Majestueux, tel semble être le qualificatif le plus adapté pour décrire le Christ Rédempteur de Rio. C'est une statue mondialement connue, célèbre pour dominer la ville de Rio-de-Janeiro dont elle est le symbole partagé, puisque le fameux "pain de sucre" semble tout aussi connu que lui.
Le Christ rédempteur
La statue du Christ est sur le Corcovado, un nom dérivé du mot "Bossu", en portugais. C'est une montagne abrupte sur la face tournée vers la ville, ce qui lui donne une certaine puissance du haut de ses 710m, et en pente plus douce à son opposé, qui accueille une route et une voie ferrée pour permettre au public d'y monter. La statue elle-même est de grande taille : 38m de haut, mais c'est loin d'être la plus grande du Monde. Elle se distingue par son style et son symbolisme. Il s'agit d'une statue religieuse, catholique, représentant le Christ debout les bras en croix et regardant la ville. Son attitude appelle à la rédemption des cariocas, son visage à la fois sévère et calme impose le respect. Le style, lui est graphique. Basée sur l'opposition entre verticalité de la toge et horizontalité des bras, elle possède peu de détails, on peut dire d'elle qu'elle est apurée. quand sa symbolique, elle est évidente. Cette statue purement catholique se rappelle aux devoirs des catholiques de Rio et, au-delà de la ville, de tout le Brésil.
La statue du Corcovado comme on l'appelle souvent est probablement l'exemple le plus connu de l'art religieux occidental
La première pierre a été posé le 4 avril 1922 mais il faudra attendre des années avant que le chantier soit réellement lancés, la faute aux nombreuses modifications qu'elle a nécessité. C'est Heitor da Silva Costa qui l'a conçu suite à la demande de l'Etat brésilien pour la construction d'une statue religieuse au sommet du Corcovado. Silva Costa avait initialement prévu un Christ debout tenant une croix et un globe terrestre, mais cette statue fut trop complexe à faire. Aussi mandata t-il Carlos Oswald pour faire les dessins, puis, plus tard, le français Paul Landowski pour fabriquer la statue. Deux autres personnes entrèrent également en jeu : Gheorghe Leonida, le sculpteur qui fit la tête du Christ, et Albert Caquot, l'ingénieur qui conçu la structure interne de la statue.
Croquis / Architecture
La forme
La forme choisie pour cette statue n'est pas anodine. Le Christ se tient droit, les bras écartés, en signe d'ouverture. C'est l'un des symboles forts de l'oeuvre. Citon l'écrivain autrichien Stefan Zweig qui s'exprima ainsi lors de sa première visite au Brésil, peu après l'inauguration.
Il semble tenir une croix immense au-dessus de Rio et bénir la ville comme un prêtre tenant l'ostensoir au-dessus de ses fidèles agenouillés
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Situation et orientation
La statue du Christ rédempteur de Rio est orienté vers l'Est. Ce n'est pas anodin comme choix, c'est l'orientation face au Soleil levant qui a été privilégiée. Da Silva Costa, le concepteur du projet, l'avait voulu, voici ce qu'il disait à l'époque :
La statue du sauveur sera la première image à sortir de l'obscurité dans laquelle la ville est plongée, au matin, et elle recevra le salut du Soleil qui, de sa luminosité rayonnante, fera autour de sa tête une forme de halo pour l'Homme-Dieu, au coucher.
Du coup, une main montre le Nord, l'autre le Sud. C'est aussi un point de repère important pour qui veut s'orienter dans Rio, puisqu'il est visible de partout, dans la ville !
Le socle
Le socle de la statue est creux et contient une chapelle. Elle est connue sous le nom de Chapelle Notre-Dame d'Aparecida, du nom du Saint Patron du Brésil, c'est dire si c'est un nom connu dans ce pays. Cette chapelle est utilisée quotidiennement pour une messe, à 11h, et elle peut être loué pour vos baptêmes ou mariages. Le socle, lui, est relativement haut (8m) mais étroit par rapport à l'envergure de la statue. Il est recouvert de granit noir qui lui donne un air austère en relation avec le style art-déco de la statue.
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Le revêtement
Si la statue est en béton, son revêtement posa pas mal de problème et ça jusque très tard dans l'avancement du projet. En effet, Silva Costa, le concepteur de la statue, se posait la question de l'esthétique de sa statue, trouvant que le béton laisserait une finition à l'aspect bâclée. Il chercha longtemps quoi mettre comme revêtement et eut l'idée de faire une mosaïque en voyant, dans une galerie des Champs Elysées, une fontaine faite selon ce style. Il prit donc la décision de recouvrir son Christ rédempteur d'une grande mosaïque de couleur uniforme. Le sculpteur Aleijadinho, qui officiait au Brésil précédemment, avait déjà utilisé cette technique, utilisant des pierres de couleur pâle venant des carrières près de la ville d'Ouro Preto. Il s'agissait de stéatite, une pierre tendre peu soumise aux variations de température.
Les blocs de stéatite extraits furent taillés en petits triangles de 3cm x 3cm x 4cm, avec une épaisseur de 5mm. Ils ont été collés sur des carrés de toile de lin par des femmes bénévoles dans une des paroisses, au pied du Corcovado. Les ouvrières ont souvent ajouté une touche personnelle à leur travail en écrivant des messages ou les noms de leurs copains sur le dos des carreaux... ce que l'on ne peut pas voir de nos jours, bien sûr !
Un orteil du Christ rédempteur de Rio
Mais un problème s'est présenté les années suivantes : En seulement 8 ans d'exploitation la carrière fut épuisée, pour les rénovations régulières il fallut donc trouver une autre source d'approvisionnement, ce qui fut fait. Mais la couleur de la pierre n'était pas tout à fait identique et au fil des années la provenance a dû varier, ce qui donne de nos jours, des couleurs légèrement différentes aux parties du Christ rédempteur qui ont faits l'objet de rénovation. Ca forme une sorte de mosaïque de couleur sur cette mosaïque ! Toutefois ce problème a été sérieusement pris en compte lors des dernières rénovations, à partie de 2010, où la couleur des pierres fut sélectionnée de façon drastique par rapport aux rénovations précédentes.
L'intérieur
L'intérieur du Christ rédempteur est sombre et étroit. Contrairement à la statue de la Liberté par exemple, qui a un tout petit escalier étroit dans un corps très large, le Christ de Rio est très étroit. Sa structure interne est faite de béton, il s'agit donc de nombreuses poutres de béton armé disposées horizontalement et verticalement qui forment une succession d'étage, 12 au total. Il y a même un plancher par étage. Chacun d'eux est joint aux autres par un escalier, forcément étroit. Le 10e étage est spécial puisque c'est celui qui dessert les 2 galeries horizontales des bras, dans lequel il est possible de se déplacer. Les deux derniers étages sont ceux de la tête, donc très petits.
Intérieur du Christ rédempteur de Rio
Il n'y a pas de lumière naturelle à l'intérieur, seulement quelques ampoules nues qui assurent une faible luminosité. Comme la couche de béton est épaisse, l'intérieur de la statue de Rio est naturellement fraîche, ce qui contraste avec l'extérieur où la température est souvent élevée.
En grimpant les étages on constate que chaque étage est matérialisé par un numéro peint sur le mur. La sensation générale, d'après ceux qui ont pu pénéter dans la statue, est qu'on a l'impression d'entrer dans un entrepôt poussiéreux. Aucun élément, à l'intérieur, ne laisse présager que l'on soit à l'intérieur du Christ rédempteur. Pour faire à nouveau la comparaison avec la statue de la Liberté, cette dernière est parfaitement reconnaissable de l'intérieur car ses parois sont très fines (elles sont en plaques de suivre) et donc la forme générale de la statue est visible de l'intérieur. Mais pour le Christ rédempteur de Rio, la structure interne est massive, donc il n'y a qu'un seul moment où on peut savoir qu'on est dedans : C'est lorsqu'on arrive au niveau de la poitrine, où l'on voit une forme de coeur bombé. Il est couvert de la même mosaïque de pierre que l'extérieur de la statue - où le contour du cœur peut aussi être vu.
Le coeur, à l'intérieur du Christ rédempteur
Du haut de la dernière série d'escaliers, une échelle en acier verticale mène à un tunnel dans le bras de la statue. Un passage sombre et étroit s'étend alors vers les doigts. Au niveau de l'épaule la statue a une trappe permettant de sortir sur le bras. On constate alors que les bras sont équipés de tiges métalliques scellées permettant aux personnes assurant la maintenance du monument de s'y accrocher pour travailler en toute sécurité. Equipé d'un harnais on les voit parfois descendre en rappel.
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