigantesque mosaïque. Si l'on en croit Heitor da Silva Costa c'était la première fois que l'on appliquait la technique de la mosaïque à une statue monumentale.
Le choix de la stéatite lui est venu en partie parce qu'il avait été précédemment utilisé par le sculpteur du XVIIIe siècle Aleijadinho, dit l'infirme, dans l'état brésilien de Minas Gerais, au nord de Rio. Après avoir perdu ses doigts suite à une maladie, Aleijadinho a miraculeusement continué à sculpter des statues ornées à l'aide d'un marteau et d'un burin lié à ce qui restait de ses mains. Que ceux-ci étaient encore en bon état de 120 ans plus tard, de l'avis de Heitor da Silva Costa, a témoigné de la durabilité de la pierre.
Voir aussi :
Histoire du Christ rédempteur.
Inauguration du Christ rédempteur.