L'histoire de l'art est une matière scolaire enseignée à divers degrés dans l'Education Nationale. Elle a pour but l'enseignement des oeuvres artistiques qui ont été réalisé dans le passé d'un point de vue symbolique. Elle s'attèle à mettre en évidence les artistes, leurs vies, leurs opinions et comment ces derniers ressortent à travers leurs oeuvres. Elle explique également l'impact d'une oeuvre sur le public dans un contexte culturel, démographique ou religieux.
La statue de la Liberté, en tant qu'oeuvre gigantesque, est généralement au programme de la plupart des cursus. La suite de cette page fournit des explications sur sa construction, ses origines et la vision du public à son propos.
Méthodologie de l'histoire de l'art
La mise en oeuvre de l’enseignement de l’histoire des arts s’appuie sur trois éléments de l’enseignement de l’histoire des arts :
- Périodes historiques
- Domaines artistiques
- Listes de thématiques
Il parait donc normal de retrouver les réponses à ses 3 éléments dans les devoirs d'histoire de l'art. De plus les oeuvres sont analysées à partir de quatre critères au moins : formes, techniques, significations, usages. C'est à travers ces quatre critères que nous allons étudier la statue de la liberté.
Analyse des formes
Ce critère consiste à étudier les catégories, les types, les genres, les styles artistiques, la structure ou la composition. C'est peut-être le critère le moins important en ce qui concerne la statue de la Liberté.
Analyse des techniquesCe deuxième critère permet l'étude des matériaux, des matériels, des outils, des supports, des instruments, mais aussi des méthodes et des techniques corporelles, gestuelles, instrumentales. Ce critère prend toute sa place en ce qui concerne la statue de la Liberté.
Analyse des significationsTroisième critère dans la description d'une oeuvre, il approche les messages (émis, reçus, ou interprétés), les sens (usuel, général, particulier, les variations des sens dans le temps et l’espace), le code, le signe (signifiant / signifié), la réception, l’interprétation, le décodage et le décryptage. C'est ce critère qui sera très largement commenté pour la statue de la Liberté.
Analyse des usagesCe dernier critère conduit à étudier la fonction, l’emploi, les catégories de destinataires et d’utilisateurs, la destination, l’utilisation, la transformation, les rejets, ou les détournements de l'oeuvre. Si cette partie est très importante, elle n'a pas besoin d'un développement particulièrement long en ce qui concerne la statue de la Liberté.
Enfin, il est important de donner son ressenti sur l'oeuvre, ce qu'elle évoque pour soi. Cette partie étant purement subjective, elle ne peut être développée ici, et pourtant il y a quand même un court texte donnant mon propre ressenti sur la statue.
Présentation de la statue de la Liberté
Mais comme toute description d'une oeuvre d'art, il est obligatoire de commencer par une courte description du contexte, de l'auteur et de son oeuvre.
Introduction
De nom officiel "La Liberté éclairant le Monde", la "Statue de la Liberté" est une oeuvre d'art d'Auguste Bartholdi, sculpteur français né à Colmar le 2 août 1834 et mort à Paris le 4 octobre 1904. Suite à la mort prématurée de son père, sa mère s'installe à Paris avec ses 4 enfants, ville où le jeune Auguste suivra les cours du célèbre lycée Louis-le-Grand. Il obtient son baccalauréat en 1852 puis intègre l'école Nationale Supérieure des Beaux-Arts où il étudie l'architecture et la peinture. Passionné d'Egypte, il se rendra dans ce pays pour proposer la construction d'une statue gigantesque à l'entrée du tout nouveau canal de Suez, projet refusé pour cause de manque de financement. De retour en France, il commence sa carrière de sculpteur avec le "Général Rapp", statue à Bordeaux, puis réalisera différentes autres oeuvres tout au long de sa vie, en particulier le Lion de Belfort et le Vercingétorix de Clermont-Ferrand. Son chef d'oeuvre est sans conteste la Statue de la Liberté, qui l'occupera plusieurs années et nécessitera la collaboration d'un ingénieur et de nombreux correspondant aux Etats-Unis.
La Statue de la Liberté a commencé son histoire en 1865 lors d'un repas de républicains durant lequel l'idée d'un cadeau aux Etats-Unis a été faite. Le jeune Bartholdi y participait et proposa immédiatement sa statue égyptienne qui avait été refusé, statue a remanier bien sûr. Son premier voyage aux Etats-Unis date de 1871, il permit le choix du site d'implantation. Il retourna plusieurs fois sur place, la dernière en 1886 pour l'inauguration de Miss Liberty.
Plus de détails sur les Origines de la statue de la Liberté
Comment s'inscrit-elle dans les oeuvres de son époque ?
En raison de son importante charge émotionnelle, la "sœur aînée" de la tour Eiffel parisienne n'a jamais sérieusement été classée parmi les "titans technologiques" qui ont marqué la fin du XIXe siècle. C'est bien dommage car, techniquement, la famille des colosses compte une autre célébrité en la personne de son grand frère : La statue de Hermann (Arminius) le Cherusque, épée brandie, qui est érigée en 1876. Le sculpteur allemand Ernt Bandel lui avait consacré trente ans de sa vie. C'est donc à lui que revient la paternité de ces géants de cuivre.
La fin du XIXe siècle et le début du XXe sont marqués par l'escalade à laquelle se livrent les grandes puissances mondiales dans le monde des arts et de la technologie. Les nouvelles possibilités offertes par la culture industrielle fascinent aussi bien les ingénieurs que les artistes. Leur collaboration n'engendre pas seulement des héros de fer blanc (ici, du cuivre) mais aussi des tours vertigineuses et des navires "titanesques" parfois porteurs de ce nom...
A cette époque, les Etats-Unis ne figuraient pas encore parmi les grands de ce monde et considéraient de telles démonstrations de puissance avec méfiance. Plus tard, en 1941, dans l'élan de son développement, l'Amérique devait prendre la tête de cette gigantomanie avec les sculptures présidentielles des monts Rushmore dans le Dakota du Sud.
Analyse des formes
Comme son nom l'indique la statue de la Liberté fait partie du domaine de la statuaire. Il s'agit d'une statue en ronde-bosse, terme désignant une sculpture qui n'est ni en bas-relief, ni en haut relief. On peut faire le tour d'une statue en ronde-bosse, ce qui n'est pas le cas des deux autres types de statues. Le style artistique choisi est le néo-classicisme. Il s'agit d'un courant artistique et littéraire qui se caractérise par une volonté de retourner à la pureté de l'art antique classique, considéré au XIXe siècle comme une référence. Ce courant a débuté au milieu du XVIIIe siècle et s'est poursuivi qu'aux alentours de 1830. Nous verrons plus loin que la construction de la statue est postérieure à cette période, ce qui indique une volonté de se rattacher à un style donné et pas de suivre le courant contemporain.
La statue de la Liberté sur Liberty Island
D'un point de vue général, la statue de la Liberté est caractérisée par sa très grande taille, on parle de "statue gigantesque" ou "d'oeuvre titanesque". Faite en cuivre sur une armature de fer (aujourd'hui de l'acier), elle mesure 46,05m de haut, et à peu près autant pour le socle, ce qui monte l'ensemble à près de 100m de haut. Elle pèse le vénérable poids de 225 tonnes. Elle représente une femme habillée en toge selon les critères vestimentaires de l'antiquité. Elle est en position debout, statique, tenant dans sa main gauche une tablette près du corps et dans sa main droite un flambeau. Le bras droit est tendu vers le ciel. Son visage inexpressif démontre une certaine tranquillité, de l'assurance également. Elle porte une couronne de rayons et à ses pieds se trouvent une chaine brisée. Le socle est du même style néo-classique, il se compose de plusieurs étages, les deux premiers étant dépourvus de décoration, le troisième possédant une entrée d'un style épuré et les niveaux suivants, de tailles diverses, étant du pur style néo-classique. L'avant-dernier niveau est un balcon permettant la visite.
L'emplacement de la statue fait également partie de l'oeuvre : Sise dans la baie de New-York, sur une petite île, sa hauteur impressionne les visiteurs qui passent à proximité. Rien dans son environnement proche ne vient troubler sa magnificence, les gratte-ciels de la ville étant à 1Km et demi, trop loin pour boucher son horizon.
Plus de détails sur son Emplacement
Analyse des techniques
La construction de la statue de la Liberté a nécessité de grandes compétences dans plusieurs domaines. Il est donc normal que cette partie soit l'une des plus longues. La statue est constituée de plaques de cuivre sur une armature initialement en fer forgé mais qui a été remplacé relativement récemment par une structure en acier. Les plaques mesurent 2,3mm d'épaisseur pour une taille de 3x2m, soit 6m2 chacune. La statue est faite de 300 plaques, on a donc 4.14m3 de cuivre pour une surface totale de 1800m2. La technique utilisée pour donner leurs formes aux plaques est dite "en repoussé", elle consiste à travailler à froid le cuivre en le tordant selon une courbure prédéfinie. Cette courbure était donnée par l'artiste qui se servait de tasseaux de bois pour monter une architecture à l'échelle de la pièce à créer, puis qui le faisait enrober de plâtre. Le modèle en plâtre servait alors de support pour obtenir la courbure parfaite de chacune des plaques de cuivre. L'ensemble était donc fabriqué pièce à pièce, le pied, la main, le manche de la torche ou les plis de la toge ont tous été fabriqué ainsi. Une fois la pièce réalisée le plâtre était cassé, les tasseaux étaient récupérés et l'artiste pouvait construire la pièce suivante. Au fil de l'avancée des travaux les pièces étaient stockées dans les ateliers en attendant d'être assemblés ensemble.
Les ouvriers travaillaient sur des tables spéciales de grandes tailles, en général incurvées (en forme de V, pour manipuler la plaque de cuivre aisément). Elles n'étaient pas lisses, elles étaient alvéolées, chaque alvéoles étant de 30cm à peu près. Ces trous dans les tables permettaient de passer les mains pour mieux manipuler la plaque, d'assez grande dimension. Les ateliers étaient rue de Chazelles, à Paris, c'étaient les ateliers "Gaget et Gauthier" qui étaient spécialisés dans le travail du cuivre. C'était eux qui avaient fait toutes les canalisations d'alimentation en eaux de la ville de Paris, par exemple.
Les atelier Gaget et Gauthier
Une fois toutes les pièces fabriquées elles furent assemblées en plein Paris, toujours rue de Chazelles. Les ingénieurs construisirent un échafaudage de 50m de haut, qui était surélevé au fil de l'avancée de la statue. Tout commença bien sûr par la structure interne, en fer forgé, qui servait de support aux plaques. Ces dernières étaient rivetées sur les barres métalliques en fer. Ces barres constituent le résultat du travail de l'ingénieur en charge de la charpente. En effet, si l'auteur de la statue, Auguste Bartholdi, sait comment travailler les plaques de cuivre et les monter ensemble, il a besoin d'un ingénieur pour fabriquer la charpente interne de sa statue. Il choisit Violet-le-Duc, connu pour ses travaux sur la cathédrale Notre-Dame de Paris. Celui-ci choisit une tour maçonnée de forte stabilité, remplie de sable et sur laquelle serait fixée les poutres transversales pour le maintien des plaques de cuivre. Malheureusement pour lui il mourut, et son projet fut abandonné. Le travail fut alors confié à l'ingénieur Gustave Eiffel qui s'était fait une spécialité du fer forgé. C'est donc une structure en fer forgé qui servit de charpente à la statue de la Liberté. Ce matériau avait un avantage par rapport à la tour maçonnée, il est souple. Placé dans la baie de New-York, de forts vents sont soumis à la statue, le fer forgé permet une certaine souplesse que n'aurait pas autorisée une construction en dur. A noter que la structure interne en fer forgé a été remplacée en 1986 par une autre charpente en acier, plus apte à tenir dans la durée, le fer s'oxydant, comme le cuivre.
Le montage de la statue s'est donc fait deux fois : Montage à Paris, démontage quelques mois plus tard, remontage sur Bedloe's island. Ceci signifie que le montage ne pouvait pas être définitif. Or, la technique utilisée pour l'assemblage des plaques de cuivre était le rivetage, consistant à écraser une tige métallique chauffée dans les trous de deux plaques contigües. La tige se déformait et liait les plaques ensemble... définitivement. Pour pouvoir la démonter la statue a donc demandé un travail important de "dérivetage", propre pour ne pas abîmer les plaques car l'opération allait devoir être refaite.
La statue montée en plein Paris
Le socle, lui, était à la charge de l'architecte Morris Hunt. Il fut essentiellement construit en béton recouvert de granit, la pierre venant d'une carrière du Connecticut. Ce choix était dû à une constatation sur leur faible usure dans un environnement marin hostile. Le socle prévoyait deux points d'ancrage pour la charpente de Gustave Eiffel. Pour sa construction Morris Hunt fut confronté à un problème d'ordre pratique : Le socle devant être construit sur une petite île, il avait du mal à faire venir tous le personnel le matin pour la journée. Il fit donc construire un petit village de l'autre côté des travaux, village dans lequel les ouvriers pouvaient vivre quelques mois, le temps de finir le chantier.
Lors du montage définitif il y eut un problème technique : Auguste Bartholdi avait décidé d'éloigner de 60cm le bras tendu de la statue par rapport à sa tête, il les jugeait trop proches l'un de l'autre. Mais il n'a pas prévenu Gustave Eiffel. Du coup lors du montage le bras subit la contrainte de la charpente, légèrement arc-bouté, et cela pendant 98 ans. Ce ne fut rectifié que lors de la remise en état de la statue pour la cérémonie de son centenaire, en 1986.
La liste des techniques utilisées lors de la construction de la statue de la Liberté est donc quasi-infinie. On trouve les métiers suivants par exemple :
Dans le domaine des services
- Transports de passagers : Service nécessaire à la communication entre la France et les Etats-Unis,
- Transports de marchandises : Les pièces de la statue ont été acheminées de Paris à Rouen par voie fluviale, puis de Rouen au Havre par train,
- Transport militaire : Une fois au Havre, les pièces de la statue ont été transportées sur une frégate militaire, l'Isère,
- Ingénieur : Pour la conception de la charpente, le calcul des forces
Dans le domaine de la construction
- Ouvrier spécialisé : Dans la forge et le travail du cuivre
- Charpentier : Pour la construction des modèles grandeur nature des pièces à travailler, mais aussi pour les nombreux échaffaudages qui ont été nécessaires, pour les caisses de transport, etc.
- Plâtrier : Egalement pour la construction des modèles grandeur nature des pièces à travailler. La main gauche a d'ailleurs été brisée pendant le travail, retardant le chantier
- Métallurgiste : Pour la forge des pièces de la charpente
- Riveteur : Pour l'assemblage de la statue
- Maçon : Pour la construction du socle
Ceci sans compter sur les nombreux métiers dérivés ou induits : Mineur pour extraire le cuivre, marin pour le transport des pierres du socle, etc.
Plus de détails sur sa Construction
Analyse des significations
La "Liberté éclairant le Monde", comme est le nom officiel de cet oeuvre, est un symbole universel de Liberté. Elle est connue de partout dans le Monde mais elle est perçue différemment en fonction de l'époque ou de l'emplacement duquel on l'observe. Mais c'est faire fi de l'intention première de cette statue, qui n'était au départ qu'une preuve de l'amitié de la France envers les Etats-Unis. C'est initialement un groupe de républicains, amoureux des Etats-Unis et désirant renforcer les liens entre les deux pays qui est à l'origine de ce projet. Du côté français, il y avait une volonté évidente de mettre en avant la démocratie américaine face aux vélléités du second Empire. Aux Etats-Unis il fallait ressouder le pays, scindé en deux par une guerre civile de 5 ans que l'on appelle de nos jours "Guerre de Sécession". Mais autant du côté français l'enthousiasme est au rendez-vous, autant du côté américain ce cadeau ne fut pas perçu comme un bien. La raison en était au financement à trouver pour les travaux du socle, qui était à la charge des Etats-Unis alors que la France s'occupait de la statue elle-même. Le symbole de l'amitié entre les peuples français et américains, élargi avec le temps à l'amitié entre les peuples, n'a pas été perçu très longtemps ainsi. La statue se voulait un symbole de la Liberté, c'est ce symbole qui a pris le dessus sur l'autre. Pourtant il n'y a guère qu'un seul élément dans sa composition qui représente ce symbole : Les chaînes de l'esclavage, à ses pieds, sont brisées. On les voit peu car elles sont à raz du socle et sont rarement repris dans les reproductions qui en sont faites un peu partout dans le Monde. Les autres symboles sont évidents.
- Sur la tablette qu'elle tient de la main gauche il y a écrit une date en chiffre romain : 4 juillet 1789, date de l'indépendance américaine. La raison de la présence de cette date est simple : Le don de la statue a été fait pour le centenaire de l'indépendance américaine, elle était censée être inaugurée pile ce jour-là. En pratique, il s'avère qu'elle l'a été 10 ans plus tard, mais l'intention y était.
- La couronne est composée de 7 rayons qui représentent les 7 mers du globe (Pacifique Nord, Pacifique Sud, Atlantique Nord, Atlantique Sud, Océan Indien, Océan Arctique, Océan Antarctique) ou les 7 continents (Amérique du Nord, Amérique du Sud, Afrique, Asie, Europe, Océanie, Antarctique). C'est aussi un symbole que l'on retrouve dans plusieurs oeuvres précédentes, comme le Grand sceau de France (Symbole officiel de la République française depuis la Seconde République).
- La stature de l'oeuvre est également un symbole dans la mesure où elle éclaire le Monde (en pratique, elle tient une torche haut dans le Ciel). Il s'agit là d'une allégorie de la puissance de la Liberté qui s'étend sur le Monde. Depuis de nombreuses années ce symbole est plutôt devenu un symbole de la suprématie américaine sur le Monde. Ceci peut être vu positivement ou pas, en fonction de la culture dans laquelle on se place.
- L'emplacement de la statue est important. Placée à l'entrée du port de New-York elle était la première construction d'importance que voyaient les immigrants, débarqués sur Ellis Island, 700m plus loin. Pour eux la statue de la Liberté était le symbole d'une vie meilleure, d'un espoir d'amélioration de leurs conditions de vie.
- La statue est essentiellement utilisée dans l'art graphique pour mettre en avant un cataclysme, qu'il soit naturel ou pas. Symbole universellement reconnu de la ville de New-York elle apparait dans de nombreux films partiellement détruite, comme c'est le cas dans "La planète des singes". Elle est utilisée aussi dans le domaine littéraire ou les jeux vidéos.
La tablette de la statue de la Liberté
Si l'on se déplace géographiquement et que l'on se rend aux Moyen-Orient, certains peuples estiment que les Etats-Unis sont leurs ennemis. En tant que telle l'interprétation de la statue est bien sûr tout autre. Il s'agit là d'un symbole d'impérialisme, de volonté de domination, et par extension de soumission des peuples. Ce qui est abberration compte-tenu du fait qu'elle a été construite pour la raison inverse.
Si l'on se déplace temporellement et que l'on remonte le temps jusqu'à la fin du XIXe siècle la statue a été perçu différemment entre les peuples français et américains. Les Français se sont pris de passion pour le projet, et son financement s'est est ressenti. De nombreuses communes ont fait des dons, les familles hésitant peu à mettre la main à la poche pour la "Grandeur de la France". Tous voyaient ici une façon de montrer à la jeune nation du Nouveau Monde la puissance technique de leur pays. Les américains, eux, n'avaient rien demandé aux Français. Ne pouvant refuser le cadeau, ils durent assumer la construction du socle. Si l'ingénierie n'a pas posé de problème, le financement en a posé, ce qui a décalé la fin de la construction et donc justifie partiellement son retard de livraison.
Toujours en remontant le temps, mais un peu moins, il faut absolument parler du rôle de la statue dans l'immigration américaine. En effet, de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe, c'est 40% de la nouvelle population des Etats-Unis qui est passé par le port de New-York. Les nouveaux arrivants savaient qu'il serait accueilli en premier lieu par la statue de la Liberté, physiquement installé au bout de leur longue route transatlantique. La vision de la statue était le symbole de leur arrivée dans le nouveau monde. Les bateaux des immigrants longeaient Liberty Island (initialement nommée Bedloe's Island), puis ils accostaient à Ellis Island, 700m plus loin. Les voyageurs étaient débarqués et devaient passer un contrôle sanitaire strict sur lequel se brisaient quelques rêves d'installation, avec un retour sur le vieux continent à la clef. C'est dire l'importance que revêtait l'entrée aux Etats-Unis pour les nouveaux arrivants, et la statue de la Liberté était leur symbole.
Plus de détails sur ses Symboles
Analyse des usages
La statue de la Liberté a deux usages. Le principal consiste en son symbole, la statue est utilisée pour faire passer un message, pour exprimer ses sentiments. Ainsi a-t-elle été utilisée en 2014 pour célébrer les 70 ans du débarquement allié en Normandie, lors de la seconde guerre mondiale : la française Sandrine Kukurudz a fait tomber une pluie de pétales de rose d'un hélicoptère, faisant voler tout autour de la statue ces fleurs symboles de paix. Autre lieu, autre temps : La Chine, en 1989. Le 27 avril de cette année les étudiants Chinois s'installent place Tian'anmen pour protester contre l'autoritarisme du pouvoir central. L'un des premiers évènements fut l'installation d'une copie de la statue de la Liberté, en plâtre, sur la place. Ces deux exemples montrent que la statue peut être utilisée dans plusieurs buts : Mettre en avant la paix dans le monde ou revendiquer plus de liberté. Dans un cas comme dans l'autre la fonction de la statue était de faire passer un message. C'est probablement ce qu'elle fait de mieux.
Autre usage, plus pratique celui-là : La statue est une étape importante dans la visite de New-York, voire des Etats-Unis. Elle a ici une fonction touristique. Le musée que le socle contient, le belvédère du haut du socle et la statue elle-même, jusqu'à sa couronne, sont visitables. Elle alimente le flux touristique vers New-York et augmente l'offre de service pour les visiteurs. Qui plus est, de par sa position aquatique, elle met en jeu de nombreux emplois et tire ainsi l'économie de la ville vers le haut. Ce n'est certes pas le plus gros employeur de la ville mais c'est un employeur emblématique.
Les destinataires
Si l'on se pose la question des destinataires et des utilisateurs de la statue on retombe dans les mêmes cas que ceux vus précédemment : D'un point de vue symbolique, la statue est utilisée par les opprimés ou ceux qui se sentent ainsi. Il y a une prédilection pour les peuples occidentaux ou Sud-Américains, l'importance de la statue à leurs yeux est plus importante que pour des russes ou des asiatiques, qui ont leurs propres symboles de liberté dans leurs propres cultures. D'un point de vue pratique, la statue profite essentiellement aux touristes du Monde entier se donnant rendez-vous à New-York pour voir la statue.
Les répliques
L'une des répliques à Tokyo
En tant que symbole universellement reconnue la statue de la Liberté a été maintes fois copiée. On trouve des reproductions un peu partout dans le Monde. En France 31 copies ont été recensé, certaines ont un intérêt historique indéniable, comme celle qu'Auguste Bartholdi utilisa comme modèle, ou la réplique mise en place sur l'île aux cygnes, à Paris. D'autres ont une vocation décorative, comme celle de Bordeaux, de St Affrique (c'est une copie stylisée), ou de St Cyr sur mer, dorée. Enfin d'autres ne sont que de simples copies à vocation commerciale, généralement faite en matière ordinaire (plastique, résine, polystyrène). La plupart des pays du Monde ont quelques copies sur leurs territoires, avec une plus grande quantité pour les pays Européens et Américains. L'Afrique est relativement délaissée à ce sujet, il y a peu de répliques de la statue de la Liberté sur ce continent. L'Asie en possède quelques-unes (Japon / Chine / Thaïlande) Il faut citer le cas particulier des Etats-Unis, qui possèdent de loin le plus de répliques. Il y en a de plusieurs sortes. D'une part, les répliques dites "historiques", qui ont été mise en place au cours du XXe siècle pour des raisons variées. On en trouve deux, par exemple, dos à dos sur le toit d'un building new-yorkais. D'autre part les copies commerciales, récentes, sont souvent en place peu de temps et servent d'enseignes publicitaires. Enfin, et c'est un point très important à ce sujet, il faut savoir qu'en 1950 un mécène américain, un certain Whitaker, originaire du Kansas, lança une campagne nommée "Renforcer le bras de la Liberté". Elle consistait à faire fondre et installer des copies de la statue de la Liberté un peu partout sur le territoire américain. Cette campagne dura jusqu'en 1952 et c'est 200 statues qui furent fabriquées, en fer recouvert de plaques de cuivre. Elles étaient peu conformes à l'originale, avec pour caractéristique principale un visage juvénile qui les différencient beaucoup de la statue New-Yorkaise. Il en existe encore de nos jours une centaine, la plupart montée sur des piédestaux de taille variés et exposées dans des parcs ou à l'entrée des bâtiments officiels.
Les détournements
Bien évidement il fallait s'attendre à ce que la statue de la Liberté soit détournée. Si l'essor d'Internet à permit l'éclosion de nombreuses pastiches, les caricaturistes se sont toujours servis d'elle pour décrire une situation donnée, en général en rapport avec la Liberté. Il faut constater que la statue elle-même est plus vue comme un personnage à qui il arrive un évènement que comme l'objet d'un détournement proprement dit. Des revues des années 30 présentes déjà la statue dans leurs colonnes.
Plus de détails sur ses Répliques
Sentiments personnels
Difficile de donner des lignes directrices pour l'étude de la statue lorsqu'il s'agit de donner son sentiment personnel face à ce monument, tout simplement parce que si il est personnel, le sentiment ne peut être reproduit tel quel pour d'autres. Toutefois qu'il me soit permit d'écrire ici les impressions opposées qui ressortent de l'étude de la statue. La posture, le calme, la détermination de la statue me laisse plutôt perplexe. Il s'agit d'une oeuvre qui semble figée dans le temps et l'espace, dans laquelle ne ressort absolument aucun mouvement. C'est exactement le contraire du monument de la renaissance Africaine, au Sénégal, une autre statue monumentale (52m de haut), en métal, mais qui montre un dynamisme intéressant. Sa consoeur new-yorkaise fait anémique à côté. Les symboles sont plus intéressants, mais ils auraient été plus intéressants si ils étaient concentrés sur la même notion. Mélanger la Liberté, l'indépendance des Etats-Unis, l'éclaircissement d'un Monde forcément obscur tout en mettant en avant les 7 mers et 7 continents du globe, voilà qui est beaucoup pour une simple statue, aussi grande soit-elle. Autre élément étrange, pour une statue de la Liberté, celle-ci n'a qu'un seul symbole de la Liberté, à ses pieds, donc peu visible : les chaînes brisées de l'esclavage. La statue du mémorial de Niccolini, dans l'église Ste Croix de Florence, réalisée par Pio Fedi entre 1871 et 1877 est beaucoup plus expressive à ce sujet : Elle tient les chaînes de l'esclavage à la main, à la place de la torche.
Tous ces éléments négatifs n'arrivent toutefois pas à exclure la statue de la Liberté des grandes oeuvres du XIXe siècle, elle reste pour moi une oeuvre d'art exceptionnelle de grande qualité ayant un fort impact émotionnel. Mais sa vision est peut-être trop banalisée pour qu'elle provoque en moi une profonde émotion sincère.