Les programmes de l'Education Nationale, en France, propose un enseignement particulier, l'Histoire de l'art. Destinée à analyser et comprendre les oeuvres qui ont été réalisées dans le passé d'un point de vue symbolique et artistique, elle permet de mettre en avant les artistes, leurs vies, leurs opinions et comment ces dernières ressortent à travers leurs oeuvres. Elle explique également l'impact d'une oeuvre sur le public dans un contexte culturel, démographique ou religieux.
La tour de Londres est assez peu étudiée en France, c'est une forteresse médiévale qui se prête peu à l'analyse, au contraire d'autres oeuvres du patrimoine mondial comme peuvent l'être la tour Eiffel ou le Taj Mahal. La suite de ce document donne des pistes de recherche, des informations et des idées particulières sur la tour de Londres, elle fournit des explications sur sa construction, ses origines et la vision du public à son propos.
La tour de Londres, le soir
Distinction des niveaux
Mais avant d'aller plus loin, il faut distinguer les cursus car l'Education Nationale n'attend pas la même connaissance de la part des élèves en fonction des niveaux. Cliquez sur votre niveau. Notez que la différence entre le niveau primaire, secondaire et universitaire, en histoire de l'art, ne réside pas dans le format à utiliser pour répondre aux questions mais dans la profondeur de la réponse. Ca signifie que le mécanisme d'apprentissage est le même, quelle que soit le niveau de l'élève. Donc au primaire il faut répondre de la même façon que pour les cours de niveau supérieur, mais en allégeant bien sûr les réponses. Pour le secondaire et le niveau universitaire les étudiants devront compléter leurs devoirs par des informations prises ailleurs sur le site.
Ce qu'on attend de l'histoire de l'art, c'est une analyse des formes, des techniques, des significations et des usages propre à l'oeuvre étudiée. En ce qui concerne la tour de Londres on peut répondre de façon factuelle à quelques questions, c'est généralement ce qui est fait en cours, mais si il doit produire lui-même un texte sur le monument, il devra se baser sur ces 4 éléments de travail.
Introduction
Mais avant tout il faut donc commencer par quelques informations simples, pour situer le monument.
La tour de Londres est une forteresse médiévale qui se trouve à Londres, sur la rive gauche de la Tamise, côté Nord. Elle est à l'Est de la ville, juste à côté du fameux Tower Bridge, le pont à bascule si célèbre de la capitale britannique. Elle date de la fin du XIe siècle, elle a été construite à l'initiative de Guillaume le Conquérant. Elle a été modifié en profondeur deux fois : La première pour l'entourer d'un rempart et la doter de logements royaux, la seconde pour l'entourer d'un nouveau rempart et améliorer les défenses. Par la suite elle n'a que très peu été modifié, ce qui permet de la voir de nos jours dans l'état dans laquelle elle était au Moyen-âge.
La tour de Londres a longtemps été le coeur de l'activité politique de l'Angleterre. Celui qui la maîtrisait contrôlait Londres, et qui contrôlait Londres était maître de l'Angleterre.
Analyse des formes
Ceci fait, il faut faire une analyse des formes, qui peut être exprimée ainsi.
La tour de Londres est un complexe militaire de grand taille, il est de forme hexagonale qui s'inscrit dans un rectangle approximatif de 240m par 210, sans compter les douves (fossé remplis d'eau) ni le glacis (espace plat pour vori arriver l'ennemi) qui l'entoure. Elle a trois entrées : L'entrée principale, à l'Ouest, était protégée par deux tours et un pont-levis. L'autre entrée classique est la porte Henry III, une porte qui permettait de passer directement du quai aux appartements privés du roi. Enfin la troisième entrée était la porte des traîtres, appelée ainsi parce qu'elle était réservée aux condamnés.
La tour de Londres a deux rangées de remparts. Au centre, l'espace qu'il y a est occupée par différents bâtiments dont la fameuse tour blanche, le donjon. C'est lui qui a été construit en premier, au XIe siècle, et c'est lui qui était le plus effrayant. Parmi les bâtiments les plus connus, il y a aussi la caserne Waterloo qui contient les salles des joyaux de la couronne, et plusieurs tours comme la tour Wakefield, la tour Beauchamps, la tour des Archers, etc.
Cette description amène naturellement sur l'analyse des techniques, mais cette partie est assez restreinte car la tour de Londres étant ancienne, il y a peu à dire sur les techniques qui ont permis sa construction.
Analyse des techniques
La tour de Londres, initialement, ce n'était que la donjon que l'on appelle de nos jours la tour blanche. Celle-ci fut construite en galets de rivière du Kent, une région au Sud-Est de Londres, et tous les angles, qui devaient être costauds, sont en pierre de Caen, une pierre résistante et bien blanche. Le donjon a des murs très épais, ils font près de 5m à la base et un peu plus de 3 au sommet.
Pour monter une tour si haute (elle est restée la plus haute de Londres pendant des siècles) il a fallut utiliser des échafaudages en bois que l'on a superposé les uns aux autres jusqu'à atteindre la bonne hauteur. A l'époque on n'avait pas de grue pour monter les matériaux de construction, il a donc fallut les monter à dos d'hommes. Les escaliers ont fait l'objet d'un soin particulier. Ils sont en colimaçon (tournant autour d'un axe central) et devait donc avoir une grande précision. Ils furent construits en même temps que la tour, dans l'épaisseur des murs.
La porte d'entrée de la tour blanche était située en hauteur, c'est volontaire pour éviter les attaques. L'entrée étant accessible à travers un escalier de bois, il pouvait être retiré en cas d'attaque pour rendre plus difficile la prise du donjon. Les techniques utilisées pour construire cet escalier étaient classiques : C'était un simple travail de menuisier qui devait assembler les poutres et créer une rampe d'accès pratique et amovible.
Le reste de la tour de Londres date entre du XIIe et XIVe siècle, pour la plupart des bâtiments. A cette époque les techniques de construction étaient classiques. Les tours et autres corps de garde étaient en pierre grossièrement équarris liées entre elles par un mortier d'une qualité suffisante pour passer les siècles. Au XIXe siècle d'autres travaux de rénovation eurent lieu, ainsi que des travaux d'amélioration des défenses de la forteresse, en particulier pour prendre en compte les progrès de l'artillerie. Tous ces travaux furent faits selon un style néo-médiéval, histoire de ne pas dépareillé l'aspect général de la tour.
Les fossés de la tour de Londres n'ont pas demandé beaucoup de techniques non plus, il a suffit de creuser le long des remparts. A noter qu'il y a eut deux fossés à la tour de Londres, le premier ayant été rebouché avant la construction du second rempart. Il n'y a pas eut d'utilisation de techniques particulières, il fallait enlever la terre à la pelle via des plates-formes permettant de l'évacuer. Pour remplir les fossés d'eau, il a fallut ouvrir une brèche sur la rive de la Tamise, tout simplement. Leurs asséchage, au milieu du XIXe siècle, a consisté à faire l'opération inverse : Rebouchage de l'ouverture vers la Tamise et évacuation de la vase.
C'est grace à ces techniques simples mais efficaces que la tour de Londres a pu être bâti.
Analyse des significations
Ensuite il faut se poser la question de la signification de la tour de Londres.
Prise à part, ce serait une étrange question que de se demander la signification d'une forteresse. Mais dans le sens d'un devoir sur l'histoire de l'art, il faut y indiquer tout ce que cette tour signifie, ses symboles, ce qu'elle représente.
Et la première chose qui vient à l'esprit est la force. La tour de Londres a été construite dans le but de mater la population de Londres, de l'effrayer, de la contrôler. Elle inspirait donc, pour les londoniens de l'époque médiévale, la peur. Ce sentiment s'est prolongé tout au long de l'histoire jusqu'à récemment, mais plus le temps passe, moins la population se sentait concernée par la tour, celle-ci perdant de son pouvoir. Par contre elle restait un lieu de l'exercice du pouvoir, et à ce titre la tour de Londres était un symbole de la monarchie, du XIe siècle au début du XXe, époque où elle perdit de son pouvoir. D'ailleurs la monarchie avait quittée la tour de Londres (physiquement parlant) depuis du XVIIe siècle, les locaux étant trop vétustes.
Si on la regarde, même en photo, en constate que la tour de Londres est une forteresse impressionnante, et de près c'est bien ce sentiment est décuplé. La tour de Londres est aussi un symbole de puissance, un sentiment lié à la peur qu'elle inspire. Enfin cette citadelle est également associée à la torture et à la mort. Il est fréquent que l'on rencontre des personnes associant la tour de Londres et la torture. C'est dû à plusieurs facteurs, à commencer par le rôle des moines du XIXe siècle qui multiplièrent volontairement les fausses informations sur la torture qui se serait pratiquée ce château pour accroitre, par opposition, leurs forces face au mal. Il n'en fallait pas plus pour donner une mauvaise image. En vérité il n'y eut que très peu de torture pratiqué ici, sur les presque 1000 ans de l'histoire de la tour de Londres seuls un peu plus de 400 malheureux la subirent. Un autre facteur évoquant la mort est le fait qu'il y avait ici un lieu d'exécution par décapitation sur lequel sont passés plusieurs grands noms de l'histoire d'Angleterre : 2 reines y sont mortes, par exemple. Ca, c'est un fait historique, la tour de Londres a servi à tuer, mais somme toute seules les personnes de hauts rangs ont eu le privilège de mourir ici, dans le calme. Les autres condamnés à mort étaient exécutés face à la foule à Tower Hill, l'esplanade juste au Nord de la tour de Londres.
La mort, la rison, la torture, ce sont donc des images que l'on associe, hélas en grande partie à tort, à la tour de Londres.
Analyse des usages
Enfin arrive la 4e partie, celle sur l'usage. C'est sans doute la partie la plus à développer.
L'usage de la tour de Londres a assez peu évolué dans le temps. La raison essentielle de sa construction est la nécessité de contrôler la population de Londres, dans le but de maîtriser toute l'Angleterre. Elle a été construite en même temps que deux autres forteresse, dans la capitale. Son usage, c'était donc de maîtriser la population. Son corrolaire, c'est la peur. Le but de sa construction était de parvenir à suffisament effrayer la population pour la garder sous contrôle.
Mais au fil du temps la tour de Londres a évolué. A partir du XIIIe siècle elle servit de résidence au roi et son épouse, c'est à l'initiative d'Henry III que la forteresse fut grandement améliorée, il y fit construire des tours d'habitation, rendant un simple château en palais. Cette fonction d'habitation à l'usage de la famille royale fut conservée jusqu'au XVIIe siècle, une époque où le roi abandonna ce château pour d'autres forteresses, celle-ci étant vraiment vétuste.
Un autre usage qui a été fait de la tour de Londres est la prison : La plupart des nouvelles tours construites durant les deux périodes de d'amélioration avaient des prisons dans son sous-sol, ou au rez-de-chaussée. La tour de Londres n'a jamais été réellement une prison, mais elle avait des cellules éparses qui maintenaient des prisonniers de haut rang. Dans le même ordre d'idée, et comme ça a déjà été évoqué plus haut, la tour de Londres a servi de lieu d'exécution et de torture, mais c'était vraiment rare.
Il ne faut pas oublier un autre usage de ce monument : Celui de conserver les joyaux de la couronne. Si la France n'a pas su conserver son patrimoine lapidaire, ce n'est pas le cas du Royaume-Uni qui dispose d'un grand nombre de bijoux, dont trois fameuses couronnes. Le plus gros diamant du monde est monté sur un sceptre, et tous ces joyaux sont visibles dans une salle de la caserne Waterloo. Si de nos jours ils font partie de l'attraction touristique classique, le rôle de protection des bijoux impériaux n'est pas à prendre à la légère, il s'agit d'une fonction importante de la tour de Londres.
Il ne reste plus qu'à donner une opinion personnelle de ce monument. Là, c'est plus difficile de proposer puisque ça dépend de la façon dont l'élève le perçoit. La trouve t-il belle ? Bien proportionnée ? Grande ? C'est la partie la plus personnelle, donc c'est une partie qui doit être faite entièrement par l'élève.
Sentiments personnels
Difficile de donner des lignes directrices pour l'étude de la tour de Londres lorsqu'il s'agit de donner son sentiment personnel face à ce monument, tout simplement parce que si il est personnel, le sentiment ne peut être reproduit tel quel pour d'autres. Toutefois je peux donner mes propres sentiments à son sujet, ça peut servir de base de travail.
Le sentiment que je mets en avant à son sujet est la grandeur. Grandeur d'un point de vue spatial, mais aussi historique.
La tour de Londres est grande, c'est un fait, mais au-delà du terrain qu'elle occupe, c'est surtout la quantité de lieux à voir qui fait sa taille. Entre les deux remparts, les quais, les tours, le donjon, les chapelles, etc., on peut passer énormément de temps dans ce monument sans en faire véritablement le tour. Il faut savoir que chaque tour a plusieurs niveaux, et qu'il y a des choses différentes à voir partout. Rien que la tour blanche est l'exemple même de sa grandeur, il s'agit non seulement d'un grand bâtiment qui vaut le coup d'oeil en soit, mais c'est aussi un musée particulièrement intéressant sur l'histoire de l'Angleterre, avec des pièces venant d'un peu partout de l'Empire britannique.
D'un point de historique la tour de Londres est grande par son ancienneté. C'est un monument qui a traversé les âges, du début du millénaire précédent à nos jours. Cette constance permet de voir l'histoire du pays rien qu'à travers elle, sans que le monument ne soit un perturbateur en soi. De plus la tour de Londres fut au centre de l'histoire britannique, surtout jusqu'au XIXe siècle, on peut donc s'appuyer sur elle pour la comprendre. Peu d'autres bâtiments peuvent prétendre à un tel rang.
Quand je suis à la tour de Londres, quand j'en vois des images, quand je lis des récits qui s'y déroule, je ne peux m'empécher d'avoir un sentiment de grandeur, c'est vraiment celui qui ressort, à mon propos. Quoi qu'on en dise, et malgré la fonction militaire d'un tel bâtiment, la tour de Londres est bien une oeuvre d'art
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